

Depuis la crise réunionnaise en 2006, le redoutable moustique tigre, vecteur de maladies tropicales, fait bien des frayeurs à l'Europe. Entre climat de psychose et risques réels, le point sur la situation dans la péninsule ibérique
Mieux vaut ne pas se fier à sa fine taille de guêpe. Du haut de son demi-centimètre, l'Aedes albopictus est un impitoyable prédateur tout droit venu du sud de l'Asie. Sa botte secrète : une piqûre, capable de transmettre à l'homme le virus du chikungunya ou encore celui de la dengue (une centaine de cas recensés chaque année dans la Péninsule). "Il est très agressif et peut vous attaquer en plein jour et à travers vos vêtements", prévient Juan Antonio Delgado, du département de zoologie, à l'université de Murcie.
"A l'heure actuelle, il est présent dans plus de 150 villes, de Barcelone à Tarragone", indique Juan Rueda, spécialiste en contrôle biologique des moustiques, à l'université de Valence. "Il n'a jamais quitté le pays depuis qu'il a été détecté en 2004 à San Cugat del vallès [Catalogne]. C'est un insecte qui se déplace peu, mais que l'on pourrait bien retrouver à Benicassim [Castille], lors du festival musical international [du 14 au 17 juillet]". En voiture ou en avion, le moustique tigre a donc de fortes raisons de s'inviter de façon inopinée dans les valises des touristes attendus cet été dans la région. Qui plus est, sa présence et sa propagation via la côte méditerranéenne ont récemment été confirmées par la Société espagnole d'entomologie.
Les faveurs de la météo
"Les deux paramètres qui pourraient participer à sa dispersion sont l'humidité et la température", assure Juan Rueda. "Dans le nord de l'Espagne, il y a beaucoup d'humidité et peu de chaleur. Mais les bouleversements climatiques [combinés à un hiver particulièrement pluvieux, ndlr] peuvent changer la donne. Il est donc temps que les scientifiques s'interrogent sur sa présence dans d'autres régions".
En Catalogne, une campagne de démoustication a commencé fin mars. Objectifs : limiter l'éclosion des larves des 40 espèces de moustiques présentes dans la zone, mais aussi contrôler l'évolution du plus médiatisé d'entre tous. Il en va à la fois de la prochaine saison estivale et de l'image des plages de la Costa Brava à la Costa Blanca.
A l'université de Murcie, un programme pour mesurer la présence du moustique tigre est en cours. "Nous cherchons à percer les mécanismes qui font que les spécimens adultes, qui volent peu et voyagent plutôt via l'homme, passent d'une ville à l'autre", détaille Juan Antonio Delgado. Autre acteur sans qui l'erradiction demeure imposible : la population, vivement encouragée à éliminer toute eau stagnante.
Mathilde BAZIN (www.lepetitjournal.com – Espagne) Mardi 26 avril 2011







