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ALEXANDRE DIEGO GARY – "Ecrire me libère et me donne une raison de respirer"

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 23 avril 2015, mis à jour le 17 avril 2024

Six ans après la sortie de "S. ou l'espérance de vie", Alexandre Diego Gary présente son second roman, "Monsieur", écrit dans un tout autre registre. Un livre drôle avant tout, dans lequel l'auteur, trop souvent réduit au simple statut d'enfant unique de Romain Gary et de Jean Seberg, aborde la solitude et l'amour. Portrait d'un écrivain qui réside à Barcelone depuis 15 ans.

(Photo lepetitjournal.com)

Dans cet ouvrage, le narrateur se livre sans retenue à son voisin de banc, dans un parc public. C'est "l'histoire d'une transformation écrite de façon burlesque. Une transformation par amour et aussi par le désir -que j'ai connu- d'altération complète, ce désir d'échapper à soi même, à ce que l'on a toujours été, de devenir un autre", explique Alexandre Diego Gary à propos de son roman. Le personnage principal de "Monsieur" cherche avant tout à aimer et à être aimé. Sa solitude et sa quête d'amour deviendront si fortes qu'elles le pousseront à "toutes les transformations, même les plus absurdes". La transformation du personnage se fera grâce à une prise de conscience sur sa petite vie bourgeoise et ordonnée. Le livre parle d'amour, mais surtout de solitude et de la souffrance du personnage dans cette solitude.

Un style différent des livres actuels
Ce qui a d'ailleurs séduit son éditeur (Gallimard), c'est la manière d'aborder cette recherche d'affection à l'excès : il semblerait que le roman ait, dans la description de la solitude par Alexandre Diego Gary, un petit côté "Gros Câlin", cette fable humoristique publiée par son père sous le pseudonyme d'Emile Ajar.
L'auteur confie avoir écrit le livre d'un trait, en un mois et demi à peine. Ce n'est pas le genre de livre qu'il écrit d'habitude, comme il le confie lui même : "C'est quelque chose de burlesque, de très différent de mon premier livre". Le style de Gary s'illustre dans un registre d'écriture plus classique que les sorties littéraires actuelles, "même s'il y a pas mal de vulgarité dans ce bouquin!".

L'écriture comme libération
Alexandre Diego Gary est un grand timide. Il le reconnaît lui-même, l'écriture est un jeu de cache cache, un jeu de métamorphoses qu'il utilise comme un exutoire, un exercice de libération. "J'ai besoin d'écrire, c'est vital", explique-t-il, "ça me libère et ça me donne une raison de respirer".
Lors de la sortie de son premier roman, l'auteur a dû faire face à une célébrité soudaine, attirant commentaires et curiosité (parfois malsaine). Néanmoins, il reconnaît avoir reçu des courriers merveilleux à propos du premier livre. "Le genre de courrier qui me font dire que je l'ai pas écrit pour rien", explique-t-il. "Je suis très heureux, toujours surpris, et extrêmement reconnaissant envers chacun de mes lecteurs. Je suis si étonné et honoré que quelqu'un puisse s'intéresser à mon aventure d'écriture !"

Comment travaille l'artiste ?
Alexandre Diego Gary a la chance d'avoir trouvé l'endroit qui lui offre la sérénité et l'inspiration pour écrire. A Minorque, dans les îles Baléares, dans une petite maison qui est aujourd'hui son refuge d'écrivain. "J'y suis très bien pour écrire", confie-t-il, "c'est mon paradis".
Pour l'organisation de son travail d'écriture, l'auteur reconnaît jeter des idées sur des bouts de papiers, pour généralement les perdre ou s'y perdre. "J'ai plein de truc en cours, de textes, des feuilles? j'appelle ça psicosis bleu azul en hommage au ciel de Barcelone !". Cet afflux d'idées débouchera sur des projets hétéroclites. Et aucun livre que l'auteur sera amené à écrire, ne ressemblera au précédent. "Ce sont des registres différents, des manières d'écrire différentes".

15 ans de vie d'expatrié
Alexandre Diego Gary vit depuis 15 ans à Barcelone. Lui qui explique être venu y vivre à cause d'un chagrin d'amour, a prit goût aux charmes de la ville et y est finalement resté. Certains passages de son premier roman "S. ou l'espérance de vie" sont mis en scène dans la capitale catalane. De plus, l'auteur espère sortir un livre sur lequel il travaille et qui lui tient à c?ur, dont l'histoire se déroule à Barcelone.
Cependant, l'écrivain se laisse porter par la vie et son lot d'émotions. Il souhaite entamer une nouvelle page de son histoire, et envisage de rentrer en France en fin d'année. Bien qu'il ait pu "rencontrer des personnes extraordinaires ici", Gary explique également que son passage à Barcelone a été très solitaire, et qu'il est temps pour lui de rentrer à Paris où il est entouré d'amis.

Barcelone, un magnifique cadre de vie mais des mentalités endormies
L'auteur gardera en souvenir tout ce que la ville de Barcelone peut apporter : "La mer, la montagne, le climat, les gens cools et sympas. C'est dans certains aspects la ville idéale".
Cependant d'autres aspects de la vie locale ne l'ont pas convaincu : "les Catalans sont un peu froids, c'est difficile lorsque l'on vient de l'extérieur". Il regrette en même temps les difficultés rencontrées aujourd'hui par les locaux : "Je trouve que ces dernières années, avec le taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes, les scandales quotidiens, s'il n'y avait eu le souvenir de la guerre civile et si l'on n'avait pas littéralement hypnotisé les esprits avec le foot, il y aurait pu y avoir une vraie révolution".

"On devrait célébrer Sant Jordi partout"
Après tant d'années passées à Barcelone, l'écrivain a eu le temps de se familiariser avec les coutumes locales, et il y a une fête qu'il ne manquerait pour rien au monde : "J'adore Sant Jordi je trouve ça génial ! C'est la plus belle de Barcelone, c?est émouvant, et c'est fantastique pour le livre", s'exclame l'auteur au sujet de la fête locale.
Cette année c'est de l'autre côté de la barrière qu'Alexandre Diego Gary se situe : il était présent hier à la librairie Jaimes, pour rencontrer ses lecteurs français ou francophones à Barcelone, pour signer son nouveau livre et pour échanger avec le public.

Ses coups de c?ur ? "Des vieux trucs"
Que lit Alexandre Diego Gary, et quelles ?uvres l'ont inspiré ? L'auteur explique lire "des vieux trucs". Parmi ces coup de c?ur, il citera "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier", de Stig Dagerman, "La chute" de Camus, ou encore les ?uvres de Fernando Pessoa. Dans un registre plus récent, il dit avoir été très impressionné par le travail de l'écrivain Jérôme Ferrari (prix Goncourt 2012).
Mais les ouvrages qui ont le plus marqué la réalisation artistique d'Alexandre Diego Gary ne sont ni plus ni moins? les livres de son père, Romain Gary. "Les livres de mon père m'ont complètement façonné et ont marqué ma façon de penser", dit-il. Le premier livre qu'il lut de son père est Adieu Gary Cooper, "qui m'a beaucoup fait rire". Lorsqu'on lui demande si son père lui avait donné un conseil sur le métier d'écrivain lorsqu'il était enfant, la réponse porte à sourire : "Il disait que c'était un métier très dur et solitaire et il me le déconseillait".

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Edition Espagne) Vendredi 24 avril 2015
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Publié le 23 avril 2015, mis à jour le 17 avril 2024

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