Alors que les débats sur la légalisation du cannabis sont un sujet de plus en plus actuel, la consommation de drogues augmente en Espagne. État des lieux de la prise de substances illicites dans la péninsule.
(photo domaine public)Dans son étude Alcool, tabac et drogues illégales en Espagne publiée en 2015, la délégation du gouvernement pour le plan national sur les drogues a élaboré un portrait rapide des principales données au sujet de la consommation de drogues dans la péninsule. On s'aperçoit que de manière générale, la consommation de drogue a augmenté en Espagne, mais qu'elle se concentre essentiellement sur les produits vendus en pharmacie, à savoir les tranquillisants, les somnifères ou encore les substances hypnotisantes. En effet, entre 2007 et 2013, on remarque que la consommation de somnifères a augmenté de 181,82%, celle des tranquillisants de 126,92% et celle de cannabis de 18,75%. À l'inverse, la consommation d'alcool, qui reste encore la consommation quotidienne la plus importante de toutes les drogues, a diminué de 3,92%. En Europe, l'Espagne fait partie du top 5 des pays où l'on consomme le plus de drogues puisque 31,3% de la population adopte ce comportement. Elle se situe derrière la France qui arrive en première position (41,1%), le Danemark (36%), le Royaume-Uni (34,7%) et l'Italie (32,7%). Au sein de la péninsule, c'est aux Baléares et en Catalogne que la consommation est la plus forte avec respectivement 10,7% et 8,9% de la population; à l'inverse, les Asturies et la Castille-et León font parties des zones où la consommation est la plus faible (3,3 et 3,2%).
Des disparités selon le sexe et l'âge
Toutes les personnes consommatrices ne consomment pas le même type, la même quantité de drogues, ni ne le font à la même fréquence. On remarque ainsi que les adultes consomment essentiellement des drogues qui leur sont prescrites expliquant la croissance sans précédent de la consommation des tranquillisants ou encore des somnifères. En revanche, les adolescents et les jeunes sont plus attirés par le fait de braver l'interdit et tester de nouvelles drogues, notamment le cannabis ou encore des substances psycho-actives. Ainsi, les 15-34 ans sont plus nombreux à se tourner vers le cannabis (12,2%) que les 35-64 ans qui ne sont que 3,3%. Que ce soit les adultes comme les adolescents, les substances les plus consommées restent l'alcool (64,4% des adultes au cours des trente derniers jours, 68,2% des adolescents) et le tabac. Des disparités sont aussi visibles au niveau des sexes puisque les hommes consomment plus de drogues comme le tabac (41,7% contre 34,8%), le cannabis (9,8% contre 3,4%), l'extasie, la cocaïne ou l'héroïne que les femmes, qui se tournent elles plus vers les tranquillisants (10,4% contre 5,1%) ou les somnifères. Les femmes de plus de 45 ans sont aussi deux fois plus nombreuses que les hommes à consommer ce genre de produits.
La préoccupation du cannabis
Si l'Espagne est un des pays européens où la consommation de drogues est la plus importante, elle est également dans le haut du classement concernant celle du cannabis. Même si ce n'est pas une cause directe de décès, ni la drogue ayant les effets les plus néfastes sur la santé, sa forte consommation reste un problème qu'il faut prendre en charge. C'est notamment chez les adolescents (13-18 ans) qu'elle est particulièrement importante puisqu'il est quotidiennement plus consommé que l'alcool (1,7% des adolescents fument tous les jours). De plus, même si 70% du cannabis est intercepté par la police espagnole, on dénombre de plus en plus de plantations sur le territoire espagnol, notamment dans la région de Murcie.
Les nouvelles tendances
L'Espagne fait aussi partie des leaders européens concernant la consommation de cocaïne, en tant que principale porte d'entrée des pays producteurs d'Amérique Latine. Même si la consommation a fortement diminué entre 2005 et 2013 (baisse de 31%), l'Espagne reste à la première place des pays européens concernant la consommation de cocaïne au cours du dernier mois. Il faut également rappeler qu'une partie des accidents de la route impliquant le décès de chauffeurs routiers sous substance illicite est due à la consommation de cocaïne. Autre point inquiétant, de nouvelles substances illicites font leur apparition: nexus, speed. Si 57% de la population n'ont encore jamais entendu parlé de ces produits, ils sont pourtant faciles à trouver car on peut les acheter sur Internet ou les produire facilement. Ils restent encore minoritaire, à l'exception des champignons hallucinogènes, mais sont un point sur lequel l'Espagne devra rester vigilante dans le futur. On remarque également que même si l'âge moyen de début de consommation du tabac se situe à 16 ans et celui du cannabis autour de 18 ans, les adolescents commencent à recourir à ce type de substances de plus en plus tôt. En effet, 18,6% des adolescents fument aujourd'hui et ils sont 23,4% en Catalogne. De même, un quart d'entres-eux ont déjà testé au moins une fois le cannabis. Enfin, la forte consommation d'alcool est aussi un aspect qui inquiète les spécialistes.
Décrocher d'une addiction: à qui s'adresser?
Pour se débarrasser d'une addiction, la volonté prime. Toutefois, il est possible et même conseillé de s'appuyer sur des associations ou des professionnels pour faciliter et encadrer la désintoxication. Concernant les traitements de désintoxication, l'alcool est le premier des cas traités (35,5%), suivi de la cocaïne (24,6%) puis du cannabis (21%). Dans le cadre du Plan national sur les drogues, le gouvernement a mis en place le centre d'assistance addictions permettant d'obtenir des conseils ou encore la localisation des centres les plus proches de chez-vous. Retrouvez ce plan ici. Vous pouvez aussi vous tourner vers des associations comme la Fondation d'aide contre la drogue-addiction qui met à disposition deux numéros de téléphone. Le premier, 900 16 15 15, est un service d'information gratuit, confidentiel et anonyme ouvert du lundi au vendredi de 9 heures à 21 heures pour aider les personnes souffrant d'addictions. Le second est destiné aux familles des malades, 900 22 22 29, et permet d'obtenir des conseils pour savoir comment régir et assister la personne souffrant d'addiction. De même, la Fondation Manantiales, dont le siège est situé en Argentine et en Uruguay mais qui dispose d'une équipe en Espagne, a permis la récupération et le traitement de 5.000 personnes. Elle prend en charge toutes les étapes: prévention, diagnostique, traitement et récupération des malades.
Clémentine COUZI (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 2 mars 2017
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