Les nouvelles technologies ont transformé et amélioré notre quotidien, et ont profondément changé notre utilisation du téléphone portable. Comme toute les évolutions, le smartphone engendre des dérives comportementales : de nombreux utilisateurs, avec les Espagnols à leur tête, sont devenus de véritables "accros" du mobile.
(photo domaine public) Dans la rue, en marchant, dans le métro, en voiture, et même en scooter, certains ne peuvent pas cesser de regarder ou d'utiliser leur smartphone toutes les cinq minutes, que ce soit pour rechercher une information sur internet, pour lire un message ou jouer à un jeu. Le smartphone s'est imposé dans notre société comme un réflexe : les utilisateurs se tournent automatiquement vers l'objet lorsqu'ils ont un moment de libre à attendre ou à combler. Des comportements qui deviennent de plus en plus plus préoccupants pour la santé des usagers selon les spécialistes, qui alertent tout particulièrement sur l'addiction des jeunes. En effet, selon la dernière enquête de l'agence de statistiques (INE) sur les équipements électroniques, la moitié des jeunes âgés de 12 ans possèdent déjà un mobile, et la proportion s'élève à près de 94% pour ceux âgés de 15 ans.
Pas de connexion : attention angoisses!
L'invasion des nouvelles technologies dans notre vie quotidienne a fait apparaitre de nouveaux types d'angoisses pour les usagers. En Europe, les Espagnols sont particulièrement concernés ; l'Espagne est en effet le pays où les smartphones ont le taux de pénétration le plus important, c'est à dire un pays où la très grande majorité de la population possède un smartphone minimum. L'entreprise de voyage lastminute.com réalisé en fin d'année une étude sur les angoisses des Espagnols lorsqu'ils voyagent ; les résultats sont particulièrement révélateurs du poids du smartphone dans la vie de la population. Si les principales peurs des Espagnols en voyage sont les araignées ou être en hauteur, 12% d'entre eux sont pris d'angoisses à l'idée d'être déconnectés d'internet durant leur séjour, et 7% d'entre eux (15% pour les moins de 35 ans) ont "peur de manquer quelque chose", une pathologie de plus en plus courante. L'étude révèle que les Espagnols sont les Européens qui présentent la plus forte addiction au mobile, puisqu'ils sont près d'un quart (21%) à paniquer à l'idée de perdre leur téléphone portable, contre seulement 9% des Britanniques et 15% des Français.
75% des Espagnols assurent ne pas pouvoir vivre sans smartphone
Une enquête sur l'usage du téléphone mobile menée auprès de la population par l'entreprise Rastreator révèle la dépendance moderne au téléphone portable dans la vie quotidienne, non seulement en vacances. Selon les réponses des personnes interrogées, plus de la moitié des Espagnols (56%) utilise activement le téléphone portable au moins trois heures par jour ; l'utilisation quotidienne moyenne est de quatre heures et vingt-quatre minutes. Cependant, près d'un quart de la population passe plus de cinq heures sur son smartphone chaque jour. Les trois quart des Espagnols assurent qu'il ne pourraient pas vivre sans smartphone lorsqu'on leur pose la question. Les personnes les plus plus "accros" seraient 39,5% à consulter leur téléphone plus de dix fois par heure ; 12,9% des interrogés consultent même leurs téléphones plus de vingt fois par heure. Les femmes et les jeunes de moins de 24 ans semblent être les usagers les plus actifs.
Des pathologies répertoriées
Les troubles du comportement liés à l'usage excessif du téléphone mobile sont désormais bien connus des psychanalystes qui ont identifié et classifié diverses pathologies qui représentent un réel frein pour le bien-être de l'usager. Peut-être que certains se reconnaitront dans ces descriptions :
La nomophobie (nomofobia en espagnol) est la peur panique à être séparé de son smartphone (ou encore à se retrouver sans batterie ou sans réseau).
Le phubbing est un terme qui désigne le fait qu'une personne ignore totalement son entourage en consultant son téléphone au lieu d'échanger avec les autres. C'est probablement la dérive de l'utilisation du smartphone qui a le plus de conséquences sur la vie sociale et les liens avec les autres.
Le syndrome des vibrations fantômes, également appelé vibranxiety ou ringxiety, est une étrange réaction vécue par des personnes qui ont presque tout le temps l'impression que leur téléphone vibre ou sonne même lorsque ce n'est pas le cas, ce qui les pousse à consulter leurs écrans très fréquemment.
Apparue plus récemment, la selfite (selfititis en espagnol) correspond aux personnes qui ont le désir obsessionnel et compulsif de prendre des photos d'elles-même et de les poster sur les réseaux sociaux. Ce comportement a récemment été référencé comme un trouble mental par l'association américaine de psychiatrie, dont les analystes considèrent que ces agissements narcissiques cachent un manque d'estime de soi ou un manque affectif.
Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 26 janvier 2017
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