Restaurateur à Bangkok, Jackie Cellier a été arrêté le 2 juin au bureau de l’immigration de Suan Plu alors qu’il venait renouveler son visa. Les autorités l’accusent d’avoir utilisé un faux avec la complicité d’un cabinet conseil français. Le quinquagénaire est depuis le 4 juin en détention à la maison d’arrêt de Klong Prem. Il clame son innocence et dit avoir été trompé
Jackie Cellier était venu vivre en Thaïlande pour y couler de beaux jours et ouvrir le restaurant de ses rêves, le "Vickie l’Amour", sur Ngam Duplee. Il vit depuis deux semaines un vrai cauchemar, emprisonné dans la prison de Bangkok pour une histoire de faux visa pour laquelle il se dit innocent.
Alors qu’il se présente au bureau de l’immigration de Suan Plu le 2 juin pour le simple renouvellement de son visa non-Immigrant B, la police interpelle Jackie Cellier et le place en garde à vue pour le motif que son visa est faux. Après 48 heures passées dans une cellule à Suan Plu, le quinquagénaire est transféré à la prison de Klong Prem où il se trouve toujours en attente de jugement. Trois demandes de libération sous caution ont été rejetées par le tribunal.
Ce professionnel du spectacle de cabaret, présenté comme un personnage sensible, intègre et courtois, clame son innocence et renvoie la responsabilité vers le cabinet Axiom Smart Services Co,. Ltd, cabinet de consultance juridique et comptable, spécialiste en traduction et procédure de visa situé à Pattaya, auquel il dit avoir confié son passeport pour obtenir ce visa.
38 dans la même cellule
Nous avons brièvement rencontré Jackie Cellier, mardi, à la prison de Klong Prem en compagnie de son ami Bruno Ménard, restaurateur à Pattaya, qui se démène sans relâche depuis le début de l’affaire pour le soutenir et l’aider.
"Vous vous rendez compte, nous dit Jackie Cellier, j’ai toujours payé mes impôts, les taxes, tout a toujours été clair, et me voilà ici aujourd’hui. Il qualifie les conditions de sa détention à Klong Prem, appelée ironiquement le Bangkok Hilton, de "cauchemar". "Hier, nous étions 38 dans la même cellule", soupire-t-il.
"La police dit que c’est fifty-fifty (i.e. complicité avec le cabinet Axiom Smart Services Co,. Ltd), nous confie Jackie Cellier. Mais lorsque Jean-Baptiste Fournier [directeur Axiom Smart Services Co,. Ltd] m’a proposé une solution pour 22.000 bahts afin de m’éviter d’avoir à sortir du territoire pour faire mon visa Non-Immigrant B, il ne m’a jamais parlé de faire un faux visa".
Selon l’officier de police chargé de l’enquête, M. Suphranimit, le passeport de Jackie Cellier n’aurait jamais pu passer le moindre poste d’immigration car il manque le tampon de sortie du territoire ainsi que le document de départ du territoire en principe attaché (Departure card). Le policier enquête actuellement sur le cabinet Axiom Smart Services Co,. Ltd avec le concours de la police de Chonburi.
L’officier de l’immigration, M. Suphranimit montre le passeport de Jackie Cellier sur lequel manquent le tampon de sortie du territoire thaïlandais ainsi que la carte de départ numérotée, ce qui tend, selon les autorités, à prouver la falsification du visa (Photo Pierre QUEFFELEC)
Entre 1 et 10 ans de prison
Pour Bruno Ménard, "il incombe à Jean Baptiste Fournier, qu’il ait été au courant ou non [de la fraude, ndlr], de disculper Jackie Cellier, puisqu’il n’y est pour rien. Si Jackie avait été au courant que son visa était faux, il ne se serait pas présenté ainsi de sa bonne volonté à l’immigration, s’exclame-t-il. Le 7 juin, Jean-Baptiste Fournier m’a assuré qu’il me fournirait les documents nécessaires pour dégager Jackie de toute responsabilité. Mais nous n’avons toujours rien et la communication est rompue, s’indigne Bruno Ménard".
Après plusieurs tentatives depuis mardi, nous sommes entrés hier en contact avec Jean-Baptiste Fournier qui n’a pas souhaité s’exprimer par téléphone sur cette délicate affaire. Il nous a toutefois proposé de nous rencontrer ces jours-ci pour nous donner son éclairage. Nous apporterons de nouveaux éléments dans une prochaine édition.
Jackie Cellier risque entre 1 et 10 ans de prison et de 20.000 à 200.000 bahts d’amende. Son affaire doit repasser devant le tribunal le 26 juin. L'artiste-restaurateur veut garder espoir, il a demandé à son ami Bruno Ménard de rouvrir le restaurant, fermé depuis le 2 juin. Selon ce dernier, Vickie l’Amour devrait rouvrir mercredi prochain.
Pierre QUEFFELEC (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 18 juin 2009
Voir aussi le site Internet du restaurant Vickie l’Amour http://vickielamour.blogspot.com/
Pour prendre des nouvelles de Jackie Cellier ou lui envoyer un message de soutien bmenard@hotmail.fr
Chronologie des faits
Jackie Cellier est résident en Thaïlande depuis plusieurs années. Passionné de cabaret et de restauration, il se décide il y a quelques mois à réaliser son rêve qui est d’ouvrir à Bangkok un restaurant show-room. L'endroit est situé soi Ngam Duplee près de Rama 4 : le "Vickie L’Amour". Pour effectuer toutes les formalités nécessaires, il s’en remet à Jean Baptiste Fournier, du cabinet Axiom Smart Services Co,. Ltd, un cabinet de consultance juridique et comptable, spécialiste en traduction et procédure de visa situé à Pattaya.
Cet ancien artiste de cabaret d’une cinquantaine d’années vivait jusque là sous un visa retraité, obtenu selon lui avec l’aide d’Axiom Smart Services. Dans la perspective de l’ouverture du restaurant, Jean-Baptiste Fournier lui aurait alors conseillé de changer son visa de retraité pour un Non-Immigrant B, en vue d’obtenir un permis de travail. Mais pour cela, il faut en principe sortir du pays et faire une demande de visa auprès d’un consulat thaïlandais. Cherchant à s’éviter cette peine, Jackie Cellier aurait alors demandé à Jean-Baptiste Fournier s’il existait une solution pour ne pas avoir à sortir du territoire. Selon Jackie Cellier, Jean-Baptiste Fournier, lui aurait répondu par l’affirmative.
Jackie Cellier affirme avoir confié en toute confiance durant 12 jours son passeport au cabinet Axiom Smart Services, afin que ce dernier puisse effectuer les démarches pour le visa Non-Immigrant B. Selon Bruno Ménard, le paiement du service aurait été effectué par un ami de Jackie Cellier, qui n’a apparemment perçu ni facture, ni reçu.
Début mars, Jackie Cellier reprend possession de son passeport avec un visa Non-Immigrant B de trois mois tamponné du 6 mars et valable jusqu’au 4 juin, sans se douter qu'il s'agit d'un faux.
Le 2 juin en fin de matinée, Jackie Cellier se présente au service de l’immigration afin de procéder au renouvellement de ce visa. C’est alors qu’il apprend que le visa est faux. Il est interpellé par la police de l’immigration et est aussitôt placé en garde à vue dans l’attente de l’instruction de l’enquête.
Le 3 juin, Bruno Ménard informe l’ambassade de France de la situation de Jackie Cellier. Selon lui, les services sociaux lui confirment qu’ils ne peuvent pas intervenir dans cette affaire, mais peuvent toutefois obtenir des renseignements sur le dossier et lui font parvenir une liste d’avocats sur Bangkok.
Le 4 juin à 11 heures Jackie Cellier est présenté devant la cour de justice. Une première demande de libération sous caution est rejetée, toujours selon Bruno Ménard. Le lendemain, assistés du cabinet Vovan, les amis de Jackie Cellier se voient refuser une deuxième demande.
Le samedi 6 juin, Bruno Ménard téléphone à l’ambassade de France afin d’attirer l’attention sur l’état de santé de Jackie Cellier, qui nécessite, selon lui, un traitement médical régulier et journalier. Le service de l’ambassade répond qu’il ne pourra intervenir que le lundi.
Aucun agent de l’ambassade n’a effectué pour l’heure de visite auprès de Jackie Cellier, nous a indiqué mardi par téléphone la Consul Sophie Renaud, qui nous a cependant assuré que le consulat faisait le nécessaire pour apporter son soutien dans la mesure de ses possibilités. Hier, Bruno Ménard nous confirmait que l’ambassade avait appelé deux fois à la prison de Klong Prem pour obtenir que Jackie Cellier bénéficie de la médication nécessaire à son état de santé. Son enregistrement sur les listes consulaires a également été effectué, selon Bruno Ménard, ce qui devrait lui permettre de refaire un nouveau passeport.
Pierre QUEFFELEC (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 18 juin 2009
Axiom Smart Services, se présente comme un cabinet juridique et comptable, service traduction, assistance visa, mariage et formalités administratives regroupée sous la bannière Axiom Group avec une autre entité nommée Axiom Smart Properties, agence immobilière et cabinet d’assurances. Selon Gilles Tabellion, directeur d’Axiom Smart Properties, les deux sociétés sont indépendantes l’une de l’autre.