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Un détenu thaïlandais exécuté avant la visite de Prayuth en France

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Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 juin 2018

La Thaïlande a exécuté un condamné à mort pour la première fois depuis 2009, suscitant mardi une volée de critiques tombant au plus mal pour le chef de la junte, à la veille d'une visite inédite à Londres et Paris.

Sous les objectifs des médias thaïlandais, les officiers de la prison de Bang Kwang ont installé Theerasak Longji sur une table avant de lui injecter une solution létale montre une photo du Bangkok Post. Condamné à mort pour le meurtre d’un jeune homme de 17 ans, ce prisonnier de 26 ans est le premier exécuté depuis 2009.

En juillet 2012, motivé par le vol d’un téléphone et d’argent, Theerasak Longji, alors 20 ans, avait poignardé à 24 reprises un jeune homme dans une rue de Trang. Après des années de procédure, la cour d’appel et la cour suprême de Thaïlande ont retenu la condamnation à mort. 

“C’est une violation déplorable du droit à la vie”, a critiqué mardi Amnesty International dans un communiqué, accusant le royaume de "renier" son engagement à avancer vers l'abolition de la peine de mort. 

Dans la même lignée, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) a déclaré : "Nous condamnons avec force la reprise de la peine de mort par la Thaïlande.

L'exécution d'aujourd'hui est inexplicable, injustifiée, et contredit les nombreux engagements de la Thaïlande au niveau international". 

Selon les chiffres fournis par le ministère thaïlandais de la Justice à Amnesty International, 510 personnes, dont 94 femmes, se trouvaient dans le couloir de la mort à la fin de l'année dernière.

Depuis 1935, 325 condamnés ont exécutés en Thaïlande, dont 319 au peloton d'exécution. En 2003, la Thaïlande a opté pour les injections létales et ralenti fortement le rythme.

Seuls six condamnés ont été exécutés entre 2003 et 2009 dans le royaume.

"La Thaïlande était sur le point de passer le cap des dix ans sans exécutions, en 2019, et Amnesty International s'apprêtait à reclassifier le pays comme +de facto abolitionniste+ de la peine de mort", précise l'ONG internationale, déplorant "un sérieux retour en arrière" avec cette exécution.

Un total de 106 pays ont aboli la peine de mort à travers le monde et 142 autres sont "de facto abolitionnistes", conservant la peine de mort dans leur législation mais sans l'appliquer, les peines étant de facto commues en prison à vie, selon Amnesty.

"La peine de mort est encore en vigueur, nous ne l'avons pas encore supprimée" même si aucune exécution capitale n'avait eu lieu depuis 2009, a justifié Tawatchai Thaikaew, haut-responsable du ministère de la Justice interrogé mardi par l'AFP, ajoutant que l'exécution lundi a été effectuée "conformément à la loi" thaïlandaise.

En réponse à l’exécution de lundi, une dizaine de personnes se sont réunies mardi devant la prison de Bang Kwang à Nonthaburi où a eu lieu l’exécution, brandissant des pancartes disant "Exécuter la justice, pas les gens" et "Choisir l'humanité, pas la barbarie".

Une "leçon pour dissuader ceux qui voulaient commettre un crime grave"

L'exécution de lundi sert de "leçon pour dissuader ceux qui voulaient commettre un crime grave", a ajouté le ministère de la Justice thaïlandaise dans un communiqué.

Le royaume est dirigé par une junte militaire, arrivée au pouvoir par un coup d'Etat en 2014 et très critiquée pour son bilan des droits de l'homme: procès pour lèse-majesté, opposants poussés à l'exil pour échapper à des poursuites jugées politiques...

Le bureau des Droits de l’Homme de l’ONU a fait savoir qu’il "regrettait profondément" la reprise des exécutions.

Mais Prayuth Chan-O-Chan, le meneur du coup d'État devenu Premier ministre, a défendu la peine de mort, mardi, devant la presse, soulignant que pour maintenir la paix et l’ordre dans la société, les exécutions sont "toujours une nécessité et c’est ce que veulent les gens". 

Cette reprise des exécutions lundi est éminemment symbolique alors que le chef de la junte, le général Prayuth Chan-O-Cha, rencontre Theresa May à Londres mercredi, puis Emmanuel Macron à Paris lundi prochain.

Après avoir été invité à la Maison-Blanche par Donald Trump dès 2017 tandis que les Européens continuaient de bouder celui qui a été en première ligne du coup d'Etat, le général Prayuth comptait sur ces visites en Europe pour soigner son image de politicien respectable, à l'approche d'élections, sans cesse repoussées, et désormais promises pour février 2019.

Amnesty International a appelé mardi "la communauté internationale, notamment les gouvernements français et britannique, à utiliser tous les moyens diplomatiques pour faire cesser les exécutions".

"L'espoir des autorités thaïlandaises que cette approche permettra de réduire la criminalité est profondément erroné", argumente de son côté Amnesty International.

En Thaïlande, la surpopulation carcérale est importante, notamment en raison d'une législation anti-drogue très dure, plongeant pour de longues années de prison les petits trafiquants, parmi lesquels de nombreuses femmes.

Le système légal thaïlandais est régulièrement critiqué pour favoriser les gens riches et bien connectés tout en étant particulièrement lent et sévère pour les accusés de petite condition.

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