En se faisant passer pour un chef de la police, un chauffeur de taxi thaïlandais a eu l’idée de soutirer de l’argent à des agents de police sur les réseaux sociaux. Par cette manigance, il a mis en lumière, bien malgré lui, des pratiques de corruption au sein de la police pour obtenir des promotions.
Six policiers thaïlandais ont versé l’équivalent d’environ 110.000€ contre de fausses promesses de promotion après avoir été dupés par le faux profil d’un haut responsable de la police, le major général Surachate Hakparn. Derrière l’escroquerie, un chauffeur de taxi qui avait utilisé l’image du général pour créer un faux profil sur le réseau social Line, l’une des plateformes les plus utilisées en Thaïlande.
Cette histoire révèle une culture de corruption au sein des forces de l’ordre en Thaïlande. Surachate est le deuxième plus haut responsable de la police touristique thaïlandaise, surnommé "Big Joke", qui renvoie davantage à son grade hiérarchique que son sens de l’humour.
Un officier qui avait payé plus de 26.000€ à cette arnaque en 2016 avait été, par coïncidence, promu quelques temps plus tard, a raconté Surachate à l’AFP, renforçant la crédibilité de la ruse pour une autre année.
«C’est une demande complètement fausse. Depuis que j’ai entendu parler de cette arnaque en 2016 je suis en colère de ne pas avoir pu attraper l’usurpateur», affirmait-il à l’AFP.
Les autres pots-de-vin sont compris entre 2.500 et 55.000€, affirme Surachate. «Les arnaques de genre sont monnaie courante dans la police mais, ce qui est étrange cette fois-ci, c’est que des hauts gradés ont été attrapés», a-t-il ajouté.
Les six policiers risquent des accusations criminelles et disciplinaires, confirme Surachate. "Afin de donner l'exemple, ils seront mis en examen. La police doit travailler pour le public et il ne devrait pas y avoir de corruption liée aux nominations", a-t-il assuré à l’AFP ;
La police, qui compte environ 200.000 hommes, est influente dans la société thaïlandaise très hiérarchisée. Les hauts gradés opèrent des réseaux complexes de patronage et siègent à de nombreux conseils d’influence comme les comités publics et d’entreprises privées, faisant ainsi la promotion d’alliés et reléguant leurs rivaux.
La police est notamment accusée régulièrement de monnayer sa protection, des bars de nuit aux marchands ambulants.
Le dernier chef de la police avait déclaré que la valeur de ses actifs s’élevait à 11 millions d’euros. Aujourd’hui, il dirige l’association nationale de football.
Pourtant, les premiers rangs dans les grades de la police sont mal payés, leurs revenus de départ s’élevant à 400€ en moyenne par mois.
La police fait souvent l’objet de moquerie de la part des Thaïlandais étant alertes à la corruption présente dans les rangs et les transactions de "Tea money" pour que les forces de l’ordre évitent d’intervenir dans des infractions mineures.
La junte militaire, au pouvoir, a tenté de freiner la culture de la corruption dans la police, mais cette dernière ne poursuit que rarement les allégations portées au sein de l’armée.