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Panyaden: le cursus britannique empreint d’écologie et de bouddhisme

Ecole internationale ecologie et bouddhismeEcole internationale ecologie et bouddhisme
courtoisie Panyaden -
Écrit par Régis LEVY
Publié le 31 octobre 2018, mis à jour le 19 juin 2020

A 15 kilomètres de Chiang Mai, l’école internationale Panyaden propose, en plus d’un enseignement académique, un cadre pédagogique empreint de bouddhisme et d’écologie pour aider les enfants à développer le meilleur d’eux-mêmes.

Si la Thaïlande s’est dotée d’un système éducatif généralement très formaté, privilégiant souvent l’apprentissage par cœur par rapport au développement d’un esprit critique, elle autorise l’éclosion d’établissements scolaires offrant des approches différentes de l’enseignement. En associant valeurs du bouddhisme et vertus de l’écologie au programme scolaire britannique, l’école internationale Panyaden constitue une alternative particulièrement originale et loin d’être farfelue.

La construction même de l’école, qui s’intègre à merveille dans un environnement d’arbres et de rizières à 15 km de Chiang Mai, traduit une haute exigence écologique avec des structures remarquables qui répondent tout autant au besoin de fonctionnalité. Et pour cause, les fondateurs, Yodphet Sudsawad et Markus Roselieb, ont développé en parallèle de l’école et dans le même esprit une entreprise de construction de maisons et autres structures de vie à partir du bambou, Chiangmai Life Construction, qui fut le maître d’œuvre du chantier de Panyaden.

Afin de laisser l’empreinte carbone la plus faible possible tout en offrant aux enfants un cadre paisible pour leur développement, les bâtiments se composent de terre battue pour les murs et de bambou provenant de forêts gérées de façon durable pour les charpentes. Ici, pas de murs à angles droits, ce sont les courbes qui prédominent, conférant une sensation de douceur et une évidente fluidité à l’ensemble. Conçue pour produire une ventilation naturelle adéquate, l’architecture évite le recours à un air conditionné particulièrement énergivore. Dans le même souci écologique, une usine de biogaz permet le recyclage des déchets en énergie naturelle. 

Le savoir-être de pair avec la connaissance

Même si Panyaden dispense fidèlement le très réputé cursus scolaire britannique, cette école bilingue (anglais/thaï), qui accueille autant d’élèves thaïlandais que d’étrangers, est loin de se contenter de délivrer le seul contenu académique. Panyaden entend cultiver en son sein un état d’esprit respectueux et vertueux basé sur la culture et les valeurs du Bouddhisme -cela concerne aussi bien le personnel que les enfants et les parents. La journée commence d’ailleurs par une petite séance de méditation.

"Il n’est pas question d’en faire des croyants" tient à souligner Neil Amas, ancien directeur de l’école, qui a récemment laissé sa place pour se consacrer à la rédaction d’un livre lié à son expérience. "Mais il s’agit de les encourager à chercher des ressources qui se trouvent en eux : utiliser son esprit, être en accord avec soi-même, avoir confiance en soi et analyser ses réactions face à certaines situations. Cela permet de gérer ses émotions, son humeur sachant que la condition optimale pour apprendre est d’être à la fois relaxé et alerte". 

En plus des mathématiques et de l’orthographe, Panyaden s’attache donc à apprendre aux enfants à vivre en harmonie avec leur environnement humain et écologique. 

Cela en stimulant leur esprit sur quatre principaux aspects : critique (relation avec l’environnement), social (aptitude à vivre et communiquer avec les autres en société), émotionnel (acquérir résilience, empathie, compassion, envie d’apprendre) et intellectuel (capacité à prendre des décisions, à accepter et appréhender des situations). 

La philosophie de l’école est que les enfants doivent apprendre à gérer leur comportement et leur apprentissage. "Nous ne cherchons pas à les contrôler, je pense que c’est une grosse erreur en matière d’éducation", nous expliquait Neil Amas en mars dernier. "Par contre, poursuit-il, nous pensons que nous pouvons leur donner des outils pour appréhender les situations". 

Un exemple basique qui revient régulièrement dans les entretiens avec les familles visitant l’école est celui de l’enfant qui perturbe la classe et ne sait pas s’arrêter. Panyaden revendique une approche consistant non pas à punir l’enfant perturbateur, mais à lui expliquer qu’il trouble la concentration des autres élèves et que, pour éviter de pénaliser ainsi toute la classe, il est préférable qu’il quitte momentanément le groupe -pour rejoindre seul une autre table ou un autre groupe- le temps qui lui sera nécessaire pour retrouver un état d’esprit adéquat lui permettant de reprendre le cours avec ses camarades. 

"Il est mis à l’écart sans être puni et nous lui suggérons de lever le bras lorsqu’il se sent prêt à réintégrer le groupe", explique Neil Amas. "La vieille école veut qu’on le punisse en l’envoyant au coin, ce qui n’a comme seul résultat que de le faire se sentir mal, voire de développer de la colère. Ça ne règle en rien le problème et n’apporte pas de solution pour éviter qu’il se reproduise", poursuit-il. "Notre approche aborde plutôt les conséquences des actes. La différence est importante, car la décision revient à l’enfant et la situation l’encourage à réfléchir, à comprendre qu’elle découle de lui-même, de son comportement et que s’il souhaite revenir, cela ne dépend que de lui. Une fois qu’il a assimilé les conséquences de ses actes et en a tiré les conclusions logiques, il adapte sa réaction en cherchant par lui-même ce qu’il peut modifier.

Cela peut prendre plus ou moins de temps. Il peut arriver que l’enfant dise qu’il est désolé, mais nous ne le forçons jamais à le faire. Que cela signifierait-il de lui faire présenter des excuses s’il ce n’est pas sincère ? Il est très important d’accorder à l’enfant du temps pour la réflexion".

Contact permanent avec la nature 

À l’instar des enseignants, les élèves de Panyaden foulent l’herbe et la terre pieds nus. Leurs terrains de jeux sont faits de sable, de structures en bambou et autres plots de bois disposées en parcours d’aventure. Même si le plastique n’est pas totalement banni, il très clairement minoritaire en comparaison avec la plupart des écoles aujourd’hui. 

Panyaden compte également un potager, une petite ferme avec des poulets, et même une rizière dans laquelle opère parfois un buffle. "Nous souhaitons que les enfants assistent à toutes les phases du mode de culture traditionnel thaïlandais, jusqu’à la récolte", explique Neil Amas. "Le but de ce programme est d’apprendre de manière ludique comment créer soi-même ses propres ressources, tout en appréhendant les difficultés rencontrées par les fermiers. Même si l’enfant ne deviendra pas paysan lui-même, il est très important qu’il réalise combien la culture du riz est un travail difficile pour ceux qui la pratiquent, afin qu’il puisse développer de l’empathie à leur égard".

Panyaden accueille des enfants de la maternelle et primaire et s’apprête à étendre l’offre jusqu’au collège en raison de la forte demande des parents. 

Voir aussi le site Internet de Panyaden

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