Lettre ouverte aux responsables politiques de tous bords de la part de Paul Dumont, Président de la Section Thaïlande des Conseillers du Commerce Extérieur (CCEF) après les propos de Benoit Hamon au micro de RTL le 9 octobre 2009
Il faut en finir avec le raccourci “Thaïlande = Tourisme sexuel” actuellement à la une et sur les ondes des medias français !
Je ne reviendrai pas ici sur la polémique récente au sujet d'un livre publié voici quatre ans par un ministre aujourd'hui en exercice. Restent les conséquences de la controverse, qui aboutissent à braquer les projecteurs sur la Thaïlande : le pays du sourire se retrouve une fois encore associé au tourisme sexuel.
Que tel ou tel parti s'empare de ce thème pour en faire un enjeu de politique intérieure française, cela ne surprendra guère. Mais comment ne pas s'indigner quand le porte-parole d'une grande formation politique se permet de déclarer sur une radio nationale à une heure de grande écoute que “La Thaïlande est un lieu où pour l'essentiel, ceux qui s'y rendent, s'y rendent pour consommer du sexe et consommer du sexe avec des mineurs”.
Ce type de déclaration est non seulement blessant pour les 15 millions de touristes, dont 300 000 français, qui se rendent chaque année en Thaïlande. Il est a fortiori insultant pour les milliers de Français expatriés qui vivent et travaillent à Bangkok, sans être en rien mêlés au tourisme sexuel.
Soyons clair : mon propos n'est pas ici de minimiser ou de nier la réalité de ce fléau. Le tourisme sexuel existe en Thaïlande, mais il n'est pas spécifique à ce pays, loin s'en faut. On trouve des quartiers chauds à Bangkok comme à Paris. Que dirait-on d'un homme politique thaïlandais qui résumerait Paris et la France à Pigalle ou au Bois de Boulogne ?
Face à l'ignorance ambiante, tant de certains medias français que de quelques responsables politiques, puis-je faire remarquer que :
• La Thaïlande est un pays comparable à la France, tant par sa superficie (514.000 km2) que par sa population (65,5 millions d'habitants)
• Nous sommes plus de 10.000 Français résidents en Thaïlande, qui vivons et travaillons dans de multiples secteurs de l'industrie et des services. L'immense majorité d'entre nous n'est en rien concernée par le tourisme sexuel, que je sache!
• On compte en Thaïlande environ 350 entreprises françaises, dont 60 grands groupes et près de 300 PME, qui emploient plus de 70.000 personnes
• Les échanges commerciaux bilatéraux entre la France et la Thaïlande ont représenté 3 milliards d'Euros en 2008
• Il y a plus de 3.000 entreprises françaises qui exportent vers la Thaïlande
Tout ceci pour dire que la Thaïlande ne saurait se réduire aux assertions simplificatrices de responsables politiques aux connaissances géopolitiques et culturelles limitées. Ces déclarations témoignent au fond de leur profonde méconnaissance de ce pays.
Nous sommes nombreux dans la communauté française de Bangkok à penser de même et nous en avons assez de ces amalgames et autres déclarations improvisées.
A l'heure de l'Internet et des podcasts, qui abolissent les frontières et les distances, nos responsables politiques de tous bords seraient bien inspirés de mesurer leurs propos et d'éviter de jeter l'opprobre sur un pays tout entier et ses habitants.
Paul Dumont
Président de la Section Thaïlande des Conseillers du Commerce Extérieur (CCEF)