Des mesures de confinement strictes, des écoles et des commerces fermés, des échanges commerciaux au ralenti, mettent les capitales habituellement bouillonnantes d'Asie au repos forcé. Un répit tout à fait inédit que l’on doit à lutte collective pour contenir le coronavirus qui a dissipé l’infernal chaos urbain.
L’habituelle litanie torturée des klaxons a laissé place à un silence presque campagnard dans de nombreuses villes asiatiques. Mardi, des filets réduits de voitures, fourgonnettes et motos fredonnaient gentiment sur les autoroutes d’Inde, de Thaïlande, des Philippines et d’Indonésie, où l’on trouve habituellement les pires embouteillages du monde et les niveaux de pollution atmosphérique les plus nocifs.
Les journalistes de l’agence Reuters ont pris des images d’intersections à New Delhi, Bangkok, Manille et Jakarta, après les mesures gouvernementales pour juguler la propagation du coronavirus, qui contrastent avec le chaos des mois précédents.
Sept des 11 villes les plus embouteillées du monde se trouvent en Asie, selon le 2019 Traffic Index du fabricant de systèmes de navigation GPS, TomTom. En tête du classement se trouvent Bangalore et Manille, où le conducteur passe en moyenne l'équivalent de 10 jours par an dans les embouteillages.
À Manille, où l’on estime que les embouteillages causent chaque jour 67 millions de dollars de pertes commerciales, l’artère systématiquement congestionnée Epifanio Delos Santos Avenue (EDSA), est devenue inhabituellement calme, les mesures de quarantaine à domicile empêchant la plupart des 3,5 millions de véhicules immatriculés de la ville d’aller sur les routes.
Selon les autorités en charge des transports, 400.000 personnes en moyenne passent par EDSA chaque jour, mais les lois strictes de confinement en vigueur actuellement aux Philippines - où 3.870 cas d’infection ont été signalés - ont réduit la circulation de 96% par rapport à la même période l’an dernier, selon les données de TomTom.
Ces données ont été compilées alors que l'équipe de Reuters filmait son trajet de 23,8 kilomètres, qui n'a pris que 20 minutes contre plus de deux heures normalement.
À Delhi, qui compte près de 11 millions de véhicules immatriculés, la congestion a diminué d'environ 59%, suite au confinement du pays qui compte 1,3 milliard d'habitants. L'Inde a signalé jusqu’ici 4.789 cas de Covid-19.
A Jakarta aussi la circulation est plus fluide deux semaines après le début de l'état d'urgence qui a vu la fermeture des écoles et le travail à domicile vivement encouragé. Au moment du tournage mardi, la circulation était 48% moins dense que le même jour un an plus tôt. L'Indonésie a 2.738 cas signalés.
Les autorités de Singapour s'attendent à une forte réduction du trafic suite à la fermeture des bureaux et des écoles, tandis qu’en Malaisie on constate déjà des rues plus calmes dans la capitale, Kuala Lumpur, où 509.000 véhicules circulent en moyenne par jour.
A Bangkok, qui a enregistré un million de nouveaux véhicules l'année dernière qui se sont ajoutés aux quelque 10 millions déjà en circulation, les artères étaient aussi très calmes mardi, avec seulement quelques véhicules épars, loin de pouvoir nourrir la frénésie habituelle des duels infernaux entre voitures et motos.
La Thaïlande, qui a signalé 2.369 cas de nouveau coronavirus depuis janvier, a fermé des centres commerciaux et des lieux de divertissement, et encourage le travail à domicile, ce qui a fait baisser le trafic urbain de la capitale de 31%, mardi.