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Les grandes familles au centre du jeu politique pour soutenir la junte

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Ye Aung THU / AFP - Ittipol Khunpluem reçoit des guirlandes de fleurs lors d'un meeting de campagne à Chonburi le 21 mars 2019, trois jours avant les élections
Écrit par Agence France Presse
Publié le 23 mars 2019, mis à jour le 23 mars 2019

Pour son dernier meeting, Ittipol Khunpluem bondit sur scène et encourage la foule. La junte au pouvoir en Thaïlande compte sur lui et sa famille, qui règne sur la région de Pattaya depuis des décennies, pour rallier un maximum d'électeurs et conserver le pouvoir après les élections.

Les Khunpluem ont intégré au fil des ans les rangs de gouvernements de tout bord. Pour cette élection, la première depuis le coup d'Etat de mai 2014, ils ont rallié le Phalang Pracharat, le parti pro-armée dont le candidat au poste de Premier ministre est l'actuel chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha.

La province de Chonburi dans l'est du pays, qui abrite la station balnéaire de Pattaya, capitale du sexe tarifé, pourrait jouer un rôle non négligeable dans le scrutin de dimanche.

"Nous croyons à la victoire (...) Nous sommes du côté du peuple", assure Ittipol à l'AFP.

Sa famille, l'une des plus influentes du royaume, est crainte et respectée dans toute la province. Médiateurs, hommes d'affaires réputés redoutables, les membres du clan sont avant tout des décideurs politiques. Beaucoup ont occupé des postes ministériels.

Ittipol, qui a étudié aux Etats-Unis, a effectué deux mandats de maire de Pattaya, avant de devenir début 2018 conseiller de la junte. Son frère aîné Sonthaya est l'actuel édile de la ville.

L'origine de la puissance du clan vient de leur père Somchai. Ce dernier a construit un empire politique et commercial dans la station balnéaire, où se rendent chaque année plusieurs millions de touristes.

- "Vrai parrain" -

"C'est un véritable parrain (...) il aide les gens du mieux qu'il peut et il se bat avec acharnement contre ses adversaires", relève un homme politique local sous couvert d'anonymat. 

Quitte à user de la violence. Le patriarche a été condamné à 25 ans de prison pour avoir engagé des tueurs en 2003 afin d'assassiner un de ses rivaux en affaires. 

Après avoir fui au Cambodge voisin, Somchai a finalement été arrêté en 2013 en Thaïlande, mais il a été libéré par anticipation fin 2017 pour raisons médicales, alors que la junte cherchait à obtenir le soutien du clan en prévision des élections.

La condamnation de Somchai n'a toutefois pas terni l'image de la famille auprès des électeurs. 

"Quoi qu'il en soit, je soutiens les Khunpluem", souligne Jidapa Kerdpol, présent au meeting, en brandissant une pancarte avec le visage d'Ittipol. "Ils ont tout fait pour (la province de) Chonburi".

Alors que la Thaïlande a connu douze coups d'Etat depuis l'établissement de la monarchie constitutionnelle en 1932, les grandes familles des provinces du royaume sont un gage de stabilité de nature à attirer les électeurs.

Un atout bien compris des militaires, qui cherchent à gagner le maximum de voix dans ces fiefs provinciaux: après le coup d'Etat de mai 2014, ils avaient tenté de casser la puissance de ces clans, avant de se tourner de nouveau vers eux pour obtenir un soutien électoral. 

Les familles influentes "vont revenir avec cette élection" sur le devant de la scène politique, estime l'expert et historien Chris Baker, spécialiste de la Thaïlande, mettant en garde contre un système de favoritisme qui a nui à la démocratie dans le pays.

Quant au clan Khunpluem, son soutien aux militaires lui a été bénéfique: la junte a lancé en 2018 le Corridor économique de l'Est, le plus grand projet d'investissements en Thaïlande. D'un coût de plus de 40 milliards d'euros, il doit profiter pleinement à la province de Chonburi.

 

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