La Thaïlande ne "renverra pas" les fugitifs ouighours

La police thaïlandaise a annoncé mercredi que les musulmans de la minorité ouighour originaire de Chine qui se sont échappés d'un centre d'immigration il y a quelques jours ne seront pas renvoyés en Chine – dans le cas où ils seraient capturés – malgré la demande de Pékin.
L'évasion spectaculaire survenue à l'aube lundi dernier avait vu vingt-cinq prisonnier ouighours s’échapper de leur cellule dans le sud de la Thaïlande.
Cinq d'entre eux ont été arrêtés lundi tandis qu'un autre était détenu mercredi. La police thaïlandaise a expliqué que grâce à la couverture médiatique, l'évadé avait été retrouvé à la frontière de la Malaisie.
Un autre qui était parvenu à traverser à pied la frontière a très vite été arrêté, et les autorités malaysiennes prennent actuellement les dispositions nécessaires pour le renvoyer en Thaïlande.
Le groupe faisait partie des centaines d’Ouighours, minorité musulmane réprimée dans l'ouest de la Chine, placés en détention en 2014 en Thaïlande, suscitant une controverse au sujet de leur citoyenneté.
Les Ouighours interceptés en Thaïlande disent souvent être Turcs car la Turquie partage des liens ethniques avec eux et accueille ceux qui fuient la région agitée du Xinjiang en Chine.
En 2015, la Thaïlande a renvoyé de force cent Ouighours en Chine.
Mardi, Pékin a de nouveau sommé Bangkok de renvoyer les évadés vers la Chine une fois qu'ils seront capturés.
Mais les autorités thaïlandaises ont annoncé qu'elles ne déporteraient pas le groupe.
"Nous n'allons pas les envoyer où que ce soit puisqu'ils doivent d'abord passer par un processus de vérification de leur nationalité, et c'est justement ce que nous faisions avant qu'ils ne s'échappent", a expliqué le porte-parole adjoint de la police thaïlandaise Krissana Patanacharoen à l'AFP.
En août 2015, une attaque à la bombe sans précédent visant le sanctuaire d'Erawan à Bangkok avait tué 20 personnes, majoritairement des touristes chinois.
Deux hommes ouighours sont actuellement jugés pour cette attaque à la bombe, attisant les soupçons selon lesquels l'attaque était une revanche de la part des réseaux de passeurs ouighours pour le renvoi forcé qui avait eu lieu un mois auparavant.
La coïncidence fait que mercredi, une Thaïlandaise nommée Wanna Suansan était retenue à son arrivée à Bangkok sur mandat en lien avec l'explosion du temple – faisant d'elle seulement la troisième des dix-sept suspects désignés par la police à être arrêté.
Elle a été inculpée de meurtre prémédité, association pour meurtre et possession de bombe et d'armes, a annoncé l'officier de police Sombat Milintrajinda.
Wanna avait déjà parlé à l'AFP auparavant depuis la ville turque de Kayseri, niant toute implication.
La Thaïlande n'octroie pas d'asile aux réfugiés mais a annoncé que les Ouighours peuvent rester sous la garde des autorités thaïlandaise jusqu'à ce que leur nationalité soit établie. Soixante-et-un Ouighours sont actuellement en détention à travers le pays.