Clubhouse, le nouveau réseau social vocal à la mode agace déjà des gouvernements en Asie, et Bangkok a prévenu mercredi les Thaïlandais des risques légaux vis-à-vis des discussions sur la monarchie.
Le ministre thaïlandais du Numérique, Puttipong Punnakanta, a déclaré mercredi que les autorités thaïlandaises surveillaient les utilisateurs de l’application Clubhouse, affirmant que des groupes politiques opérant sur le réseau social déformaient certaines informations et risquaient de tomber sous le coup de la loi.
Lancée en Californie en mars 2020 par deux Américains bien connus de la Silicon Valley, Paul Davison et Rohan Seth, Clubhouse permet à ses utilisateurs d’accéder à des salles de discussion, des "rooms", dans lesquelles des sujets divers sont débattus en direct à des heures précises.
L’application vocale a beaucoup gagné en popularité dans le monde au cours des deux derniers mois, notamment lorsque le PDG de Tesla, Elon Musk, y a fait une apparition en janvier.
Et depuis vendredi, des centaines de milliers d’utilisateurs thaïlandais ont rejoint la plateforme après que le politologue en exil et fervent critique de la couronne thaïlandaise, Pavin Chachavalpongpun, y a souscrit et a commencé à discuter de la monarchie.
"Ce qui doit être discuté sera discuté. C'est risqué mais il faut l'encourager, car plus on en parle, plus ces discussions deviennent la norme", a déclaré à Reuters ce dernier qui a enregistré plus de 70.000 followers au cours de ses cinq premiers jours sur Clubhouse. "Ces exercices contribuent à renforcer le courage."
Les manifestations antigouvernementales menées par des jeunes se sont concentrées sur des demandes de réformes concernant le statut de la monarchie thaïlandaise, particulièrement le roi, un sujet longtemps considéré comme tabou.
L'audience augmente
Le gouvernement thaïlandais utilise régulièrement une loi sur la cybercriminalité pour poursuivre les détracteurs de la monarchie invoquant des questions de sécurité nationale. Les autorités thaïlandaises ont déjà fait censurer avec succès des critiques sur Facebook, YouTube et Twitter.
L'audience de Pavin Chachavalpongpun est passée d'environ 300 vendredi à plus de 12.000 mardi soir, lorsqu'il a discuté du roi Maha Vajiralongkorn dans une "room" qui a rapidement atteint la capacité maximale de l'application. D'autres salles de discussion critiquant le gouvernement thaïlandais et l'utilisation de la loi de lèse-majesté ont également du succès. Un certain nombre d’entre elles sont animées par des exilés qui racontent leur expérience.
La popularité croissante de l'application a attiré l'attention de certains gouvernements dans la région. Au début du mois, la Chine a bloqué l'accès à Clubhouse mettant fin à une brève période au cours de laquelle des milliers d'utilisateurs ont pu avoir accès à des discussions souvent censurées en Chine, portant notamment sur les camps de détention du Xinjiang et la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong.
Certains militants pro-démocratie de Hong Kong ont gagné des milliers de followers sur l'application, même si les utilisateurs semblent pour l’heure s'être arrêtés d'organiser des discussions publiques sur la relance des manifestations qui pourraient attirer la colère de Pékin.
Mercredi, l'Indonésie a fait savoir que Clubhouse ne s'était pas encore enregistré auprès des autorités et que l’application pourrait être interdite si elle ne se conformait pas aux réglementations locales.
L'Indonésie, qui oblige les plateformes à s'enregistrer, a déjà interdit Reddit, Vimeo et de nombreux sites pornographiques.