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INSECTES COMESTIBLES – La Thaïlande prête pour les défis alimentaires de demain!

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Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 31 octobre 2016, mis à jour le 29 novembre 2019

Vers, grillons, sauterelles et même scorpions, si les insectes frits sont plus souvent considérés comme une curiosité touristique du côté de Khao San Road, pour de nombreux Thaïlandais, ils font partie de l'alimentation. Avec une population mondiale en croissance constante et une diminution des surfaces agricoles, certains n'hésitent pas à voir en ces petites bestioles, la nourriture de l'avenir.

En Thaïlande, on trouve des insectes comestibles sur presque tous les marchés : vers, grillons, scorpions, punaises, etc. ce sont en tout plus de deux cents espèces d'insectes qui font le bonheur gustatif et surtout nutritif de nombreux Thaïlandais.

Riches en protéines et disponibles en quantité, les insectes font partie depuis longtemps du régime alimentaire des habitants du nord et du nord-est du pays, région particulièrement pauvre et qui connait chaque année de fortes sécheresses entrainant des pénuries de nourriture.

Avec les déplacements de population, notamment depuis la province vers la capitale et les sites touristiques, les insectes comestibles se sont invités sur les tables des quatre coins du royaume.

Mais ce penchant pour les insectes, considéré hier comme exotique par les touristes, est une tendance de plus en plus en vogue de par le monde, les experts estimant que les petits bestioles vont inéluctablement entrer dans l'alimentation des pays du monde entier y compris les plus réticents.

Car d'ici à 2050, la population mondiale devrait atteindre entre 9 et 11 milliards d'êtres humains et voir de fait ses besoins alimentaires doubler. Un défi de taille pour l'humanité quand on sait qu'un milliard de personnes ne mangent déjà pas à leur faim, que les surfaces cultivables diminuent, que les océans sont surexploités et que les changements climatiques affectent déjà la production alimentaire.

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Rapport coût/nutrition très intéressant

A titre de comparaison 2 kg d'aliments sont nécessaires pour produire 1 kg d'insectes tandis qu'il faut 10 kg de nourriture pour produire 1 kg de viande bovine. C'est la même chose du côté des émissions de gaz à effet de serre : 1 kg de vers de farine produit 10 à 100 fois moins de gaz que de produire un kilo de viande de porc. A poids égal, le cochon produit 8 à 12 fois plus d'ammoniaque que les criquets et jusqu'à 50 fois plus que les sauterelles. L'élevage d'insectes est ainsi une alternative pour la production de protéine animale à faible impact environnemental.

Et puis les insectes sont à la hauteur des viandes animales en ce qui concerne l'apport en protéines. C'est ainsi que 100 grammes de boeuf apportent 26 grammes de protéines ; 100 grammes de cabillaud, 18, et 100 grammes de criquets en offrent 30 grammes. Seulement, s'il y a plus de protéines dans les criquets que dans le boeuf, c'est léger un insecte et si 100 grammes de boeuf représente un petit steak, pour 100 grammes de criquets on n'est pas loin d'un demi-seau!

C'est par ce constat que démarre le rapport de la FAO (Food and Agriculture Organisation) sur les perspectives alimentaires dans le monde.

Manger des insectes ou ce qu'on appelle ?l'entomophagie? pourrait être l'une des solutions pour faire face à la demande et réduire la faim dans le monde d'après la FAO.

Actuellement, les insectes complètent les régimes alimentaires d'environ deux milliards de personnes dans le monde, principalement en Asie, Afrique et Amérique latine.

Ils représentent plus de la moitié des espèces du monde animal avec plus d'un million d'espèces dont 1.900 seraient comestibles selon la FAO.

?J'en suis sûre, les insectes sont la nourriture du futur pour le monde entier? annonce Jai Pollasen, une cultivatrice thaïlandaise de grillons de 63 ans dans un reportage de France 2. En Thaïlande, il y a aujourd'hui 20.000 petites fermes qui font de l'élevage d'insectes. L'Abondance et les coûts minimes, séduisent les cultivateurs. Jai Pollasen explique que sont élevage de grillons ne lui coûte qu'un euro par mois mais lui rapporte 1.000 euros, soit près du double que si elle avait un élevage de poulet.

En effet, l'élevage d'insectes nécessite moins d'espace, moins d'eau, moins de nourriture, il génère moins de polluants et de déchets que l'élevage traditionnel (voir encadré).

Cela dit, en Europe les insectes ne font pas vraiment partie du menu habituel de monsieur tout-le-monde, et l'idée de consommer des insectes inspire même plutôt le dégoût.

Pour Gabriel Martinez auteur de ?La cuisine des insectes?, ?Si tous les goûts sont dans la nature, les dégoûts sont dans la culture?. Plaisir pour les uns, dégoûts pour les autres, nos comportements alimentaires ne sont pourtant pas innés mais issus de notre culture.

Pour dépasser les blocages culturels, plusieurs sociétés ont développé des barres protéinées à la farine d'insectes, pâtes spiruline et farine d'insectes. Loin des yeux, le fait de manger des insectes passe plus facilement. Pour les plus réticents, Romain Fessard, PDG de l'entreprise Insectes Commestibles explique dans une interview accordée au site Atlantico : ?des insectes nous en mangeons déjà ! Environ 500gr par an et par personne et de manière involontaire. Avis aux amateurs de chocolat ou bien de bière : vous mangez déjà des insectes !?


Gastronomie : les insectes sont-ils la nourriture de notre avenir ?

 

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Publié le 31 octobre 2016, mis à jour le 29 novembre 2019

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