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La Première ministre Yingluck Shinawatra destituée, son remplaçant nommé

La Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, reconnue coupable d'abus de pouvoir, a été destituée mercredi, tournant symbolique important pour les manifestants qui réclamaient sa tête depuis des mois, même si son gouvernement reste de facto aux manettes.

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Yingluck Shinawatra interviewée par la télévision thailandaise . Copie d'écran
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 10 mars 2019, mis à jour le 9 septembre 2024

Sa destitution à peine annoncée par la Cour constitutionnelle, Yingluck Shinawatra a été remplacée par une figure de second plan de son gouvernement, le ministre du Commerce Niwattumrong Boonsongpaisan, ayant le rang de vice-Premier ministre.

"Je me suis toujours tenue à la loi et n'ai jamais été impliquée dans des affaires de corruption ou de népotisme", a commenté lors d'une ultime adresse télévisée la Première ministre, tombée pour une banale affaire de transfert d'un haut fonctionnaire.

"Les juges ont décidé à l'unanimité que Yingluck avait abusé de son statut de Premier ministre", pour effectuer un transfert "illégal" et à son propre "bénéfice", a souligné le président de la Cour constitutionnelle Charoon Intachan, lors de la lecture du jugement retransmise en direct à la télévision.

Sa destitution et celle de neuf ministres sur 35 a été accueillie par des cris de joie et des pas de danse parmi les manifestants campant dans un parc du centre de Bangkok.

A la Cour constitutionnelle, les manifestants antigouvernementaux dans la rue depuis six mois ont salué la décision à coups de sifflets devenus leur signe de ralliement.

"Je suis heureux, même si ce n'est pas tout le gouvernement", a commenté l'un d'entre eux, Linjong Thummathorn.

Départ inéluctable

Le départ de Yingluck était devenu inéluctable, selon les analystes, tant son nom est lié à celui de son frère Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre victime d'un coup d'Etat en 2006.

Son départ pourrait éventuellement permettre d'apaiser la crise, ses ministres les plus en vue ayant été destitués avec elle.

Mais les manifestations prévues dans les deux camps dans les prochains jours sont maintenues, faisant craindre de possibles nouvelles violences, alors que la crise a déjà fait plus de 25 morts en six mois de protestations de rue.

Mais avec un Premier ministre par intérim et un gouvernement certes amputé mais encore aux manettes, la situation reste de facto inchangée, la Cour constitutionnelle n'ayant pas procédé au vide politique radical qu'aurait constitué la destitution de tout le gouvernement.

"Il y aura un Conseil des ministres vendredi pour allouer de nouvelles positions aux ministres restants", selon le vice-Premier ministre Phongthep Thepkanjana.

Législatives le 20 juillet ?

Estimant que Thaksin continue à gouverner à travers sa soeur, malgré son exil, les manifestants veulent toujours remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu.

La Cour constitutionnelle a déjà chassé du pouvoir deux Premiers ministres pro-Thaksin en 2008, et beaucoup doutaient mercredi que Yingluck soit épargnée par une justice accusée de d'être partiale.

Ce nouvel épisode de la crise politique intervient alors qu'il n'y a pas de Parlement, dissous depuis décembre 2013.

Les législatives du 2 février ont été invalidées par la justice en raison de leur perturbation par les manifestants. Et de nouvelles élections ont été annoncées pour le 20 juillet, et le gouvernement intérimaire réduit prévoit de les mener à bien.

Les Chemises rouges dénoncent un nouveau "coup d'Etat judiciaire"

Mais les manifestants ont promis de perturber tout nouveau scrutin, et le Parti démocrate, principale formation de l'opposition qui avait boycotté le précédent, a refusé de soutenir ces nouvelles élections.

Le mouvement des Chemises rouges pro-Thaksin a de son côté promis de redescendre dans la rue en cas de nouveau "coup d'Etat judiciaire", scénario qui ne s'est pas pour l'instant produit.

En 2010, les Rouges avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du gouvernement de l'époque, avant un assaut de l'armée.

Avec plus de 90 morts et 1.900 blessés, cette crise a été l'épisode le plus sanglant d'un cycle de crises politiques ayant fait descendre tour à tour dans la rue depuis 2006 les ennemis et les partisans de Thaksin.

Le milliardaire, en exil pour échapper à la prison pour malversation financière, reste la figure de division du royaume entre les masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est, qui lui sont fidèles, et les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal, qui le haïssent et le voient comme une menace pour la monarchie.

Yingluck fait d'autre part face à une procédure de la commission anticorruption pour négligence en lien avec un programme controversé d'aide aux riziculteurs. Une affaire qui pourrait conduire à son interdiction de vie politique pour cinq ans.

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 7 mai 2014, mis à jour le 9 septembre 2024

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