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Sauver la libido de l’éléphant lao

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Le Festival de l'Éléphant, une grande messe pour réconcilier le pachyderme et l'espèce humaine (Photo courtoisie ElefantAsia)
Écrit par Eric DESEUT
Publié le 1 février 2008, mis à jour le 15 juillet 2022

La deuxième édition du Festival de l'Éléphant propose de retrouver l'animal dans son cadre de vie naturel, au Laos les 15, 16 et 17 février. C'est la vitrine d'une action au long cours menée par une association française en partenariat avec le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. S.O.S. le pachyderme déprime !

La majorité des éléphants laotiens vivent dans la province de Sayabouri, frontalière avec la Thaïlande. C'est là qu'ElefantAsia organise l'événement pour la deuxième année consécutive. 15.000 personnes s'étaient déplacées en 2007, selon l'association. Pour les citadins las de voir le pachyderme mendier dans les rues de Bangkok, c'est l'opportunité de le découvrir dans son environnement naturel -tout en disposant d'informations de qualité. L'ambiance sera aussi festive : concours et courses d'éléphants, démonstrations des cornacs et cérémonie traditionnelle (voir notre encadré : Mode d'emploi du festival). En Asie, où la magie des rituels fascine, il fallait bien une grande messe annuelle pour rendre sa dignité à un animal jadis sacré.

Les cadences infernales de l'éléphant laotien

L'événement est aussi la vitrine d'un programme de conservation piloté par ElefantAsia. Au Laos, on ne compte plus que 2.000 individus, dont 560 à l'état domestique. Leur sort contraste avec celui de leurs cousins thaïlandais, au chômage depuis 1989 et l'interdiction d'exploiter les forêts thaïlandaises. "Le commerce du bois qui contribue à la déforestation rapide du Laos s'industrialise et la demande en éléphants pour transporter le bois va croissant", explique Sébastien Duffillot, co-fondateur d'ElefantAsia. À ce jour, aucun engin tout terrain ne rivalise encore avec les capacités de l'animal dans les forêts laotiennes. "Les éléphants se tuent littéralement à la tâche car les cornacs sont payés au mètre cube déplacé". Il y a pire. Aliénés par ces cadences infernales, les éléphants domestiques n'ont plus le temps ni l'énergie de se reproduire.

Congés maternité, reconversion et médecine du travail

ElefantAsia prend donc des initiatives pour favoriser la reproduction, en collaboration avec le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris et l'hôpital des éléphants de Lampang notamment. En parallèle, la constitution d'une association professionnelle soutiendra les cornacs au cours de la période de gestation de 22 mois. Ce long processus représente un risque financier. Il faut savoir que le coût de fonctionnement d'un éléphant s'élève à environ 300$/mois, tandis qu'il faut débourser 1500$ pour une saillie toujours aléatoire -environ 10% du prix de l'animal. Et il faudra encore patienter 15 ans pour que l'éléphanteau devienne rentable dans le bûcheronnage.

Pour lui et sa mère, le tourisme offre donc un débouché intéressant. Ainsi ElefantAsia patronne des séjours en forêt tout au long de l'année. "Nous faisons venir les touristes vers les éléphants et non l'inverse", explique Sébastien. Dans le même esprit, une unité mobile de soins vétérinaires intervient sur les lieux de travail des éléphants stakhanovistes. Ils souffrent d'abcès dus aux sangles et même de crises cardiaques pour surmenage ! 

Au final, ElefantAsia veut développer "une cohabitation durable entre l'homme et l'éléphant d'Asie". Il était logique de choisir le Laos où la situation reste plus encourageante qu'au Vietnam et au Cambodge, qui eux n'abritent plus que 200 et 150 pachydermes. Quant à la Thaïlande, la population sauvage est actuellement stable -environ 1.500 individus- tandis que le cheptel domestique décline selon Richard Lair qui collabore avec le réputé National Elephant Institute de Lampang.

Aujourd'hui, 2.700 pachydermes vivent en majorité au sein de camps d'éléphants souvent tournés vers le tourisme. Les éléphants mendiants sont marginaux.

Erik Deseut vendredi 1er février 2008

- Mode d'emploi du Festival
L'édition 2008 reste fidèle à la province de Sayabouri mais elle change de district en optant cette année pour Paklay. Depuis Bangkok, le trajet le plus direct passe par le poste-frontière de Tha Li (province de Loei). Comptez une longue journée de route. Attention : les visas d'entrée sur le territoire laotien ne sont pas disponibles, contrairement au poste du Pont de l'Amitié (province de Nong Khai) qui enjambe le Mékong 30 Kms en aval de Vientiane. Depuis la capitale du Laos, il faudra ensuite une journée en bus ou en bateau jusqu'à Paklay. Sur place, les possibilités d'hébergement sont variées : guest-houses, campings ou nuits chez les habitants formés à l'accueil d'hôtes étrangers par les autorités laotiennes.
Pour optimiser l'expérience il est conseillé de préparer son voyage à l'avance. On peut aussi opter pour des formules clés en main (transport et hébergement). Toutes les informations pratiques peuvent être téléchargées via la rubrique FAQ d'un
site élaboré pour l'occasion. On y trouve aussi le programme détaillé du festival. Basée en France, l'association organise l'évènement avec l'Autorité Nationale du Tourisme Laotien et la Province de Sayaburi. Créée en 2001, elle emploie 9 permanents au Laos et est notamment soutenue par l'UNESCO Asie Pacifique et le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. (LPJ Bangkok - 01/02/08)

Publié le 1 février 2008, mis à jour le 15 juillet 2022

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