Après 20 ans à Bangkok, où il a tenu le restaurant Le Moulin de Sommai, Yoan Girard s'est envolé il y a six mois pour la Birmanie avec un nouveau défi : entraîner le Yadanabon FC, l'équipe de foot de Mandalay. Cette dernière est bien placée pour remporter la Coupe nationale de la Ligue de Birmanie (MNL Cup), qui vient d'être lancée cette année
L'entraîneur français des Yadanabon, Yoan Girard, pendant un match sur le terrain de Mandalay en septembre dernier (Photo Nina Martin)
Lepetitjournal.com : Quelle est la place du football dans votre vie ?
Yoan Girard : J'ai été joueur professionnel de 17 à 20 ans, notamment dans les clubs de Laval et Guingamp. J'ai arrêté parce que je n'avais plus envie de jouer tous les jours : je voulais faire la fête et ce n'était pas conciliable avec l'entraînement. Je n'ai repris le foot que cinq ans plus tard, pour le plaisir, avant de devenir journaliste sportif. J'ai ensuite rencontré ma femme, une Thaïlandaise vivant à Paris, qui m'a fait découvrir l'Asie. J'en suis tombé amoureux. Nous nous sommes installés à Bangkok en 1990 et avons ouvert Le Moulin de Sommai, dont je me suis occupé jusqu'en 2007. Entre temps, j'ai entraîné l'équipe française de Bangkok, les Gaulois, pendant quelques années. Mais mes affaires tournaient moins bien, je n'avais plus vraiment la foi. 20 ans de fête, ça use !
C'est alors qu'on vous a proposé ce poste plutôt original en Birmanie. Pourquoi avoir accepté ?
A 50 ans, j'avais besoin d'une nouvelle aventure. Entrainer le Yadanabon FC, était une expérience humaine et l'occasion de revenir à mes premières amours. J'ai créé l'équipe par bouche-à-oreilles, sans parfois connaître les joueurs, sans les avoir vus à l'entraînement. Ce projet était motivant car tout à fait nouveau : la Birmanie montait un championnat de football professionnel pour la première fois de son histoire, sachant que les Birmans faisaient partie, il y a 35 ans, des meilleures équipes d'Asie. Depuis, il s'est passé ce que l'on sait dans ce pays, le pays a été isolé. La Birmanie a perdu beaucoup de temps, mais elle a maintenant envie de revenir dans la compétition internationale.
Qui a donné l'impulsion de ce renouveau du football ?
Le majordome du pays. Vous connaissez l'expression : "Du pain et des jeux !". Il a poussé de gros industriels à monter des équipes par province, beaucoup d'argent a été dépensé. Certains critiqueront, mais je pense que çà ne peut pas faire de mal aux habitants de ce pays, qui souffrent de l'isolement de la communauté internationale. Il y a maintenant des étrangers dans toutes les équipes (le Yadanabon a notamment sélectionné cinq Ivoiriens, ndlr) et les joueurs birmans sont devenus professionnels. Le niveau de l'équipe nationale n'est pas très élevé, mais avec le renouveau qu'amène ce championnat, la Birmanie a le potentiel pour devenir une grande nation du football d'ici 10 à 15 ans. Dans cinq ou six ans, les joueurs auront déjà un bon niveau en Asie. A côté du Yadanabon FC, nous allons monter une académie de jeunes, liant études traditionnelles et football. Elle ouvrira en janvier.
Le foot, c'est important en Birmanie ?
C'est plus qu'important, c'est énorme ! A Mandalay, le stade de 25.000 places est tout le temps plein. Il y a même un marché noir pour avoir des places. Il y a pour l'instant huit clubs en Birmanie, qui représentent chacun une province. Le championnat se passe très bien pour nous : je suis sûr qu'on sera champions ! Résultats le 17 janvier.
Combien de temps pensez-vous rester en Birmanie ?
Tout ne dépend pas de moi. Mais je ne serais pas contre une expérience longue. Ma vie en Birmanie est radicalement différente de celle que j'avais en Thaïlande. Moins de copains, moins de sorties, mais je suis satisfait. J'aurais bien aimé vivre en Thaïlande il y a trente ans et c'est cette expérience que je pense vivre en ce moment en Birmanie.
Propos recueillis par Marie Normand (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 5 novembre 2009
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