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PORTRAIT – Sophon Sakdaphisit, jeune prodige du cinéma d’horreur thaïlandais

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 21 juillet 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Le public thaïlandais est friand de films d'horreur, et chaque année offre son lot de long-métrages, plus ou moins bons. Parmi les grands noms du cinéma horrifique thaïlandais, Sophon Sakdaphisit, tout juste trentenaire, a rapidement su s'imposer en co-scénarisant Shutter, film d'horreur internationalement reconnu. De l'écriture de scripts à la réalisation de long-métrages, le jeune cinéaste fait vibrer les salles de cinéma au rythme de ses peurs intimes et des fantômes qui le hantent

Sophon Sakdaphisit a fait des débuts très remarqués avec Shutter, dont il est le co-scénariste, un film d'horreur original, triste et très cruel sur les ravages de l'amour (Photo Suphang Naraipratan)

Un T-shirt estampillé GTH, la société de production avec laquelle il travaille, et un magazine de cinéma sous le bras, Sophon Sakdaphisit a tout du jeune Thaïlandais bien sous tout rapport. Mais, à tout juste 30 ans, le cinéaste, que l'on surnomme ?Jim?, est l'un des scénaristes et réalisateurs les plus prometteurs du cinéma d'horreur thaïlandais. Avec à son actif quelques uns des films horrifiques les plus rentables du royaume.

Des débuts prometteurs
Diplômé de l'Université de Chulalongkorn en communication, avec une spécialité en télédiffusion, Sophon se fait très vite remarquer grâce aux court-métrages d'horreur qu'il réalise chaque année pour ses études. "Pendant ma dernière année d'étude, j'ai envoyé l'un de mes court-métrages à un concours. Banjong Pisanthanakun (ndlr : un réalisateur thaïlandais) s'est intéressé à mon travail et m'a demandé de travailler avec lui sur son film Shutter", explique-t-il. "Nous étions trois scénaristes sur ce film et c'est comme cela que j'ai pu travailler sur mon premier long-métrage?.
Sorti en 2006, Shutter, une histoire d'amour cruelle sur fond de fantômes cachés dans des photographies, s'impose comme un énorme succès dans le royaume, et l'un des films thaïlandais les plus reconnus internationalement. Hollywood s'y intéresse tellement qu'un remake a vu le jour en 2008, bien moins intéressant que l'original. Shutter est alors le ticket d'entrée de Jim dans la cour des grands et il est à nouveau sollicité pour l'écriture du film d'horreur Alone, cette fois seul à la barre pour le script, et l'un des segments de Phobia, un ensemble de court-métrages. Il est maintenant prêt pour passer derrière la camera.

L'horreur en Asie : des fantômes aux longs cheveux

Les fantômes des films d'horreur asiatiques, qu'ils soient du Japon, de Corée du Sud ou de Thaïlande, sont tous représentés par une jeune fille aux longs cheveux noirs dissimulant le visage. Pour Sophon Sakdaphisit, ceci s'explique par le fait que "les sociétés traditionnelles en Asie privilégient le garçon par rapport à la fille". ?Les garçons ont plus de force physique et les filles plus de force mentale?, explique-t-il. "Elles sont en apparence plus faibles. Les jeunes filles ont plus tendances à être malmenées et donc à se venger, d'où leur retour sous forme de fantôme. Et puis, qui oserait s'en prendre à une jeune fille, même sous forme spectrale??, ajoute-t-il.

Coming Soon, premier film et premiers challenges
En 2008, Sophon Sakdaphisit réalise son premier film, Coming Soon, l'histoire du fantôme d'un film d'horreur qui continue de hanter les spectateurs après avoir quitté la salle de cinéma. Même si le long-métrage recèle quelques piques sur le piratage de DVD et la condition de réalisateur, Jim a simplement voulu faire peur au spectateur. "Pour ce premier film, je n'ai pas voulu approfondir les détails. J'ai juste voulu m'amuser à effrayer mon public", confie-t-il.
Ce premier long-métrage est un véritable challenge pour Sophon, jusqu'ici habitué à la réalisation de court-métrages ou l'écriture de scenario. ?Quand j'étais enfant, je pensais que réaliser un film était simple, que ce n'était qu'une simple bande vidéo. Mais en réalisant Coming Soon, je me suis rendu compte du challenge, en particulier le contrôle du temps et de l'argent?, explique ?t-il.
Même si il avoue que son film est loin d'être parfait, Coming Soon aura permis à Sophon d'apprendre les difficultés du métier de réalisateur et se préparer à son second long-métrage, dont il est également le scénariste : Ladda Land.

Un deuxième essai plus convaincant
Sorti en avril cette année, Ladda Land raconte l'histoire d'une famille thaïlandaise venue à Chiang Mai pour commencer une nouvelle vie. Alors que l'installation est terminée, d'étranges événements viennent troubler la paix du voisinage et mettent à mal les fondations de la famille.
Pour ce film, l'approche a été différente. ?Quand j'écris une histoire pour un film d'horreur, je commence d'abord par déterminer qui est le fantôme et je construis le reste des personnages autour de cet élément?, explique-t-il. "Pour Ladda Land, j'ai pensé à la famille en premier, c'est un drame basé en priorité sur les personnages humains?, ajoute-t-il. Une manière originale de se démarquer des autres productions horrifiques qui, pour beaucoup, manquent d'originalité. Ladda Land est à ce jour le film d'horreur le plus rentable de la société de production GTH. Le film était également présent cette année au Marché du Film de Cannes où il a été vendu à de nombreux pays asiatiques comme l'Indonésie ou Taiwan, et a même trouvé de nouveaux acheteurs comme le Pérou et l'Equateur.

Scénariste avant tout
Sophon n'a pas de projet pour le moment, mais une chose est sûre : il sera le scénariste de son prochain film. "J'aime réaliser des long-métrages mais je préfère avant tout raconter des histoires. Je ne veux pas faire un film dont je ne serai pas l'auteur du script?, confie-t-il. Grand amateur d'histoire de fantômes, il puise dans ses propres peurs pour effrayer son public. "J'ai moi-même très peur des fantômes, et je crois que ces personnes ont en général beaucoup d'imagination. Je suis constamment en train de penser à ce qui pourrait faire une bonne histoire", explique-t-il. Grand cinéphile, il aimerait pouvoir s'attaquer au remake de Freddy, les griffes de la nuit, le classique de Wes Craven, mais se dit incapable de faire honneur à l'original. ?L'idée de ne pas pouvoir dormir car Freddy attend dans nos rêves me terrifie".
Suphang NARAIPRATAN et Melaine BROU (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) jeudi 21 juillet 2011

Bande annonce de Ladda Land :

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Publié le 21 juillet 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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