Les avocats des deux jeunes birmans accusés du meurtre de deux vacanciers britanniques sur l'ile de Koh Tao en septembre dernier se sont dits "très inquiets" sur les possibilités de vérifier les preuves médico-légales avant que ne démarre le procès en juillet.
Zaw Lin et Win Zaw ont plaidé non coupable du meurtre le 15 septembre 2014 de David Miller, 24 ans, et du viol suivi du meurtre de Hannah Witheridge, 23 ans, sur l'ile de Koh Tao.
La défense des deux accusés a très rapidement fait part de ses doutes sur la qualité de l'enquête, estimant que la scène du crime avait été compromise, la police l'ayant laissée accessible aux badauds et aux journalistes durant les premières heures après la découverte des corps.
En avril, le tribunal de Koh Samui avait accepté la demande des avocats de procéder à des contre analyses des preuves incriminant leurs clients, notamment les prélèvements ADN et preuves physiques relevées sur la scène du crime telles que des traces de sang et un t-shirt.
Mais l'avocat principal de la défense a déclaré que le tribunal aurait dit à son équipe qu'elle ne pourrait savoir si elle peut ou non avoir accès aux preuves que le 8 juillet, qui est précisément le premier jour du procès de Zaw Lin et Win Zaw.
"Les avocats de la défense ont un besoin urgent aussi bien des informations cruciales tirées de la contre-expertise des preuves, que d'une fenêtre de temps suffisante pour prendre ces informations en considération en vue du procès qui démarre. Je suis maintenant très inquiet du déroulement de cette situation," a déclaré Nakhon Chomphuchat dans un communiqué diffusé dimanche.
"Les preuves médico-légales sont clés dans cette affaires. Sans pouvoir réexaminer les preuves? la capacité des deux accusés à se défendre contre les crimes sérieux pour lesquels ils ont été inculpés sera gravement mise à mal", a-t-il ajouté.
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Le tribunal n'était pas joignable durant le week-end.
La police avait inculpé en octobre les deux travailleurs sans papiers pour le double meurtre, appuyant l'accusation sur les tests ADN et plus tard les confessions des deux hommes âgés d'une vingtaine d'années.
Mais Zaw Lin et Zaw Tun se sont quelques jours plus tard rétractés, disant que leurs aveux avaient été soutirés par la torture, soulevant des inquiétudes quant à l'intégrité de l'enquête.
Les procureurs de l'ile voisine de Samui, où les deux accusés sont détenus, ont d'ailleurs à plusieurs reprises rejeté le dossier, estimant qu'il était incomplet.
Les autorités thaïlandaises ont la réputation d'accuser facilement les travailleurs migrants de Birmanie et du Cambodge de crimes commis dans le royaume, où ils constituent une abondante main d'?uvre bon marché, mal payée et peu considérée.
Finalement, les charges retenues contre les deux Birmans sont: entrée illégale en Thaïlande, séjour illégal, meurtre prémédité, viol collectif et meurtre de la victime pour couvrir leurs crimes.
Des militants pour les droits de l'homme basés en Thaïlande restent convaincus que Zaw Lin et Win Zaw sont des bouc-émissaires dans ce crime sordide qui a mis la capacité de la police locale à rude épreuve.
Les familles des victimes ont pour leur part déclaré avoir vu des preuves solides contre les deux suspects et se sont dites confiantes dans le dossier après que des enquêteurs de Scotland Yard se sont déplacés en Thaïlande pour observer les investigations en cours.
Les corps de David Miller, 24 ans, et Hannah Witheridge, 23 ans, avaient été découverts nus, le 15 septembre à l'aube sur une plage de Koh Tao, petite île d'ordinaire tranquille. Ils avaient été frappés à mort avec un bâton et un ustensile de jardin, retrouvés ensanglantés sur place.
Après trois semaines d'enquête infructueuse suscitant de vives critiques, notamment des Britanniques, les deux travailleurs immigrés birmans ont été inculpés le 2 octobre, confondus, selon la police, par des analyses ADN.
Le double meurtre, qui s'est produit en septembre sur une ile d'habitude tranquille, a aussi durement porté ombrage à la réputation de la Thaïlande comme paradis touristique, poussant le chef de la junte militaire au pouvoir, Prayuth Chan-O-Cha, à promettre de faire punir les coupables.
Avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) dimanche 31 mai 2015
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