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MANIF – Les "Rouges" rassemblent 100.000 personnes mais ne font pas mouche

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 avril 2009

Environ 100.000 partisans de Thaksin Shinawatra ont manifesté hier à Bangkok dans le but de renverser le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva qu'ils qualifient d'illégitime. Le rassemblement, fourni, s'est déroulé dans une ambiance bon enfant, qui ne suffira pas à déboulonner le pouvoir en place
Dernière Minute : Les "Rouges"menacent de bloquer Pattaya et se déploient dans Bangkok

Plusieurs dizaines de milliers de personnes venant de tout le pays se sont rassemblées hier près du Parlement, autour de la Maison du gouvernement et en face de chez Prem Tinasulanonda pour protester contre "la main mise de certaines élites sur le pouvoir au détriment de la démocratie"(Photo Pierre QUEFFELEC)

L'ambiance était festive hier soir pour ce qui devait être le grand jour des "chemises rouges"destiné à venir à bout du gouvernement d'Abhisit Vejjajiva qu'ils considèrent illégitime. Le rassemblement, présenté par les autorités comme à haut risque, s'est transformé en une sorte de kermesse géante avec vendeurs de t-shirt rouges, applaudisseurs en forme de pied ou de c?ur, magazines, nourriture gratuite, etc. Il était en revanche impossible de trouver de l'alcool dans la manifestation, "une interdiction stricte des organisateurs", selon Jaran Ditapichai, l'un des chefs de files du mouvement.

L'ancien Premier ministre en exil s'est exprimé un court instant en anglais lors de son allocution : "Le combat n'est pas à propos de moi, a-t-il déclaré, il est à propos du pays, notre peuple et les futures générations. Nous voulons une Thaïlande fondée sur les principes de liberté, d'égalité et de fraternité."(Photo Pierre QUEFFELEC)

Trois conseillers du roi dans la ligne de mire
La police a évalué à plus de 100.000 le nombre de manifestants, certains observateurs estimant cependant ces chiffres quelque peu exagérés. Le rassemblement des fidèles de l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra campe autour du siège du gouvernement d'Abhisit depuis le 26 mars avec quelques milliers de partisans. Mais hier, les "Rouges"voulaient frapper un coup décisif. Ils espéraient au moins 300.000 personnes réparties entre le haut de l'avenue Rachadamonen Nok et autour de la maison du gouvernement, jusque chez le président du Conseil Privé du roi, Prem Tinasulanonda, 88 ans, accusé par Thaksin d'avoir orchestré le putsch de 2006 et d'alimenter, depuis, la crise politique.
Les manifestants ont demandé la démission d'Abhisit Vejjajiva et de trois conseillers du roi dont Prem. "Nous sommes venus ici pour expulser le gouvernement", a lancé à la foule Nattawut Saikua, lieutenant de Thaksin, ajoutant que Prem devait également démissionner pour "avoir incité l'armée à se tourner contre la démocratie".
Dans une nouvelle allocution donnée par visioconférence vers 20h, Thaksin a appelé les Thaïlandais à se rassembler encore plus nombreux "pour faire du pays une vraie démocratie". "Nous ne rentrerons pas à la maison les mains vides", a-t-il dit, encourageant les manifestants à "continuer jusqu'à la victoire". Celui qui a menacé le gouvernement avec une "révolution du peuple", a demandé aux fonctionnaires, policiers et militaires de faire acte de désobéissance civile. 

Devant chez Prem, les policiers accoudés sur leur bouclier côtoyaient gentiment les manifestants, même si parmi ces derniers certains ont eu la parole dure contre le Président du Conseil Privé du roi : "Il ne devrait pas seulement démissionner, il devrait être pendu,"a déclaré à la foule Joseph Lee, l'un des manifestants. (Photo Pierre QUEFFELEC)

Les chiens aboient, la caravane passe
10.000 policiers et soldats non-armés avaient été déployés autour de plusieurs sites, mais les forces de sécurité sont restées discrètes. Malgré les mises en garde des autorités vis-à-vis d'éventuelles provocations nocturnes par des "tierces parties"et d'un possible "attentat à la bombe", aucun signe de violence n'a été visible. Des rumeurs de coup d'Etat avaient même circulé, aussitôt rejetées par le chef des militaires le général Anupong Paochinda.
Abhisit a rejeté la demande des "Rouges"de dissoudre le Parlement et de provoquer de nouvelles élections anticipées. En dépit de la situation, il a confirmé la tenue ce week-end à Pattaya d'un sommet entre les dix pays membres de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) et leurs principaux partenaires, dont le Japon et la Chine. Alors que le chef de la police de Pattaya vient d'être mis au placard après l'agression mardi du convoi du Premier ministre, Abhisit a indiqué que tous les organes de sécurité étaient unifiés et que les précautions les plus strictes seraient prises pendant le sommet de l'ASEAN+6.
Les chemises rouges prévoient de poursuivre la manifestation de Bangkok jusqu'à vendredi et ont lancé hier un ultimatum de 24h pour obtenir la démission de Prem Tinasulanonda et les deux autres conseillers du roi. Les accusations explicites et croissantes contre le cercle du roi brisent un tabou dans la société thaïlandaise.
"Si l'on n'obtient pas la démission du [Premier ministre] maintenant, on reviendra plusieurs fois s'il le faut. La plupart des manifestants veulent gagner de n'importe quelle façon, violente ou non violente", a déclaré Jaran Ditapichai.
P.Q. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html avec AFP) jeudi 9 avril 2009

Voir aussi les conseils de prudence de l'Ambassade de France

Dernière Minute (15h20) : Les "Rouges"menacent de bloquer Pattaya et se déploient dans Bangkok
Les manifestants ont menacé aujourd'hui d'empêcher le sommet de l'Asean en ouvrant un deuxième front à Pattaya. "Si nous devons fermer la ville [de Pattaya] toute entière, nous le ferons"a déclaré le leader des "Rouges"Nattawut Saikua, depuis Bangkok. "Il est clair qu'Abhisit n'est pas prêt de démissionner, c'est pourquoi nous devons intensifier notre campagne?, nous devons faire ce que Thaksin a dit". A Bangkok, des centaines de manifestants se sont dirigés vers le quartier général du Parti démocrate, parti du Premier ministre, vers la Cour Constitutionnelle et le Ministère des Affaires Etrangères. Plusieurs dizaines de taxis ont commencé à bloquer Victory Monument. Jatuporn Promparn, un autre leader des "Rouges" a fait savoir qu'il annoncerait une intensification du mouvement avec de nouvelles mesures à partir de 16h si leurs demandes ne sont pas satisfaites. (LPJ - 09/04/09)

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Publié le 9 avril 2009, mis à jour le 10 avril 2009

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