La police thaïlandaise a annoncé vendredi qu'un militant des droits fonciers avait été abattu devant chez lui dans une petite communauté de la province de Surat Thani, dans le sud du pays. Selon les Nations Unies, il s'agirait du quatrième assassinat du genre en moins d'un an dans ce fief de l'ancien vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban
Chai Bunthonglek, 61 ans, chef d'un village de la communauté de Khong Sai Pattana, dans la province de Surat Thani, a été tué par balles par un tireur à moto le 11 février, selon la police. "Il a été touché trois fois et est mort instantanément sur les lieux", a rapporté à l'AFP le lieutenant Chawalit Thongma, de la police du district de Chaiburi, qui ajoute que les enquêteurs privilégient son engagement comme mobile principal du crime.
L'organe régional des Nations Unies en charge des droits de l'homme a demandé à la police d'identifier rapidement les assassins, arguant que les crimes envers les activistes dans le sud du pays étaient devenus trop fréquents. "M. Chai est le quatrième défenseur des droits de l'homme luttant pour les droits fonciers à être assassiné dans le sud de la Thaïlande depuis mai 2014", a rappelé le bureau des Nations Unies en charge des droits de l'homme en Asie du Sud-Est. (OHCHR) dans un communiqué.
Selon l'OHCHR, la communauté Khlong Sai Pattana est impliquée dans un conflit local avec une vaste plantation d'huile de palme, portant sur l'accès à la terre. Trois autres de ses membres ont été tués depuis 2010. "En dépit de l'enquête menée par la police, personne n'a été jugé pour ces meurtres", indique également le communiqué.
La province de Surat Thani abrite environ un quart des plantations de palmiers à huile du royaume et la plupart des raffineries. C'est aussi le fief du politicien et ancien Premier ministre Suthep Thaugsuban, lequel est propriétaire de plantations de palmiers dans la région. Suthep est soupçonné de plusieurs malversations et autres faits de corruption liés au secteur de l'huile de palme. En 1995, alors ministre de l'Agriculture, il avait été accusé d'avoir donné à de riches propriétaires de Phuket des terres destinées à des fermiers pauvres. Ces accusations avaient précipité la dissolution du gouvernement de Chuan Lekpai. En 2013 et 2014 Suthep avait mené durant sept mois les manifestations anti-gouvernementales qui ont débouché en mai sur le coup d'Etat.
Les cas de disparitions forcées et d'exécutions extrajudiciaires d'activistes sont monnaie courante en Thaïlande, et les assassins sont peu souvent confrontés à la justice. Selon la Fédération asiatique contre les disparitions involontaires, 81 cas auraient été recensés dans le pays depuis le milieu des années 90. L'un d'entre eux a été particulièrement médiatisé, au-delà des frontières du pays, il s'agit de celui de Por Cha Lee Rakcharoen, jeune militant Karen plus connu sous le nom de Billy. Il aurait été enlevé par des gardiens d'un parc national le 17 avril, au motif d'une soi-disant collecte illégale de miel.
Il devait alors rencontrer une minorité de villageois Karen dans le but de les aider à conduire une action en justice contre les autorités locales, accusées d'avoir incendié les foyers de 20 familles résidant dans le parc national de Kaeng Krachan en 2011.
Avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) jeudi 19 février 2015
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