73,58%, c'est le nombre de personnes qui estiment que les récentes attaques à la bombe qui ont frappé Bangkok sont liées à la politique, selon un sondage Suan Dusit, cité hier par le Bangkok Post. Les sondeurs n'ont toutefois pas demandé aux personnes interrogées à quel bord politique elles attribuaient ces attentats. Le sondage précise néanmoins que 58,49% des répondants sont pour une prolongation de l'état d'urgence à Bangkok, tandis que 18,87% pensent que le décret d'urgence doit être levé car cela pourrait être l'une des raisons de conflits dans le pays, 22,64% sont indécis. Autres chiffres intéressants, 17,08% des sondés croient que les attaques ont pour but de défier les autorités tandis que 45,23% estiment que les commanditaires ont des intentions destructrices envers le pays, toujours sans attribuer ces intentions.
Un faible pourcentage d'attaques meurtrières
Au total, 54 attaques à la grenade ont été officiellement rapportées dans les médias locaux entre le 15 janvier 2010, date de l'attaque contre les bureaux de chef de l'armée Anupong Paojinda, et le 8 septembre où trois explosifs ont été désamorcés par les autorités à Bangkok et Nonthaburi. Quatre morts et 147 blessés sont à déplorer, en particulier lors des attaques du 22 avril à Sala Daeng (1 manifestante anti-Rouges tuée et 80 blessés), du 8 mai à Lumpini (2 policiers tués et 12 blessés), du 14 mai à Ratchaprasong (15 manifestants Rouges blessés) et du 25 juillet en face du Big C de Ratchadamri (1 mort et 20 blessés).
Des "terroristes" bien maladroits...
Durant la période des manifestations anti-gouvernementales des Chemises rouges, entre la mi-mars et le 19 mai, cinq explosions ont eu lieu dans ou à proximité des zones de rassemblement, tandis que les autres ont été signalées dans des quartiers éloignés à Bangkok où en province. Certains engins ont été désamorcés par les autorités mais la majorité a explosé dans des parkings, à l'extérieur des bâtiments apparemment visés, sur des terrains vagues ou bien après avoir heurté des arbres. Le dernier cas en date est la grenade lancée en face des locaux de Channel 11, qui après avoir percuté des branches aurait abimé six voitures garées sur le parking. De plus, seules 12 attaques sur les 54 ont fait des blessés. En comparaison, dans les provinces du sud de Yala, Pattani et Narathiwat, 20 attentats à la bombe ont eu lieu rien que pour le mois de juillet, faisant 39 morts et 57 blessés, selon une source anonyme chargée de la sécurité nationale et citée par le quotidien The Nation.
... mais difficiles à attraper
Le discours du gouvernement concernant les attaques a quant à lui évolué ces derniers mois, devenant de moins en moins catégorique dans ses accusations au fur et à mesure que le temps passe. Après avoir attribué les violences aux Chemises rouges, en avril, les autorités ont pointé du doigt les "hommes en noir", des "terroristes" qui se seraient mêlés au sein de la foule afin d'inciter aux troubles. Mais ces dernières semaines, le Vice-premier ministre en charge de la sécurité nationale, Suthep Thaugsuban, a avoué à plusieurs reprises ne pas connaître les responsables des récentes attaques, tout en affirmant avoir la certitude qu'il y a derrière cela une volonté d'inciter au conflit et de démontrer l'inefficacité des mesures de sécurité du gouvernement. Toujours est-il que malgré plusieurs arrestations et le décret d'état d'urgence qui permet aux autorités d'accélérer les procédures sécuritaires et légales, aucun responsable d'attaque n'a pour l'heure été condamné, tandis que de nouvelles attaques sont signalées chaque semaine. Toutefois, bien que la situation semble être relativement calme ces dernières semaines, la crainte d'attentats plus graves persiste.
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) lundi 13 septembre 2010