Retrouvez le discours prononcé par le président de la République à l’occasion de la visite de la Première ministre néo-zélandaise à Paris lundi 16 avril 2018 ainsi que la déclaration conjointe franco-néo-zélandaise.
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d’accueillir à Paris, pour sa première visite en Europe, Madame Jacinda Ardern, Première ministre de Nouvelle-Zélande.
La Nouvelle-Zélande est un pays avec lequel la France, nation du Pacifique de part ses collectivités de Nouvelle-Calédonie, des îles Wallis-et-Futuna et de Polynésie française, entretien des relations d’amitié anciennes et une coopération concrète et opérationnelle que nous souhaitons approfondir et diversifier.
Il y a un siècle, nos soldats étaient côte à côte sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale et, en particulier, dans la Somme.
Et j’ai à l’esprit la libération héroïque le 4 novembre 1918 de Le Quesnoy par la division de Nouvelle-Zélande, une libération qui ouvrit justement la porte de la trouée de la Sandre et précipita ainsi la fin de la guerre.
100.000 soldats néozélandais ont été engagés dans le conflit à nos côtés en Europe et dans le Pacifique ; et 18.500 d’entre eux ont péri sur notre sol, tandis que 41.500 étaient blessés.
J’ai invité la Nouvelle-Zélande évidemment le 11 novembre prochain ; et également j’ai souhaité inviter la Première ministre au Forum de Paris sur la Paix que la France organisera à cette même date.
Je parlais de ces guerres menées ensemble pour nos valeurs et pour la liberté, il y a un siècle, et c’est de ce partenariat contemporain dont nous avons longuement parlé aujourd’hui l’un et l’autre.
Et je crois pouvoir dire que nous avons défini au cours de ce premier échange les grands axes de ce que peuvent être les prochaines années de notre relation. D’abord avec un engagement ensemble pour accélérer la lutte contre le changement climatique et pour l’environnement.
Je veux ici saluer l’engagement renouvelé de la Nouvelle-Zélande pour l’Accord de Paris, mais aussi pour votre engagement propre et des actions courageuses menées. Devant ce péril qui menace l’existence même de plusieurs États insulaires, en particulier dans le Pacifique, nous devons agir.
La Nouvelle-Zélande était présente au One Planet Summit et nous continuerons à agir ensemble dans le cadre de plusieurs initiatives, sur lesquelles nous sommes revenus durant notre échange, en particulier le dispositif de surveillance des risques climatiques dans la région, l’Alliance solaire internationale où je souhaite que nous puissions travailler ensemble, l’initiative sur la biodiversité et le climat pour le Pacifique annoncé lors du One Planet Summit du 12 décembre dernier, mais aussi le travail pour le Partenariat mondial pour l’environnement.
Sur chacun de ces sujets, nous avons une action conjointe à mener et je souhaite que notre partenariat puisse être structurant.
Le deuxième axe, c’est le commerce international. Nous avons évoqué l’adoption à Bruxelles d’un mandat de négociation d’un accord de libre-échange. Et je crois pouvoir dire que nous avons constaté une approche très similaire, en promouvant des accords qui soient conformes à la mise en œuvre de l’Accord de Paris ; et qui inclut une exigence élevée en matière de responsabilité sociale et de bien-être pour tous.
Et je crois que cette nouvelle génération d’accords commerciaux que nous pouvons porter et l’accord entre la Nouvelle-Zélande et l’Union européenne peuvent à cet égard être un modèle.
Le troisième axe, c’est la défense et la sécurité. Notre coopération de défense avec la Nouvelle-Zélande est déjà multi-dimentionnelle, et nous souhaitons que cette coopération avec nos voisins du Pacifique s’approfondisse, en déclinaison aussi de l’axe indopacifique pour notre politique étrangère que j’ai définie lors de ma récente visite en Inde.
Nous avons abordé justement ce sujet stratégique et notre volonté de construire ensemble un partenariat durable encore plus large, pour à la fois préserver nos intérêts dans la région, mais aussi garantir la pleine neutralité et les équilibres de la zone indo-pacifique.
J’ai eu l’occasion aussi de saluer l’appui de la Nouvelle-Zélande à la coalition internationale contre Daech ; et plus largement le soutien et la vision je crois très alignée que nous avons sur les grands sujets de défense et de sécurité.
Enfin, nous souhaitons également diversifier et dynamiser notre coopération économique, culturelle, éducative et scientifique. Je souhaite que nous puissions renforcer nos échanges en matière d’innovation, la communauté scientifique franco-néo-zélandaise s’est structurée au cours des derniers mois. Il y a des start-up néo-zélandaises qui ont participé aux Salons Futur en Seine et Vivatech ; et nous allons poursuivre dans cette direction.
Dans le domaine éducatif, le français est la première langue étrangère enseignée dans le système scolaire néo-zélandais ; et nous allons accentuer nos coopérations en matière de formation. Et en matière touristique, je crois que nous pouvons là aussi continuer à faire beaucoup, ce que l’un et l’autres nous sommes résolus à conduire.
Je me rendrai dans la région début du mois de mai, en particulier en Nouvelle-Calédonie, mais je souhaite que nous puissions poursuivre cet échange. Et donc, j’aurai l’occasion un peu plus tard de me rendre dans votre pays, puisque vous m’y avez invité et je vous en remercie.
Et on le voit bien, nous avons des nouvelles perspectives pour construire des liens très forts entre nos deux pays, avec néanmoins - si vous me l’autorisez Madame le Premier ministre - peut-être quelques domaines d’amicales confrontations.
Je pense tout particulièrement à ce qui se passera en juin prochain avec le déplacement du 15 de France en Nouvelle-Zélande, où là je ne pourrai pas parler de stratégie totalement commune puisqu’il faudra bien un gagnant pour ce match. Et j’ai peur que nous n’attendions pas tout à fait les mêmes résultats.
Mais hormis ce rendez-vous très ponctuel, je crois que nous avons ensemble des perspectives extrêmement solides et la volonté de renforcer cette amitié de longue date, par une ambition (je crois) réinventée et qui permettra à nos deux pays de construire notre avenir.
Parce qu’il s’agit de stratégies de défense, d’environnement, d’une nouvelle forme de négociation commerciale ou des échanges entre nos jeunesses et nos scientifiques, nous parlons à chaque fois de la préservation de nos souverainetés et de la préparation de notre avenir.
En tout cas, merci d’avoir choisi la France pour cette première visite en Europe et merci d’être là./.
Retrouvez le discours sur le site officiel de l'Ambassade de France en Nouvelle-Zélande.