Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Auckland : le concept insolite Dans le Noir ? ou la gastronomie dans l'obscurité

Le mois d'avril est le mois de l'inclusion. Certaines entreprises parviennent à trouver une veritable force dans la différence. Nous sommes partis à la rencontre du concept restaurant Dans le Noir ? qui emploie des personnes aveugles et malvoyantes. Emilie gère le restaurant d'Auckland et nous en dit plus.

Dans le Noir à Auckland Dans le Noir à Auckland
Écrit par Hélène Confuron
Publié le 27 avril 2024, mis à jour le 30 avril 2024

 

Bonjour Emilie, tu es la manager du concept ici à Auckland, peux-tu nous expliquer la genèse de ce projet ? 

Depuis 2004, Dans le Noir ? propose à travers le monde de déguster une cuisine gastronomique et créative dans l’obscurité totale, accompagnés et servis par des guides inattendus. Dîner dans le noir absolu est une expérience originale qui permet de réévaluer notre perception du goût tout en nous réappropriant nos sens, de ré-enchanter notre relation au monde et aux autres et de vivre une rencontre surprenante avec la différence ! 

 

Quelles sont donc les spécificités de ce restaurant en termes d'inclusion ? 

À Dans le Noir ? Auckland, le menu surprise est étonnant, mais les serveurs le sont tout autant puisqu’ils sont aveugles ou malvoyants. Une expérience sensorielle donc, mais aussi très humaine, où vous découvrez le monde de la déficience visuelle. Enfin, nous avons choisi d’avoir des tables partagées car dans le noir, les préjugés s’évanouissent, laissant place à une connexion plus profonde et authentique. Une belle expérience sociale où nos convives ressortent souvent avec de nouveaux amis. 

 

Quels sont les challenges auxquels tu te retrouves confrontée ? 

Adapter le métier de la restauration à une personne malvoyante peut paraître fou, mais avec de l’imagination et quelques ajustements, c’est plus que réalisable ! Ils sont finalement les plus aptes à servir dans le noir. Je dirais que le véritable challenge est finalement de réussir à leur donner confiance en eux. En leur capacité à réaliser ce métier qui leur était jusque-là fermé, comme beaucoup d’autres dans le monde professionnel malheureusement. C’est aussi embarquer les clients dans ce jeu de confiance. Les encourager à lâcher prise pendant cette heure et demie où pour la première fois, ce sont eux qui sont guidés par une personne handicapée et plus l’inverse. 

La Nouvelle-Zélande semble s’efforcer à offrir aux handicapés l’opportunité de travailler et de s'intégrer pleinement à la société.

 

Une telle initiative est-elle moteur de changement ? Quel est l’impact d’un tel projet sur notre société ? 

Je suis passionnée par ce projet parce que derrière l’apparence d’un simple dîner, on brise les barrières et promeut l’inclusion sociale d’une manière unique et savoureuse. Sans en avoir l’air, on sensibilise le public aux défis du quotidien et aux réalisations des personnes handicapées. Et en partageant leur histoire et leurs expériences, nos guides-serveurs brisent tous les tabous et stéréotypes et encouragent le dialogue. Nous montrons aussi en termes de responsabilité sociétale des entreprises, qu’il est possible de gérer un business profitable avec plus de 50% de son effectif handicapé, et sans subvention ni en en faisant la promotion. 

 

dln

 

 

Y a-t-il des différences culturelles à prendre en compte dans un pays comme la Nouvelle Zélande en comparaison avec le concept parisien par exemple ? 

Bien que le concept Dans le Noir ? soit universel, et maintenant dans une quinzaine de nos restaurants, chacun d’eux tient bien sûr compte des différences culturelles de leur pays. Cela s’applique au management des équipes, très autonomes ici. Mais aussi sur l’ouverture d’esprit de nos convives, leur sensibilité et curiosité. Notre clientèle kiwi peut être d’abord frileuse de ce lâcher prise et proximité des tables partagées, mais finit toujours par se prêter au jeu ! 

 

La NZ semble-t-elle être avancée selon toi ou en retard en termes d'inclusion sociale ?

Contrairement à d’autres pays où nous sommes implantés, tous les guides-serveurs kiwis ont un deuxième emploi. Blind Low Vision NZ, société des transports… la Nouvelle-Zélande semble s’efforcer à offrir aux handicapés l’opportunité de travailler et de s'intégrer pleinement à la société. De nombreux aménagements sont aussi présents en ville : rampes d’accessibilité, signaux sonores sur les passages piétons, braille sur les toilettes publics, mise à disposition de fauteuils roulants dans les musées, signalisation des randonnées accessibles, brochures dédiées… Je trouve aussi l’audiodescription et l’assistance plus développées dans les établissements culturels que j’ai pu visiter. La France a de quoi s’inspirer !

 

 

 

Flash infos