Edouard Le Goff est un français expatrié de 28 ans. Il a monté son restaurant en plein cœur d’Auckland et a créé Le Renault French Festival. Il est aujourd’hui nominé dans la catégorie " Jeune Espoir " des Trophées des Français de l’étranger organisé par lepetitjournal.com Ensemble, revenons sur son expérience en tant qu’entrepreneur français en Nouvelle-Zélande.
Peux-tu nous raconter ton parcours et tes débuts en Nouvelle-Zélande ?
Je n’avais pas de business en France, je me suis cherché un peu on va dire. J’ai fait une école de commerce, en même temps qu’un CAP boulangerie. Puis je suis partie en Australie il y a 8 ans et j’ai adoré le système anglo-saxon. Tu pouvais arriver avec 50$ et repartir avec un bon paquet d’argent, juste en travaillant. C’est un peu une autre version du rêve américain. Après je voulais rester dans le même style de pays alors je me suis dit, pourquoi pas tenter la Nouvelle-Zélande, en plus j’aime beaucoup le rugby et j’avais un ami ici donc c’était l’occasion.
J’ai d’abord fait des petits boulots parce que je suis arrivé ici avec seulement 500 dollars en poche. Pendant les six premiers mois j’ai cherché un peu à droite à gauche pour ouvrir une boulangerie française. Au début, ça a été compliqué de trouver des investisseurs et on a dû annuler notre premier projet. Puis mon pote Gabriel et moi, on a rencontré Paul qui nous a proposé de reprendre son café qui ne marchait pas très bien. C’est parti d’un coup de bol. Pour moi c’est le début de tout, d’ailleurs Paul est toujours mon partenaire. C’est ce qui m’a permis de commencer un business ici parce que j’avais zéro dollar et que là, le café était déjà monté. On a fait ça pendant un an. Puis on a ouvert un café Le Rendez-vous, c’est là que j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire au niveau français en Nouvelle-Zélande. On a ouvert un premier Chef sur Victoria Street, puis on a lancé celui-là en septembre 2015. Depuis je me concentre dessus.
Pourquoi c’est important pour toi de créer un petit bout de France ici ?
J’ai vu qu’il y avait de plus en plus d’expats français, de backpackers et pas mal de Français qui habitaient là depuis longtemps et qui étaient en quête de leur culture. Je me suis dit que j’allais jouer la carte à fond. Auckland est le point le plus loin de Paris. Si un jour ils veulent écouter du Patrick Sébastien en buvant un Ricard et en mangeant un croque-monsieur, ils peuvent le faire ici, en plein centre d’Auckland. 80% de ma clientèle est kiwie mais c’est important pour moi qu’il y ait toujours des français dans mon bar pour créer une vraie ambiance française. Les Kiwis se sentent vraiment dans un petit bistrot parisien et ils aiment beaucoup cette atmosphère, où on parle beaucoup français. Ils ont un attrait particulier pour notre culture.
Que représentent pour toi les trophées des Français à l’étranger et quelle a été ta réaction quand tu as su que tu étais finaliste dans la catégorie jeunes espoirs ?
Je suis fier de ça, je suis fier d’en être arrivé là en si peu de temps. Mais je ne m’en rends pas compte parce que je bosse en permanence, je n’y pense pas trop. Mais au moins cela prouve à ma famille et à mes amis en France que je fais quelque chose et que ce que je fais à quand même un peu de valeur, donc c’est sympa. Ce que j’ai bien aimé en tout cas, c’est de me retrouver en compétition avec des gens qui sont dans des pays différents, c’est une bonne idée.
Comment décrirais-tu ton expérience en tant qu’entrepreneur français en Nouvelle-Zélande ?
La clé de l’entreprenariat aujourd’hui c’est de réussir à déléguer. L’idée c’est que je mette des gens qui sont plus forts que moi à des postes, après on se dirige ensemble dans la même direction. Je fais en sorte que leur passion colle avec mes projets. Je suis vraiment fier de cette équipe. Tout ça fonctionne grâce à eux. Et si aujourd’hui je suis capable de faire des projets comme le Renault French Festival qui arrive en juin, c’est parce que j’ai une équipe importante qui me suit derrière.
Si quelqu’un, un jour, veut s’implanter en NZ je pense qu’il faut vraiment essayer de trouver un partenaire sur place parce que ça change vraiment les choses. C’est dur d’arriver dans un pays et de s’imposer comme ça, il faut se renseigner et s’insérer doucement. J’ai un partenaire kiwi depuis le début et c’est une vraie facilité. Il est solide, a de bons contacts, les bons tuyaux... Je serai allé trois fois moins vite sans son aide. Si on arrive pour faire du pro français à 100% ça ne marche pas, on est obligé de s’adapter.
Les Trophées des Français de l'étranger seront remis le 13 mars prochain au Quai d’Orsay.
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