Connaissez-vous Guy Needham ? Déniché par le collectif de voyageurs français Bornes To Be Wild, ce photographe néo-zélandais tient actuellement une exposition sur le peuple Mentawai au Studio 541 sur Mount Eden road. Inspiré par les photos de Jimmy Nelson – Before they pass away – Guy Needham capture la beauté des peuples indigènes du Pacifique. Menacés face aux avancées du monde moderne, de l’exploitation de leurs terres et d’une acculturation forcée ces peuples indigènes doivent plus que jamais se battre pour préserver leur mode de vie ancestral.
Guy Needham a un parcours plutôt atypique. Né dans le fin fond de la cambrousse néo-zélandaise, « là où il n’y a ni radio, ni télévision et où le journal arrive avec un jour de retard », il a très vite qu’une envie : partir d’ici et aller à la découverte du monde.
Comme pour la plupart des photographes, les débuts sont plutôt difficiles et il peine à faire décoller sa carrière. C’est lors d’un voyage au Maroc que les choses vont prendre une toute autre tournure. Un ami qui regardait ses clichés sur sa page Facebook lui conseille de les envoyer au journal The Herald. L’idée le fait rire mais il n’a rien a perdre alors il tente sa chance. Banco, ses photos sont publiées dans un reportage de deux pages. Tout s’enchaine alors : Sibérie, Beyrouth, Patagonie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Ethiopie du Sud, Sumatra, Sahara, El Salvador...il écrit des articles et prend des photos aux 4 coins du monde.
Ce n’est seulement que depuis 3 ans que Guy Needham a commencé à particulièrement s’intéresser aux sujets culturels. Après une première série de photographies réalisées en Papouasie, le photographe s’est rendu sur l’île de Sumatra en Indonésie. Il est parti à la rencontre du peuple Mentawai, surnommé « hommes-fleurs » par les occidentaux en raison des fleurs d’hibiscus dont ils se coiffent.
Les portraits qu’ils ramènent de cette immersion dans la jungle sont saisissants. Guy capture des visages et des morceaux de vies de ces tribus auxquelles il rend hommage derrière son objectif. Le secret d’un portrait réussi selon lui ? La connexion. « C’est facile de prendre une photo de quelqu’un mais c’est autre chose que de capter un regard à travers l’objectif. La chaleur, l’humanité, la confiance et le respect ne peuvent s’appréhender qu’après avoir passé du temps avec les personnes que l’on photographie ».
Ce qui le fascine le plus c’est de constater que ces peuples autochtones font perdurer leur culture et leurs traditions dans le temps malgré les différentes menaces qui les entourent (pressions du gouvernement, monde moderne…) Il est vrai qu’à l’ère du big data et de l’intelligence artificielle cela peut paraitre surréaliste de rencontrer des hommes qui vivent reculés dans la forêt, en totale harmonie avec la nature et ses esprits.
Et pourtant..! La forêt c’est la liberté pour les Mentawai. Pour rien au monde ils ne la quitterait. Les Mentawai vivent de la chasse et de la pêche. Chaque famille possède ses chamanes qui soignent et guérissent les malades grâce à leur connaissance savante des plantes. Ils vouent un culte à l’esprit des anciens et de la nature. Selon leurs croyances animistes, chaque être humain, végétal, animal ou même objet possède une âme, dont l’harmonie constitue l’équilibre de leur écosystème.
Ce peuple à mille raisons de fasciner et il a sans doute bien des choses à nous apprendre. C’est sur cette question que je cloture mon entretien avec Guy. Il m’explique qu’il a été frappé par le mode de vie si simple, les valeurs si pures et les priorités si bien définies des Mentawai.
Selon lui ce que le peuple Mentawai peut nous enseigner c’est d’apprendre à reconnaitre ce qui est important de ce qui ne l’est pas et de prendre du recul sur nos vies de consommateurs occidentaux over busy et accros aux selfies. En d’autres termes revoir son sens des priorités et prendre du recul sur son mode de vie, telle est la leçon à retenir de ce peuple qui érige le bonheur au sommet de l’échelle des valeurs de la vie.
L'exposition photo The Mentawai of Indonesia se tient actuellement au Studio 541, sur Mt Eden ROAD à Auckland. Elle se termine le 12 novembre.