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L’opossum : ce nuisible introduit en Nouvelle-Zélande au XIXe siècle

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Lorsqu’il est question d’opossums en Nouvelle-Zélande, il s’agit généralement des possums à queue en brosse de l’espèce Trichosurus vulpecula (Crédit image : Andrew Mercerjpg / Wikimedia)
Écrit par Madeleine Goujon
Publié le 3 juillet 2020, mis à jour le 5 juillet 2020

La Nouvelle-Zélande est connue pour sa faune marine variée, ses baleines, dauphins, manchots et otaries ainsi que pour ses nombreux oiseaux endémiques, dont notamment le kiwi qui prête son nom aux habitants de l’archipel. Le pays est également connu pour ses moutons et ses opossums. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne vient de là-bas. Si les moutons sont toujours appréciés par les Néo-Zélandais qui déplorent le déclin du ratio du nombre de moutons par habitant, les opossums en revanche constituent un réel fardeau… un programme de lutte contre ces espèces invasives a d’ailleurs été lancé.

Opossum, Possum, Phalanger : quelles différences ?

Un opossum est un nom générique désignant de nombreux animaux différents. Selon la classification des espèces, les opossums peuvent être regroupés en deux ordres principaux : les Didelphimorphia, trouvés sur le continent américain, et les Diprotodontia, résidents de l’Australasie. Ces animaux, bien différents, ont pour caractéristique commune d’être des marsupiaux, des mammifères qui, comme les kangourous, les koalas ou les wombats, portent leur progéniture dans une poche ventrale.

 

 Opossum de Virginie (Crédit photo : Andrew Cannizzaro/ Wikimedia)
Un opossum pouvant être trouvé sur le continent américain, dit opossum de Virginie (Crédit photo : Andrew Cannizzaro/ Wikimedia)
 

 

Les opossums qui peuplent la Nouvelle-Zélande ont plusieurs appellations : phalangers, phalangers-renard, opossums d’Australie, opossums à queue en brosse, ou encore possum. D’ailleurs pour ne pas confondre les espèces d’Océanie et celles d’Amérique, l’Australie – puis la Nouvelle-Zélande – avait décidé de dénommer les animaux sur son territoire « possums ». Manque de chance, les américains ont pris l’habitude de faire la même contraction du mot opossum en possum pour désigner les animaux sur leur territoire à eux.

Quoi qu’il en soit, lorsqu’il est question d’opossums en Nouvelle-Zélande, il s’agit généralement des possums à queue en brosse (de l’espèce Trichosurus vulpecula) : des animaux arboricoles nocturnes à fourrure, faisant la taille d’un chat, avec des griffes, une queue touffue, un visage pointu et de grandes oreilles.

Une espèce exotique problématique

Comme le mouton en Nouvelle-Zélande, l’opossum n’est pas d’origine néo-zélandaise. Provenant d’Australie, il a été introduit par les colons européens au XIXe siècle pour développer l’industrie de la fourrure et constituer une ressource en viande.

 

Possum à queue de brosse (Crédit image :  Andrew Mercerjpg / Wikimedia)
Un possum pouvant être trouvé en Australie et en Nouvelle-Zélande, appelé possum à queue en brosse (Crédit image :  Andrew Mercerjpg / Wikimedia)

 

Selon James Russell, maître de conférence en biologie de la conservation à l’Université d’Auckland qui s’exprime dans une vidéo Brut., les seuls mammifères qui étaient présents en Nouvelle-Zélande avant que les hommes arrivent étaient des animaux volants et aquatiques, et donc non habitués à la présence d’animaux terrestres.

Affectionnant particulièrement le climat et les denses forêts primaires, et n’ayant que très peu de prédateurs naturels, les opossums introduits en Nouvelle-Zélande se sont rapidement multipliés. L’archipel en dénombrait près de 70 millions dans les années 1980. Dévorant les forêts, pillant et détruisant les nids et les oeufs d’oiseaux, l’animal a été déclaré, dès la moitié du XXe siècle, « espèce nuisible ». Consommant les mêmes feuilles, fruits, baies et nectars que les oiseaux endémiques, tels que les kiwis, les possums sont devenus de réels rivaux des espèces indigènes qui voyaient leurs vivres se réduire. Ces petits marsupiaux, également porteurs de la tuberculose bovine, coûtent cher à l’industrie agraire du pays. Selon le Gouvernement, près de 4 000 espèces indigènes de faune et de flore seraient aujourd’hui considérées comme « menacées » par la faute de ces prédateurs.

Une lutte radicale contre l’espèce

Au contraire de l’Australie qui protège l’animal, le Gouvernement néo-zélandais en est venu à qualifier l’opossum « d’une des plus grandes menaces pour l’environnement naturel ». Piégeage, empoisonnement, postes d’appât sont entrepris pour réduire la population d’opossums et protéger la faune et la flore indigènes.

 

 

Le Ministère de la Conservation a d’ailleurs lancé un plan « Nouvelle-Zélande sans prédateurs d’ici 2050 », visant à débarrasser la Nouvelle-Zélande des possums, rats et hermines. Le Gouvernement avait annoncé investir 2 millions de dollars pour 2019-2020, « puis 1,4 million de dollars par an pour améliorer les outils actuels de contrôle des prédateurs ». Les campagnes ont déjà eu d’importants résultats, l’archipel comptant aujourd’hui environ 30 millions d’opossums.

 

 

Une question peut néanmoins être posée : faut-il décimer certains animaux pour en sauver d’autres ? D’autant plus lorsqu’une lutte devient un « massacre », normalisant les actes de violence envers les animaux.

 

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