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MIGHTY RIVER POWER - L'affaire fait ressurgir le débat sur les droits des Maoris

Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 19 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

 

(photo AFP) Le Conseil des Maoris a annoncé que si le gouvernement procédait à la vente de ses parts au sein de Mighty River Power, une action en justice serait intentée dans l'heure. Dès lors, le gouvernement a décidé de retarder l'échéance tout en réfutant en partie l'analyse du Tribunal de Waitangi sur la question. Mighty River Power est une entreprise étatique gérant deux stations électriques, sur la rivière Waikato.


Un enjeu économique


Mighty River Power est le résultat du démantèlement de la "Electricity Corporation of New Zealand" suite aux réformes sur l'électricité en Nouvelle Zélande en 1999. Monopole étatique, le gouvernement à l'initiative de son Premier ministre John Key  souhaite, sous fond de crise économique, vendre des parts. Une décision prise par le gouvernement lui-même a imposé que la dette ne dépasse pas 30% du PIB. La vente permettrait de respecter cette autocontrainte. Les bénéfices retirés de cette privatisation partielle aideraient à financer des projets du gouvernement tels que l'aménagement des écoles et l'investissement dans des infrastructures.


L'impasse du Traité de Waitangi


Cependant, Le Tribunal de Waitangi a conseillé au gouvernement de négocier avec le Conseil Maori la privatisation afin que celle-ci n'aille contre leurs intérêts. D'autre part, les Maoris contestent la lecture du Traité de Waitangi datant du 6 Février 1840, évoquant une traduction erronée du document originel. Les Maoris pensaient en effet garder une autonomie dans la gestion de leurs affaires courantes. Le Tribunal  de Waitangi  a également demandé au gouvernement d'attendre la décision finale concernant le Traité pour prendre une décision commune et consentie. Cependant, la relecture du Traité de Waitangi par le Tribunal est en cours depuis 1975 suite à de nombreuses protestations et manifestations des Maoris. Ceux-ci ont demandé au Tribunal de retarder la vente des parts jusqu'à la décision finale sur la distribution des droits sur l'eau. Les "iwi", les tribus maoris, revendiquent des droits sur la rivière Waikato, directement liée à l'activité de Mighty River Power. Le gouvernement pensait pouvoir retirer entre cinq et sept milliards de dollars néo-zélandais de cette vente. Donna Hall, avocate du Conseil Maori, a assuré sur Radio New Zealand que celui-ci souhaite surtout une décision du Tribunal sur le Traité de Waitangi, sans être catégoriquement contre une vente des parts de Mighty River Power. Le tribunal a cependant assuré qu'une vente partielle des parts de la compagnie n'affecterait aucunement la renégociation du Traité entre la Couronne et les Maoris.
D'autre part, le Tribunal de Waitangi a conseillé la création de "share plus", qui donneraient des pouvoirs supérieurs aux Maoris sur les autres actionnaires de Mighty River Power. Cette notion reste cependant floue, John Key lui-même exprimant une incompréhension sur le fonctionnement et l'application de ces "share plus".


La contestation des observations du Tribunal par le Cabinet


Suite à une réunion avec son Cabinet, John Key a annoncé le gel de la vente partielle des parts de Mighty River Power jusqu'à l'année prochaine après avoir consulté deux "Queen Councils". La vente aura lieu de Mars à Juin 2013. Si l'opération doit couter cinq à dix millions de dollars néo-zélandais, John Key a refusé d'opter pour un consensus national sur la revendication des droits des Maoris sur l'eau, arguant que les entreprises ne sont pas concernées par les négociations sur le Traité de Waitangi. La Couronne et les Maoris sont en effet les seuls à être légalement visés par la négociation sur les droits sur l'eau. Pour John Key, l'attribution de "share plus" aux Maoris découragerait les futurs investisseurs. De plus, le premier ministre a également mentionné l'inégalité de fait que constituent ces "share plus". Selon lui, il n'est pas dans l'intérêt national d'octroyer des privilèges à une partie de la population.  Le gouvernement a annoncé en conséquence que des négociations seront organisées avec les "iwi" affectés par la vente, et s'étendront sur cinq semaines.

Filip Milo (www.lepetitjournal.com/auckland.html) mercredi 19 septembre 2012

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Publié le 19 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

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