Samedi dernier se disputait la demi-finale du championnat féminin de rugby néo-zélandais (The Farah Palmer Cup). L’affiche opposait Counties Manukau (tenant du titre en 2016) contre Auckland (le plus titré: 16 fois depuis la création du championnat en 1999). Une demi-finale gagnée par Counties Manukau 22-17 à domicile. Parmi l’effectif de cette équipe outsider et victorieuse, la jeune pilier de 19 ans Aotearoa Matau, surnommée Katie, auteur de 2 passes décisives sur 3 essais. Rencontre avec une joueuse hors du commun qui n’était pas destinée au rugby.
Charlène Bourlon pour Le Petit Journal Auckland : 2016, tu es sélectionnée avec les Blacks Ferns, la plus jeune joueuse de l’équipe. Il y a 2 mois, tu es championne du monde, ton premier titre mondial. Tu es désormais en finale du championnat national pour la 2ème fois consécutive! Quel parcours !
Aotearoa Matau : C’est incroyable ! C’est un honneur, je suis fière de représenter mon pays et ma région, j’ai seulement 19 ans. J’ai commencé le rugby il y a 3 ans en jouant mon premier match avec mon club Counties Manukau.
C.B : Etait-ce un rêve pour toi de devenir Black Ferns ?
A.M : C’est le rêve de beaucoup de joueuses. Je ne voulais pas devenir une Black Ferns ! Ce n’était pas du tout dans mes plans ! Auparavant, j’ai joué au Netball. Aujourd’hui je me dis pourquoi pas mais ce n’est pas une prioirté. Mes objectifs restent avant tout mes études (dans l’enseignement) et décrocher mon diplôme tout en continuant le rugby, évidemment.
C.B : Etait-ce difficile de concilier le sport à haut niveau et tes études ?
A.M : Oui, énormément. Je passais moins de temps avec ma famille, surtout pendant la Coupe du Monde. Etre une Black Ferns demande des sacrifices. Mais, le résultat en vaut la peine ! Lorsque nous sommes rentrées en Nouvelle-Zélande, à l’aéroport, c’était un moment excitant et unique, le pays était là pour nous accueillir, je n’avais jamais vécu ça !
C.B : Souhaites-tu évoluer dans un autre club néo-zélandais que Counties Manukau ?
A.M : Certainement pas ! Je veux rester fidèle à mon premier club. C’est un petit club mais une grande famille remplie de valeurs ; connu pour ses légendes du rugby comme Jonah Lomu, aujourd’hui Sonny Bill Williams ou encore Kieran Read.
C.B : Et dans un club français ?
A.M : Totalement même si les joueuses ont un travail en parallèle, certaines sont semi-professionnelles ! Ce serait excitant. J’aimerais décrocher un contrat, peut-être l’année prochaine et apprendre le Français.
C.B : Que penses-tu du niveau de l’équipe de France féminine actuellement ?
A.M : J’ai regardé quelques matches pendant la Coupe du Monde car je n’ai pas eu l’occasion de les jouer, j’espère les affronter un jour ! Leur niveau est très bon, elles peuvent faire de grandes choses. Ici, le rugby fait parti de nous donc nous devons être bons !
C.B : Quelle est ta vision du rugby féminin en Nouvelle-Zélande ?
Je pense que nous grandissons, nous écrivons l’histoire, le rugby féminin s’impose en partie grâce à notre 5ème titre mondial remporté. Chaque joueuse se donne à fond pour que les Blacks Ferns aient une place aussi importante que les All Blacks. Cela reste difficile.
Le rugby féminin n’est pas professionnel ici. Je joue en amateur. Je n’ai ni contrat avec les Blacks Ferns, ni avec mon club Counties Manukau. Pour le moment, je joue, je vis rugby, c’est le principal.
Retrouvez Aotearoa Matau lors de la finale de la Farah Palmer Cup ce dimanche 29 octobre à l'ECOLight Stadium ou en live sur Sky sport
Horaires et infos pratiques sur - Expat Guide -