Le chanteur, auteur-compositeur et poète Dionysis Savvopoulos, figure majeure de la musique grecque contemporaine, est décédé à 81 ans des suites d’un arrêt cardiaque, laissant derrière lui une œuvre profondément marquée par la liberté, la satire et l’engagement.


Ses funérailles ont eu lieu samedi 25 octobre à Athènes, en présence de nombreuses personnalités politiques et culturelles, dont le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, le président du Parlement Konstantinos Tassoulas et l’ancienne présidente Katerina Sakellaropoulou. La cérémonie, organisée aux frais de l’État, a rassemblé des centaines de citoyens venus lui rendre hommage.
« Il est l’un de ceux qui, tout en nous divertissant, nous ont définis. Il a été le chroniqueur du parcours grec pendant plus d’un demi-siècle », a déclaré le Premier ministre lors de son éloge funèbre.
Une voix emblématique de la Grèce moderne
Né le 2 décembre 1944 à Thessalonique, Dionysis Savvopoulos appartenait à une génération d’artistes qui ont façonné la culture grecque de l’après-dictature. Ses racines familiales à Constantinople et Philippopolis (Plovdiv) ont nourri une identité musicale ouverte aux influences orientales et balkaniques.
Inscrit à la faculté de droit de Thessalonique, il abandonne rapidement ses études pour se consacrer à la musique et s’installe à Athènes en 1963.
Dès 1964, il se fait connaître par son style singulier : un mélange de folk macédonien, de rock américain et de chanson à texte, inspiré par Bob Dylan ou Frank Zappa, mais ancré dans la poésie et la satire grecques.
Engagement et résistance
Artiste profondément engagé, Savvopoulos fut arrêté et emprisonné à deux reprises en 1967, durant la dictature des colonels, pour ses prises de position politiques et la dimension subversive de ses chansons.
Proche de figures emblématiques telles que Maria Farantouri et Manos Loïzos, il a fait de la musique un instrument de résistance culturelle et civique, mêlant romantisme, humour et critique sociale.
Un passeur de la culture grecque
Dans les années 1980, il anime à la télévision l’émission « Longue vie à la chanson grecque » (Ζήτω το ελληνικό τραγούδι), contribuant à faire connaître de jeunes artistes et à promouvoir la musique populaire grecque.
Cette activité médiatique consolide sa place dans la vie culturelle nationale, entre mémoire et modernité.
Marié à Aspasia Arapidou, affectueusement appelée Aspa, souvent évoquée dans ses textes, Dionysis Savvopoulos était père de deux fils, Kornelios (né en 1968) et Romanos (né en 1972), et grand-père de deux petits-fils, Dionysis et Andreas. En 2017, l’Université Aristote de Thessalonique lui a décerné le titre de docteur honoris causa pour l’ensemble de son apport à la culture grecque et à la littérature musicale.
Auteur de nombreux albums emblématiques, Dionysis Savvopoulos a su allier conscience sociale et création artistique. Sa musique, traversée de poésie, de satire et d’émotion, a accompagné plusieurs générations de Grecs, devenant une bande-son de la vie politique et sentimentale du pays. Son œuvre demeure une référence incontournable pour les artistes contemporains et un symbole de la liberté d’expression en Grèce.
La disparition de Dionysis Savvopoulos marque la fin d’une ère, mais son influence continue d’irriguer la scène musicale grecque.
De Thessalonique à Athènes, sa voix restera celle d’un pays qui a su transformer la douleur et la révolte en beauté.



























