Pupet est un artiste urbain grec et fier de l’être. Il a toujours peint et pense que le street art est un art à part entière. Lepetitjournal.com d'Athènes l'a rencontré pour en savoir plus.
Entre tags, graffiti et fresques murales, Athènes ne sait plus où donner de la tête. L’art urbain, ou plutôt le street art, s’est incrusté sur les murs de la capitale grecque ces dernières décennies. Autrefois décrié et incompris, cet art est pourtant représentatif de la population qui l’entoure et se veut accessible à tous, sans limite ni tabou.
Pour mieux comprendre ce qu’est le street art, lepetitjournal.com d’Athènes a décidé de rencontrer Pupet.
Lepetitjournal.com d’Athènes : Bonjour Pupet. Pourriez-vous vous présenter brièvement ?
Pupet : Bonjour, j'ai 35 ans et je vis et travaille à Athènes. Je suis peintre et mon nom d'artiste est Pupet. Il m'est venu d'un voyage à Prague il y a quelques années. J'étais fasciné par les marionnettes (puppet en anglais) en bois et j'en ai d'ailleurs acheté une.
Depuis combien de temps peignez-vous ?
Pour autant que je me souvienne, j'ai toujours peint, depuis petit. Puis adolescent, en 1996, j'ai commencé à faire des graffiti. Après le lycée, je suis allé à l’école des Beaux-Arts d’Athènes. Ensuite, pendant quelques années, j’ai fait différents petits boulots, mais j’ai décidé de tout quitter pour me consacrer à la peinture sur toile et au street art.
Le graffiti est plus du lettrage alors que le street art est plus du dessin, c’est bien ça ?
C'est à peu près ça en effet. Le graffiti revient à écrire son nom avec des styles différents alors que le street art est plus comme une vraie peinture dans la rue. Je considère les deux comme de l'art. Mais je n'aime pas vraiment le terme street art. C’est comme si c’était devenu une mode ces dernières années. En plus, on le confond beaucoup avec le graffiti, qui est pourtant complètement différent.
Pourriez-vous définir le street art ?
Il n’y a pas vraiment de définition. Mais selon moi, le street art, c’est l’action de peindre dehors, dans la rue. C’est juste une autre forme de peinture. On peut considérer les peintures urbaines comme de vraies œuvres d’art. La seule différence est qu’elles sont à l’extérieur, à grand format et accessibles à tous.
C'est illégal et pourtant on peut voir Athènes pleine de graffiti et peintures murales. Comment expliquez-vous cela ?
C'est vrai. C'est le résultat de la 'crise'. Ce n'était pas comme ça il y a quelques années, mais les choses sont devenues impossibles à contrôler. Par exemple, les trains sont tous peints. Pour moi, c'est fou car lorsque que je faisais des graffiti sur les trains dans le passé, c'était assez dangereux et l'œuvre que je faisais dans la nuit avait déjà été effacée le matin ! De nos jours, il y a beaucoup plus de tolérance.
Cela a d'ailleurs forgé la réputation d'Athènes pour son art urbain.
Je pense que ce sentiment existe à cause du nombre important de graffiti et de peintures dans le centre d'Athènes. Il faut aussi ajouter que ces dernières années il y a eu un accroissement d'artistes urbains à Athènes. Beaucoup de bons artistes se sont améliorés et leur travail a été reconnu à l'étranger.
Il y a même des tours de street art. Qu'en pensez-vous ?
J'en ai entendu parler, mais je n'en sais pas plus. Si cela se fait sans profit c'est cool. Les artistes galèrent en général dans leur vie, donc je considère que si c’est payant, ils devraient bénéficier de cet argent, mais je ne sais pas comment cela pourrait être possible.
Qu’est-ce qui vous attire dans le street art ?
Peindre en plein air est comme méditer pour moi. Je vais la plupart du temps dans des endroits abandonnés pour ne pas avoir à m’inquiéter du désordre que je vais provoquer. Je suis dehors, à l’air frais, seul, loin de tout, juste moi, mes peintures et ma grande ‘toile’. N’est-ce pas génial ?
Dans certaines de vos œuvres, nous pouvons voir des personnes ou parties de corps complètement tordues. D'où trouvez-vous cette inspiration ?
Je ne sais pas vraiment, je pense que je le fais car je trouve cela plus intéressant qu'un corps-visage normal. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé la distorsion. Ma thèse à l'école était justement focalisée sur ce sujet. Concernant mon inspiration, cela vient surtout du corps et du visage des femmes, mais j'aime aussi les fleurs, surtout le cactus.
Y a-t-il un artiste qui vous inspire ? Pourquoi ?
J'admire des artistes peintres et urbains, mais surtout à l'étranger. Je ne saurais pas dire pourquoi je les aime. Tout ce que je peux dire c’est qu’ils sont vraiment doués, et il y a quelque chose dans leur art qui me touche. L'un d'eux est Ata Bozaci, un artiste suisse.
Travaillez-vous sur un projet en ce moment ?
J'ai récemment commencé une nouvelle série de toiles se focalisant sur le visage des femmes, d'humeur mélancolique et solitaire. Je vais essayer de rester sur ce sujet pendant un moment. C’est un projet personnel mais j’espère que dans un futur proche, je pourrai organiser ma troisième exposition solo avec cette série de toiles.
Quel serait votre projet de rêve ?
Je n'ai pas vraiment de projet de rêve, mais je dois admettre que je suis assez fier de me focaliser sur mon art ces dernières années. Donc je serais heureux de pouvoir continuer à faire ce que j'aime et de pouvoir en vivre convenablement sans mettre de restrictions dans mon travail.
Pour suivre ou contacter Pupet
Site web : Pupet
Instagram : stelios_pupet