Face à la recrudescence des arrivées de migrants depuis les côtes libyennes, Athènes renforce sa posture de dissuasion. Des navires de guerre grecs seront bientôt déployés au sud de la Méditerranée.


La Grèce déploie sa marine au large de la Libye pour freiner l’immigration clandestine
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a annoncé, fin juin, le déploiement de navires de la marine hellénique dans les eaux internationales au large de la Libye. Objectif : contrer l’augmentation préoccupante des flux migratoires vers les îles de Crète et de Gavdos, devenues des points d’entrée privilégiés pour les réseaux de passeurs ces dernières semaines.
« Malheureusement, plusieurs incidents récents nous obligent à renforcer notre action de manière plus préventive et dissuasive », a déclaré Mitsotakis après avoir informé le président de la République hellénique, Constantine Tassoulas. Le chef du gouvernement a précisé qu’il avait demandé au ministre de la Défense et à l’état-major de déployer des bâtiments de la marine dans la zone, « en coopération avec les autorités libyennes et d’autres forces européennes », pour envoyer un message clair : « Ce ne sont pas les passeurs qui vont décider qui entre en Grèce. »
Athènes souhaite aussi porter la question libyenne devant le Conseil européen de jeudi prochain, et espère que des conclusions fermes viendront soutenir sa position.
Des traversées de plus en plus nombreuses et périlleuses
Ces dernières semaines, la pression migratoire s’est intensifiée sur les îles grecques situées au sud de la mer Égée. La petite île de Gavdos, au sud-ouest de la Crète, a accueilli plus de 400 migrants en une seule journée la semaine dernière. La plupart ont été localisés par l’agence européenne Frontex, puis sauvés grâce à l’intervention coordonnée des garde-côtes grecs et de plusieurs navires commerciaux. Ils ont été transférés dans un centre de premier accueil à Palaiochora, sur la côte sud de la Crète.
La plupart des embarcations partent du port libyen de Tobrouk, à environ 180 milles nautiques de la Crète. Les migrants, souvent originaires d’Égypte ou d’Afrique subsaharienne, embarquent sur des bateaux de pêche délabrés et surchargés, parfois sans nourriture ni équipement de sauvetage. Le trajet peut durer deux à trois jours, exposant les passagers à des conditions extrêmes.
Les autorités grecques affirment que bon nombre de ces navires entrent délibérément dans les eaux territoriales grecques pour envoyer un signal de détresse. Une stratégie qui, selon Athènes, instrumentalise les dispositifs de secours européens.
Une ligne dure assumée
Le gouvernement grec renforce ainsi sa ligne de fermeté face à une situation qu’il qualifie d’« intenable ». Avec ce déploiement naval, la Grèce entend à la fois prévenir les départs, renforcer la surveillance des routes migratoires et adresser un signal clair à Bruxelles. Mitsotakis souhaite que la solidarité européenne s’exprime également en matière de contrôle des frontières maritimes.
Ce tournant sécuritaire, qui s’inscrit dans une tendance plus large en Méditerranée, soulève néanmoins des questions sur la gestion des droits humains en mer et sur la coopération avec les autorités libyennes, régulièrement critiquées pour leur traitement des migrants.
































