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KARAGIOZIS - La marionnette grecque

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Karagiozis - Théâtre d'ombres
Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 25 septembre 2017, mis à jour le 18 février 2021

Bien avant la télévision, la radio ou même le cinéma, il existait un divertissement très prisé en Grèce dérivé des traditions folkloriques. Connu sous le nom de "théâtre d'ombres" ou "Karagiozis" en grec, des marionnettes manipulées par un marionnettiste(!) caché derrière un écran blanc (un morceau de tissu ou une feuille faisaient l'affaire) le tout mis en valeur par une lumière indirecte, il ravissait les spectateurs.

La Grèce figure parmi les très rares pays européens à avoir adopté le théâtre d'ombres, abandonnant cependant son aspect religieux et en y ajoutant la culture grecque, la musique, le folklore traditionnel, l'action et la satire sociale.

"Karagiozis", le principal protagoniste, était très populaire pendant la domination ottomane. Le marionnettiste qui se tenait derrière l'écran  était nommé "Karagiozopaihtis" (le joueur de "Karagiozis"). Le "Karagiozopaihtis" modifiait sa voix selon le personnage, changeant l'histoire en fonction de ses inspirations. Responsable de tous les aspects de la pièce, il était mime, écrivain, musicien, chanteur, metteur en scène et réalisateur !

Les thèmes s'adaptaient aux diverses questions sociales et politiques en cours, ainsi qu'aux événements historiques de la Grèce dominée par les Ottomans.

Par l'intermédiaire de son personnage, Karagiozis, sauvait le peuple de toutes les injustices. Fort, bossu, difformé,  Karagiozis dénonçait tous les dangers menaçant les citoyens. Très facétieux et taquin, il avait la préférence du public.

Origines de Karagiozis

Les érudits conviennent aujourd'hui que les Grecs ont "emprunté" Karagiozis à la culture ottomane qui a étouffé les Balkans et l'Asie Mineure :  le nom Karagiozis en turc, signifie "celui qui a les yeux noirs" de «kara» noir et "gioz"  les yeux.

Il existe diverses versions sur la façon dont le théâtre d'ombres a été créé en Asie Mineure. Certains récits pensent que les Turcs ont été influencés par les Tsiganes hindous, tandis que d'autres prétendent que les Chinois les ont influencés pendant la période nomade des tribus. Malgré les restrictions religieuses, le théâtre d'ombres s'est répandu au XVIe siècle parmi les Turcs musulmans. 

 Beaucoup de légendes et d'études offrent certaines théories : les commerçants grecs ont ramené le théâtre d'ombres de Chine ou bien un Grec a créé le théâtre d'ombres pendant la domination ottomane pour divertir le sultan.

La voix haute et forte du Karagiozopaihti, qui dépeint tous les personnages, pouvait être entendue dans la plupart des villes et des villages du pays , avec de nombreuses générations d'enfants grecs élevés avec Karagiozis et les autres personnages. 

Les personnages

Karagiozis :  Pauvre mais toujours animé et plein de vie et d'optimisme. Il vit avec sa famille dans une cabane d'une grande ville, avec pour voisinage le gigantesque palais ottoman du  "Pacha". Sans emploi, il a le don de s'impliquer dans des situation inextricables.
Bien sûr, il échoue toujours, se met en difficulté et finit par être fouetté, puni et battu, revenant dans sa cabane, affamé et pauvre comme auparavant. Comme il doit subsister, il commet de petits larcins dont il se vante et se justifie de vouloir nourrir sa famille. Son bras, soutenu par une tige que le Karagiozopaihti agite vigoureusement, est une représentation de ses vols.

Hatziabatis :  l'ami de Karagiozis toujours vêtu de vêtements ottomans. Parfois représenté comme honnête, dans d'autres versions, un voleur astucieux. 

Sir Dionysios : Un personnage représentant un aristocrate déchu, enclin à un mode de vie occidental qui tente d'agir gentiment et toujours avec un chapeau haut de forme. 

Barba Yiorgos : l'oncle de Karagiozis, un "homme de montagne" aux manières primitives, mais avec une âme douce et de réels sentiments d'empathie. Il vit dans un village mais "descend" en ville pour affaires ou quand il doit tirer son neveu d'une situation difficile. 

Veliggekas : l'homme "de main" du Pacha, dépeint comme policier. Il est turc albanais et ne parle pas grec.

Le Pacha ou le Veziris : le plus haut fonctionnaire turc ottoman, représentant le pouvoir et la richesse. Il est représenté comme juste et gentil avec ses sujets, qui ne sont pas autre chose que ses victimes. Le Pacha est rarement montré, sa voix est entendue aboyant des ordres. 

Morfonios : un personnage court sur pattes,  avec une énorme tête et un nez délirant . Il se trouve très beau et se vante de son apparence. Il est très gourmand et c'est l'un des personnages les plus sournois. 

Stavrakas : un personnage qui prétend être brave et courageux mais qui est en réalité lâche. Karagiozis le sait et le frappe souvent. Pourtant il remporte les faveurs du public  car il fait beaucoup rire dans ses tentatives de cacher sa lâcheté et d'éviter les coups.

Les autres personnages de Karagiozis, comme sa femme et ses enfants ou la fille du Pacha ne font pas toujours partie de la pièce, seulement lorsque le script l'exige.


La magie des représentations était aussi accentuée grâce aux accessoires facilement transportables. le fond de tissu (utilisé comme écran), les marionnettes, la source lumineuse (lanternes et lampes à gaz qui ont été lentement remplacées par des torches électriques), le décor et bien sûr le talent du Karagiozopaihti ont largement contribué à leurs succès.

Pour les nostalgiques, vous puvez acquérir une marionnette dans l'une des nombreuses boutiques touristiques ou bien découvrir le musée Haridimos d'Athènes, consacré à cet art et créé grâce à la donation de la collection de Sotiris Haridimos.

Informations musée :

Il est situé dans le centre culturel Melina Mercouri, 66  rues Iraklidon et Thessalonikis Thissio.
La station de métro la plus proche est à Thissio. L'entrée est gratuite.
Ouvert de 9h00 à 14h00 et de 17h00 à 21h00 tous les jours sauf le dimanche après midi et lundi.

Tél : 210 3452150 / 210 3414466 

lepetitjournal.com Athènes
Publié le 25 septembre 2017, mis à jour le 18 février 2021

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