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Erdogan à Athènes pour tenter d'améliorer les liens diplomatiques entre les deux pays

En assistant au Haut Conseil de coopération entre la Grèce et la Turquie, le président turc est déterminé à ouvrir une « nouvelle page » dans ses relations avec son voisin

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Écrit par Stéphanie Bordier
Publié le 7 décembre 2023, mis à jour le 21 décembre 2023

La semaine dernière devant un groupe parlementaire de son parti (AKP), Recep Tayyip Erdogan a exposé ses attentes concernant sa visite à Athènes et sa rencontre avec le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis soulignant que son gouvernement a la volonté de résoudre les différends.

 

« Notre ligne est claire. Nous ne considérons pas la diplomatie comme un jeu à somme nulle, ni comme un jeu dans lequel l’un gagne et l’autre perd… Pour nous, la diplomatie est une opportunité importante pour les deux parties de se rencontrer sur une ligne raisonnable et une opportunité que les deux parties peuvent atteindre. Gagner selon le principe gagnant-gagnant »

Erdogan a également souligné : "Nous pensons qu'il n'y a aucun problème que nous ne puissions surmonter lorsque nous nous asseyons pour discuter , principalement avec nos voisins"

De nouveaux accords bilatéraux - "Nous souhaitons développer notre coopération."

Depuis le séisme qui a ravagé la Turquie en février, les deux pays ont affiché leur volonté d'oeuvrer pour la normalisation des relations. C'est donc en tant que bon voisin qu'Erdogan sera accueilli ce jeudi 7 décembre à Athènes où il restera, accompagné de nombreux ministres, six heures seulement. Sa dernière visite remonte à 2017, et ce sera l'occasion cette fois-ci de rencontrer la présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou et Kyriakos Mitsotakis avant la signature d'accords bilatéraux suivi d'une réunion du Haut conseil de coopération bilatérale.

Kyriakos mon ami, nous ne te menaçons pas si tu ne nous menaces pas […] Renforçons la coopération bilatérale dans tous les secteurs : économie, commerce, transports, énergie, santé, technologie, éducation, jeunesse.

Athènes voit pour sa part, une occasion de maintenir le climat positif des dix derniers mois se voyant cependant prête à aborder certaines questions difficiles; on pense notamment aux différends autour de la souveraineté sur les îles de la mer Égée et l'exploitation des ressources énergétiques en Méditerranée orientale.

 

Au programme : un « agenda positif », délesté des questions qui fâchent

Les sujets à éviter lors de cette rencontre

  • Ankara reproche aux États-Unis de vendre des armes à la Grèce et de ne pas fournir les F-16 déjà payés.
  •  Suspens depuis 2020 autour de l'accord de 2016 sur les réfugiés entre la Turquie et l'UE, visant à lutter contre la traite d'êtres humains et à encourager la Turquie à accueillir les migrants

Il y avait des différends hier et il y en aura demain. Mais cette réalité ne signifie pas que nous ne pourrons pas trouver un dénominateur commun en tant que deux pays voisins partageant la même mer, le même climat, la même géographie.

Compte- rendu des des accords signés entre la Grèce et la Turquie et les différends soulevés

Lors de ce 5e Conseil supérieur de coopération entre la Grèce et la Turquie, 15 déclarations, protocoles d’accords ,et mémorandums d'entente ont été signés par les ministres compétents et leurs homologues turcs. Ces accords concernent un large éventail de secteurs, allant du tourisme, de l'énergie et du commerce jusqu’à la recherche, l'éducation et les transports. C’est dans un climat positif que les dirigeants ont évoqué la nécessité de trouver "de nouvelles voies créatives " dans leurs relations.

Tout en évoquant les tensions qui ont prévalu dernièrement, Kyriakos Mitsotakis et Recep Tayyip Erdogan ont également fait mention de l’apaisement des relations entre les deux pays ces derniers mois. Une allusion du président turc M. Erdogan concernant 'une "minorité turque en Thrace occidentale" a toutefois assombri momentanément l’atmosphère. Il a exprimé l'espoir "que la situation de la minorité turque en Thrace occidentale s'améliore comme l'exige le droit international ». Ce qui a immédiatement fait réagir M. Mitsotakis. "Pour moi, la Thrace est un exemple de coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans. Nous nous battons pour garantir l'égalité des chances à nos concitoyens musulmans dans la pratique", a déclaré le Premier ministre, ajoutant : "La désignation de la minorité musulmane de Thrace est déterminée par le traité de Lausanne " .

Mitsotakis et Erdogan ont également convenu de ne pas être d'accord sur le problème chypriote. Le premier ministre grec a déclaré : "Je le dis clairement, il n'y a pas d'accord sur la question de Chypre : il n'y a pas d'autre solution que les décisions du Conseil de sécurité des Nations unies". Le président turc a affirmé que toute solution devait prendre en compte "la réalité de l’île".

Pacte d'amitié et de coopération entre la Grèce et la Turquie

Ces désaccords n'ont toutefois pas empêché les deux dirigeants de signer un pacte d'amitié et de coopération entre la Grèce et la Turquie. Une première depuis le pacte historique signé en 1930 par Eleftherios Venizelos et Ismet Inonou. Les deux parties ont également signé un certain nombre d'accords, notamment sur le renforcement de la coopération en matière de migration et sur l'octroi de visas aux citoyens turcs visitant les îles de la mer Égée orientale. Plus important encore, Mitsotakis et Erdogan se sont mis d'accord sur les prochaines étapes du dialogue gréco-turc, le premier ministre grec semblant optimiste quant à l'ouverture d'une discussion sur la définition de la ZEE et du plateau continental. La prochaine étape sera le débat sur la définition de la Zone Economique Exclusive et du plateau continental. La nouvelles phase du dialogue politique, lorsque les conditions seront réunies, pourrait être l'approche de la délimitation du plateau continental et de la ZEE dans la mer Égée et la Méditerranée orientale, comprenant l’espace aérien.

Selon la Grèce, ce différend pourrait être porté devant la juridiction internationale de La Haye, « Avec le droit international et le droit de la mer comme boussole, qui est le navigateur le plus sûr dans le règlement des différends internationaux". a déclaré Mitsotakis. Pour sa part, le président turc a déclaré : "Nous avons échangé nos points de vue sur nos relations dans la mer Égée et la Méditerranée orientale et nous avons demandé aux ministres des affaires étrangères d'en discuter de manière décisive".

En référence à certaines critiques côté grec, Mitsotakis a déclaré:

"La géographie et l'histoire nous ont ordonné de nous tenir côte à côte. Certaines voix, tant en Grèce qu'en Turquie, ne sont pas d'accord avec cette approche. Mais j'estime qu'il est de mon devoir historique de saisir l'occasion de mettre les deux États côte à côte, comme le sont nos frontières ».

De son côté le président turc a ajouté:

« Nous sommes deux pays voisins qui partagent la même mer, la même géographie, le même climat et même la même culture dans de nombreux domaines. Il est tout à fait naturel qu'il y ait des problèmes entre deux pays, et encore plus entre des frères. La question est celle de la volonté de résoudre ces problèmes …». « … Nous voulons faire de la mer Égée une mer de paix et de coopération. Nous voulons devenir un exemple de coopération pour le monde entier grâce aux mesures communes que la Turquie et la Grèce prendront. Je le dis ouvertement, il n'y a pas de problème entre nous qui soit si important qu'il ne puisse être résolu. »

La visite de M. Mitsotakis à Ankara à la fin du mois d'avril constituera une étape cruciale dans le processus de dialogue politique exprimé à Athènes. D'ici là, le calendrier prévoit une série de contacts intenses entre la Grèce et la Turquie durant lesquels les ministres grecs et turcs compétents ont prévu de se rencontrer afin d’établir un processus de cartographie des eaux. Lors de son retour en Turquie, s'adressant aux journalistes à bord de l'avion présidentiel, M. Erdogan a déclaré que sa visite en Grèce s'était déroulée dans une "atmosphère très positive", ajoutant qu'elle pourrait ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les "voisins de la mer Égée", et a appelé à la "fin des guerres aériennes".

stéphanie bordier
Publié le 7 décembre 2023, mis à jour le 21 décembre 2023

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