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Dans les coulisses du Festival du Film Francophone avec Laetitia Kulyk

Laetitia Kulyk festival film francophoneLaetitia Kulyk festival film francophone
Écrit par Aurore Le Perff
Publié le 1 avril 2019, mis à jour le 2 avril 2019

La directrice du festival, Laetitia Kulyk, a accepté de nous plonger dans les coulisses du 20ème Festival du Film Francophone, dont la cérémonie d'ouverture va avoir lieu ce mardi 2 avril à Athènes.

Laetitia Kulyk est l’attachée de coopération audiovisuelle à l’Institut Français de Grèce (IFG) depuis bientôt 4 ans. Au service des industries culturelles, Laetitia Kulyk a pour mission de promouvoir la culture française en Grèce. Cela concerne autant l’audiovisuel, que la musique et la littérature. L’IFG soutient de nombreux festivals grecs musicaux et de films dans le but de promouvoir les talents français, mais aussi des éditeurs grecs pour faciliter la traduction des livres du français vers le grec, toujours dans la même optique : promouvoir les auteurs français.

Ainsi, parmi de nombreuses autres activités, Laetitia Kulyk organise le plus gros événement de l’institut et de l’ambassade : le festival du film francophone (FFF). Et cette année, il est assez particulier puisque c’est non seulement sa 20ème édition mais c’est aussi la dernière année de Laetitia Kulyk à ce poste. Heureuse de partir sur une ‘édition anniversaire’, elle nous livre les secrets de son organisation.

Lepetitjournal d'Athènes : Combien de personnes travaillent sur l’organisation du FFF ?

Laetitia Kulyk : Pour organiser tout cela, nous avons un noyau dur de 4 personnes, en collaboration avec le service communication de l’IFG, et puis une vingtaine de volontaires pour accueillir les invités dans les salles, répondre aux e-mails, récupérer les coupons de vote après chaque projection des films en compétition, etc.

Au niveau technique, nous travaillons avec des formats DCP (NDRL : copie de projection sur disque dur) et une personne s’en occupe à plein temps. Comme ces films transitent de festival en festival, ce n’est pas comme si on les avait à disposition trois semaines à l’avance. Puis nous avons Thessalonique à gérer aussi, donc il faut organiser toute une logistique. C’est du matériel digital, normalement il n’y a pas de souci. Mais les fichiers peuvent être corrompus durant le transport. Il est arrivé une année que 3 DCP ne fonctionnent pas. Au dernier moment, il a fallu remplacer les films. C’est un travail extrêmement complexe.

Vous avez annoncé Athènes – Thessalonique – Chypre.

basile doganis
Basile Doganis, réalisateur de Meltem

À Thessalonique, c’est une reprise de 14 films, avec 2 créneaux par jour dans une seule salle. Pour la première fois, deux talents vont se déplacer : Basile Doganis et Sandrine Dumas. Toute la partie médiatique se passe à Athènes, mais nous essayons de développer d’autres formes de partenariat à Thessalonique.

À Chypre, nous travaillons avec une association qui a une salle dans l’université de Nicosie qui est la seule à avoir une programmation régulière toute l’année. Mais ils ont des créneaux de projection assez limités. Quelques films seulement vont y être projetés. L’idée est d’avoir une résonance ailleurs et d’élargir le festival petit à petit, avec dans le futur peut-être un déploiement de l’événement.

Comment sélectionnez-vous les films en compétition ?

Je n’ai pas totalement la main sur la sélection définitive des films en compétition parce qu’ils concourent pour un prix. Ils doivent avoir été achetés en Grèce et sortir en salle après le festival. Nous sommes donc en contact avec les distributeurs grecs qui, selon leur plan et leur calendrier de sortie des films, proposent des films qui vont sortir après le festival ou maximum jusqu’à l’été.

En fonction des années et des achats, il y a plus ou moins de films à sélectionner. Cette année, moins de films ont été achetés car ces deux dernières années, les films français ont eu moins de succès en salles. Il y a une chute générale de la fréquentation en Grèce depuis 2-3 ans pour les films français. Il n’y a pas eu de grosse comédie type Intouchables ou Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu. C’est pour cette raison que les distributeurs sont un peu plus réticents. Mais là, il y a eu une très bonne sélection. Beaucoup de films sont très attendus.

le grand bain
Le grand bain de Gilles Lelouche - Un des films en compétition

Quelle est la particularité des films de la catégorie ‘Projections spéciales’ ?

Ces films ont été achetés en Grèce mais, pour différentes raisons, ne peuvent pas faire partie de la compétition. Typiquement, le film de clôture (NDRL diffusé le soir de la remise des prix). Mais, cette année, le film de clôture Le Mystère Henri Pick, proposé à l’origine par le distributeur, avait une autre particularité. Le film étant basé sur le livre de David Foenkinos, le président du jury, il y avait donc un conflit d’intérêt.

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Edmond d'Alexis Michalik

Un autre des critères du festival est de ne projeter que des films inédits. Le film Amanda est déjà passé au festival de Thessalonique en novembre dernier. De plus, tout comme pour Edmond, il est prévu de sortir juste après le festival. Donc niveau timing, s’ils gagnent un prix, ils n’auront pas le temps de faire le matériel promo en incluant les sponsors, etc.

Le marché en Grèce est très compétitif. Beaucoup de films sont achetés et distribués, ils n’ont pas trop le choix des sorties et sont obligés d’étaler sur toute l’année. Et selon les dates, ils peuvent entrer dans la catégorie en compétition ou pas.

Cette année les films classiques sont liés par le thème ‘Parfum et cinéma’. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Dans un premier temps, nous avons mis en avant les industries culturelles avec les thèmes ‘Adaptations littéraires à l’écran’ et ‘les grands compositeurs de musique de film’. L’année passée, nous voulions un secteur glamour, quelque chose qui était d’intérêt en Grèce : ‘Mode et cinéma’. Quelqu’un de la maison Dior était même venu et cela a très très bien fonctionné.

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Elisabeth de Feydeau, historienne du parfum

Donc pour les 20 ans je voulais quelque chose qui soit du même gabarit avec cette idée d’exception française, de classe à la française. La masterclasse sur les parfums va être présentée par une historienne du parfum, spécialiste auprès des grandes maisons de couture et parfumerie. Elle va pouvoir expliquer le monde du parfum, le lien au cinéma, au glamour, à la mode. Ce sont des choses qui font rêver, donc cela rentre dans le domaine du cinéma.

Qu’est-ce que la catégorie ‘Carte blanche’ ?

Nous mettons en avant des films provenant d’autres festivals. Les 2 premières années de sa mise en place, cette catégorie était à l’intention des festivals grecs : Animasyros, puis le Festival International du Film de Syros qui est un festival plus avant-garde avec des films plus expérimentaux. Nous avions fait le tour des festivals grecs donc depuis l’année passée nous faisons cette carte blanche autour des festivals français. Nous avons testé l’an dernier le festival Premiers Plans à Angers. C’est un festival intéressant qui met en avant les premiers films, donc de jeunes réalisateurs. Cela a très bien fonctionné.

Cette année, pour le 20ème anniversaire, je suis entrée en contact avec la croisette. Nous allons passer des films qui ont fait partie de la 50ème édition l’année dernière de la Quinzaine des réalisateurs, sélection parallèle du festival de Cannes.

La catégorie ‘Panorama’ propose beaucoup de films. Comment sont-ils choisis ?

Nous commençons à travailler sur la sélection des films à partir du mois d’octobre. Nous demandons aux vendeurs en France des liens vers les films qui sont disponibles pour la Grèce. Nous les visionnons et en janvier il y a les rendez-vous Unifrance qui sont en fait un grand marché du film français pour les distributeurs de différents pays. Cela me permet de voir, sur une courte période (3 jours), tous les films qui ne sont pas encore sortis en Grèce et qui sont récents.

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Emma Peeters de Nicole Palo, en partenariat avec les Ambassades de Belgique et du Canada.

Je complète cette catégorie selon mes critères. Principalement des films qui m’ont plu ou des films qui je pense ont un intérêt en Grèce, vont trouver un certain public ou qui vont plaire. Il y a aussi tout un travail de veille médiatique pour voir les films dont on parle, pour être dans l’air du temps.

Dans cette section nous avons aussi les ambassades francophones : cette année 7 films ont été proposés par 7 ambassades francophones, dont la République Tchèque. Ce pays fait partie de la francophonie depuis 1999. Même si ce n’est pas sa langue officielle, un pays peut faire partie de la francophonie à partir du moment où la langue française occupe une place assez importante dans le pays concerné.

Comment choisissez-vous le jury ?

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David Foenkinos, président du jury

Nous essayons toujours d’avoir un président du jury français et des personnalités grecques qui soient en lien avec le monde francophone. C’est principalement pour des raisons financières. Faire venir 5 membres du jury français, c’est 5 personnes en moins que l’on peut inviter pour présenter les films. Surtout que ce sont des personnes qui vont rester pendant toute la durée du festival.

Ce n’est pas toujours évident d’avoir un jury cohérent car les gens ne sont pas toujours disponibles, ou ont des difficultés par rapport à la langue française. Nous essayons d’avoir des personnes de mondes différents mais qui gravitent autour de la culture française et qui soient en lien d’une manière ou d’une autre avec le cinéma. Cette année, tout s’est bien passé, mais l’année dernière par exemple, il n’y a pas eu de président du jury. Le président du jury doit aussi avoir un lien avec la Grèce, ce qui est assez compliqué. Après 20 ans de festival, il n’y a plus tant de personnes que ça qui sont en lien avec la Grèce et qui sont connues aussi en Grèce. David Foenkinos, par exemple, est grec par ses grand-parents.

virginie efira festival film francophone
Virginie Efira sera à l'affiche dans 3 films 'Le Grand Bain', 'Amour Impossible' et 'Continuer'

Est-ce compliqué de faire venir les invités ?

C’est très compliqué en effet. Déjà pour les acteurs, c’est extrêmement complexe car le printemps, ils sont soit au théâtre, soit en tournage. On a donc généralement très peu d’acteurs qui viennent. Après, il y a les dates de disponibilités, et les autres festivals en même temps (Rome, Istanbul et Buenos Aires). En fonction des dates de projection des autres festivals, ils peuvent… ou pas.

Nous prenons en charge leur déplacement, hébergement mais il n’y a pas de rémunération. Cela fait partie du travail de promotion du film. Dans les contrats, ils sont censés promouvoir le film et pas seulement jouer dedans.

Des petites anecdotes ?

Certains font leur diva. On ne prend pas en charge certains artistes car on sait qu’ils ne se déplacent qu’avec leur équipe. Donc au niveau du financement, c’est impossible.

Sinon, certains vont se dire qu'ils sont à Athènes et veulent faire la fête toute la nuit. Donc ils ne sont pas en mesure de présenter le film correctement le lendemain. Nous avons tous les cas de figure. On va voir cette année comment cela se passe. Mais jusqu’à présent, cela a été. Cela dépend des délégations. Généralement les réalisateurs sont là pour promouvoir leur film, donc c’est plus au niveau des acteurs. Il fait beau, ils viennent avec leurs amis, ils prennent ça pour des vacances et veulent partir à la plage alors que des entretiens journalistes sont prévus. On leur dit alors que la mer est très loin et c’est impossible de se déplacer seuls. (Rires) On fait tout de même en sorte d’organiser pas mal de choses pour qu’ils aient le temps de se balader. Il faut que les gens repartent avec un bon souvenir de la Grèce et reviennent après.

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