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Mont Athos : patrimoine religieux et épisode de renseignement

Le Mont Athos, centre spirituel orthodoxe de Grèce, combine patrimoine religieux millénaire, traditions monastiques et histoires singulières, dont celle du moine-espion britannique David Balfour.

Mont AthosMont Athos
Écrit par Mounir Moujoud
Publié le 27 août 2025, mis à jour le 28 août 2025

Un site unique

Dominant la mer Égée de sa silhouette imposante, le Mont Athos, situé dans la péninsule du même nom au nord de la Grèce, est un territoire unique au monde. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1988, ce lieu sacré, surnommé la “Sainte Montagne”, abrite depuis plus de mille ans une communauté monastique orthodoxe vivant à l’écart du tumulte moderne.

Officiellement autonome sous l’autorité spirituelle du patriarcat œcuménique de Constantinople, le Mont Athos est régi par des règles strictes. L’une des plus emblématiques, et controversées, est l’interdiction absolue faite aux femmes, ainsi qu’aux animaux femelles, de pénétrer sur son territoire. Cette tradition, appelée avaton, remonte au Xe siècle et vise, selon les moines, à préserver la chasteté et la pureté spirituelle de la communauté.

 

Une vie monastique à l’écart du tumulte

Aujourd’hui, près de 2 000 moines vivent dans une vingtaine de monastères et de nombreuses cellules isolées, dédiant leurs journées à la prière, à la copie de manuscrits et à l’entretien de leurs terres. Le temps semble s’y être figé : électricité minimale, absence de routes modernes, et silence imposant rythmé par les cloches. Les visiteurs masculins doivent obtenir un permis spécial, le diamonitirion, délivré en nombre limité chaque jour.

Le Mont Athos attire depuis des siècles pèlerins, chercheurs et curieux, fascinés par la beauté de ses fresques byzantines, la richesse de ses bibliothèques et l’austérité de sa vie monastique. Les visiteurs autorisés peuvent se rendre dans certains monastères pour assister aux offices liturgiques, découvrir les fresques et icônes, ou consulter des manuscrits anciens dans les bibliothèques. Des sentiers relient les différents établissements religieux, permettant d’effectuer des randonnées entre les monastères et à travers les paysages boisés de la péninsule. Dans la région élargie de la Chalcidique, hors du territoire monastique, il est possible de visiter les villages côtiers, de pratiquer la navigation de plaisance ou d’explorer les plages et sites archéologiques, notamment ceux liés à l’Antiquité macédonienne.

 

David Balfour, moine et agent britannique

Parmi les figures célèbres liés au Mont Athos, figure David Balfour. Né en 1903 dans une famille aisée britannique, polyglotte et diplômé de plusieurs universités européennes. Initialement catholique, il s’intéressa à l’orthodoxie et séjourna au monastère russe de Saint-Panteleimon sur le Mont Athos en 1932. Ordonné prêtre sous le nom de Père Dimitrios, il officia dans différents lieux, notamment à Athènes, où il se rapprocha des élites politiques et militaires ainsi que de la famille royale grecque. Derrière son apparence modeste et son activité religieuse, il travaillait en réalité pour les services secrets britanniques, profitant de ses relations pour obtenir des informations stratégiques à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

 

Activités pendant et après la guerre

En avril 1941, peu avant l’entrée des troupes allemandes à Athènes, il abandonna la robe monastique et quitta la ville avec le personnel de l’ambassade britannique, rejoignant Le Caire. Désormais sous son identité civile et militaire, il poursuivit ses activités au sein du renseignement britannique et resta lié aux autorités grecques en exil. Après la guerre, il revint à Athènes comme haut fonctionnaire de l’ambassade britannique, participant à plusieurs épisodes politiques majeurs de la Grèce d’après-guerre. L’histoire de ce moine-espion illustre la manière dont le Mont Athos et ses figures ont parfois été impliqués, volontairement ou non, dans les grands enjeux géopolitiques du XXe siècle.

 

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