En 2018, le chiffre d’affaires d’Airbnb s’est élevé à plus de deux milliards d’euros. En Grèce, plus de 70 000 logements en location hébergés par la plateforme sont déclarés auprès des autorités. Pourtant, ce phénomène déjà massif n’est que la partie immergée de l’iceberg qui cache une réalité problématique sur différents aspects.
N'oublions pas qu'Airbnb était à l'origine un site communautaire donnant la possibilité aux particuliers 'd'arrondir leur fin de mois' en louant une chambre de leur appartement à bas prix et permettant à ceux qui n'ont pas les moyens de payer l'hôtel d'aller chez l'habitant. L'idée était de proposer une alternative économique aux jeunes voyageurs face à la saturation du marché. Mais l' "Air bed and breakfast" (lit gonflable et petit-déjeuner), proposé par les fondateurs à l'origine, n'existe plus et a été dénaturé par les besoins croissants des voyageurs et les propriétaires animés par l'appât du gain facile.
Les logements Airbnb non-déclarés
Dimanche 14 juillet 2019, les autorités grecques ont annoncé qu’elles avaient détecté plus de 20 000 biens hébergés par la plateforme Airbnb non-déclarés officiellement. De son côté, l’Autorité indépendante chargée des revenus publics (AADE) a également démasqué 130 propriétaires ayant dissimulé leurs revenus issus de locations Airbnb. Le responsable de l’AADE, Georgios Pitsilis, a alors demandé à la plateforme de transmettre aux autorités les coordonnées de tous les propriétaires référencés. Ceux qui ne possèdent pas de numéro d’enregistrement officiel risquent alors une amende de 5 000 euros. L’AADE a aussi exigé qu’on lui communique les transferts monétaires enregistrés sur la plateforme afin de vérifier qu’ils correspondent aux revenus déclarés aux autorités.
L’influence des sociétés de gestion
Avec l’explosion des locations sur Airbnb, les investisseurs cherchent à tirer profit de ce marché juteux. Selon le rapport «Greek Hospitality: 2018 Market Market Report» publié en février dernier par Arbitrage Real Estate, plus de la moitié des logements à la location sur les plateformes type Airbnb en Grèce, sont en réalité gérés par des sociétés de gestion. Ces sociétés proposent un ensemble de services tels que la gestion de l’enregistrement, du nettoyage, du départ, et la promotion d’annonces publicitaires. Selon Arbitrage Real Estate, ces sociétés empochent en moyenne 15 à 20% des revenus de chaque propriétaire. Les chaînes d’hôtels, qui enregistrent une baisse de leur fréquentation, tentent alors de se reconvertir en proposant ce type de services.
Une augmentation générale des loyers
La multiplication des biens loués via Airbnb a aussi pour conséquence de générer une augmentation générale des loyers. Les locaux, qui souscrivent des contrats de location à long-terme, pâtissent du succès de la plateforme. Des chiffres publiés par le gouvernement montrent qu’en début d’année, le prix des locations à long-terme avait augmenté de 30% dans certains quartiers d’Athènes en l’espace de seulement deux mois. Les locations à court terme représentent aujourd’hui plus de la moitié de l’ensemble des contrats de location en Grèce.
La semaine dernière, des résidents du quartier Koukaki, à côté de l’Acropole, ont organisé une marche pour protester contre l’augmentation de leur loyer dû à la multiplication des biens en location sur Airbnb. Dans ce quartier, le prix des locations a augmenté de 58% entre 2016 et 2018. Les locaux se retrouvent donc en difficulté pour assumer cette importante hausse des loyers.
"C'est absolument inacceptable d'être obligé de payer 500 euros pour un 30 m2 dans le quartier où l’on a grandi" s’est exclamé un manifestant à GTP Headlines.