Alors que l’aéroport international Eleftherios Venizelos d’Athènes enregistre une fréquentation record depuis le début de l’année et a lancé d’ambitieux travaux d’agrandissement, des voix s’élèvent pour dénoncer les défaillances d’un système de contrôle aérien vieillissant et le manque de moyens humains et matériels qui y sont dédiés.


Dans la nuit du 19 août dernier, plusieurs dispositifs indispensables au bon fonctionnement du contrôle aérien de l’aéroport sont tombés en panne. Les réparations ont tardé, la pièce de rechange était introuvable. Dans un aéroport qui, en période estivale, voit en moyenne plus de 2000 avions atterrir et décoller chaque jour, les conséquences d’une telle panne ne se sont pas fait attendre avec de nombreux retards de vols le lendemain.
La goutte de trop pour Ryanair
La compagnie aérienne irlandaise a déclaré que ces retards s’ajoutaient aux 5000 autres que ses vols ont connu depuis janvier 2025 à cause du contrôle aérien grec, appelant à une réforme complète au niveau européen – qui connait aussi de nombreux retards à son échelle.
De nombreux retards liés au vieillissement des équipements et au manque d’effectif
Eurocontrol, une organisation intergouvernementale en charge de l’harmonisation de la navigation européenne, signale que la Grèce est à l’origine de 9% des retards de vols sur le vieux continent entre juin et août de cette année, derrière la France, l’Allemagne et l’Espagne – et l’aéroport d’Athènes en porte la majeure responsabilité. Depuis 2022, les retards qui y sont enregistrés ne cessent d’augmenter, et sont principalement dus à un manque d’effectif dédié au contrôle du trafic aérien, selon Eurocontrol.
L’Association hellénique des contrôleurs aériens (E.E.E.K.E.) dénonce en effet la surcharge de travail liée à des effectifs insuffisants et à la fréquentation intensifiée de l’aéroport d’Athènes. Celui-ci est normalement conçu pour accueillir 22 arrivées par heure. Durant l’été, cette capacité est repoussée à 28 arrivées, et parfois même 36 – et absorbée par les contrôleurs aériens, qui estiment que sans leur surtravail, « les retards des trois dernières années auraient été multipliés ». L’E.E.E.K.E. met également en cause depuis plusieurs mois l’obsolescence du système de contrôle de trafic aérien. Selon eux, la pièce défectueuse à l’origine de la panne du 19 août avait ainsi été signalée depuis un an à l’Autorité de l’Aviation Civile (CAA), qui n’aurait pas pris les mesures adéquates.
Un constat partagé par la Commission Européenne
En juillet 2022, après plusieurs mises en demeure, elle décide de saisir la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) pour le non-respect de certaines réglementations européennes, dont la mise en œuvre d’une structure « Datalink » modernisant le contrôle du trafic aérien. Plus récemment, c’est le manquement de la Grèce à publier des procédures de navigation basées sur la performance qui a été épinglé par la Commission Européenne. A chaque fois, quelques mois sont laissés au pays pour prendre les mesures nécessaires – sans résultat concret jusqu’à présent.
Une nécessaire modernisation du système de contrôle aérien
Pour l’aéroport d’Athènes, qui affiche des ambitions à la hauteur à la hauteur de l’essor bondissant du tourisme dans le pays, il faudra bien que le système de contrôle aérien suive. D’après Eurocontrol, la Grèce était classée 7ème parmi les pays européens accueillant le plus de vols à la fin septembre, avec une moyenne quotidienne de 2323 vols. Une augmentation de 22% par rapport à 2019. De janvier à août 2025, la fréquentation était en hausse de 6,8 % par rapport à la même période de l’an dernier, avec 28 millions de passagers y ayant transité.
L’aéroport international a annoncé vouloir accueillir 33 millions de passagers à partir de 2026, et 40 millions d’ici 2032. Cet objectif est soutenu par un plan d’expansion massif de 1,3 milliards d’euros, permettant notamment l’extension des terminaux et la création de nouvelles infrastructures d’accueil – rien cependant qui ne concerne la modernisation des équipements de contrôle aérien.
C’est dans ce contexte que le ministre des Infrastructure et des transports, Mr. Christos Dimos, a récemment présenté un « plan d’action holistique » qui s’étendra jusque 2028, élaboré entre autres avec la Commission Européenne et Eurocontrol. 364 mesures pour « être totalement compatible avec [les systèmes de navigation] les plus avancés d’Europe ». Le plan prévoit notamment l’acquisition d’une structure Datalink et la réforme de l’Autorité d’aviation civile (CAA) afin de la doter d’une plus grande autonomie. Enfin, il a annoncé le recrutement de 97 nouveaux employés en 2025, une promesse datant de 2022. Des nouvelles accueillies avec tiédeur par le E.E.E.K.E. Son président, Mr. Panagiotis Psaros, a déclaré au journal grec To Vima que « les projets sont régulièrement retardés, les annonces recyclées, et les échéances repoussées ». Et si le plan se déroule comme prévu, il estime que la formation des nouvelles recrues et l’amélioration des systèmes ne sera pas effective avant deux ou trois ans. Voilà qui ne devrait pas rassurer complètement Ryanair... et d'autres.
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