Youli Kambouri est inspectrice environnementale à Athènes. Au delà de ses missions de contrôle, elle participe aussi à la mise en place de mesures écologiques. Elle nous répond sur l'eau d'Athènes, sa qualité et son origine
Lepetitjournal.com : D'où vient l'eau courante que les Athéniens boivent et quelle est sa qualité ?
Youli Kambouri : L'eau qui sort des robinets d'Athènes vient de 5 endroits différents : des lacs artificiels de Marathon et Eliki, des fleuves de Mornos et Evinos et de forages. L'eau d'Athènes vient principalement du fleuve de Mornos. Plusieurs aqueducs amènent l'eau jusqu'à la ville. Elle vient de très loin, elle est puisée en altitude ce qui lui confère une certaine pureté. Le sol de la capitale étant pollué, on a décidé de puiser l'eau dans les montagnes. L'eau est de très bonne qualité. C'est même l'une des meilleures d'Europe. Seul petit bémol, il reste une interrogation sur la possibilité de contamination par l'amiante. En effet presque 50 % des canalisations sont faites de béton et d'amiante, 35 % en métal et 10% en PVC. (Photo NG et AH)
Les réserves en eau sont elles suffisantes sur Athènes ?
En 1993, alors qu'il n'avait pas plu, ni neigé, pendant des mois, il y a eu une période pendant laquelle nous avons failli manquer d'eau. Le gouvernement a alors décidé de mettre en place une politique de restriction. Les réserves sont aujourd'hui suffisantes. En 2006, un pic record a même été atteint avec 1.300.000 mètres cube d'eau.
Les Grecs sont-ils, de manière générale, sensibles à la question écologique ?
C'est facile d'ouvrir un robinet, mais il faut savoir tout ce qu'il y a derrière ! Les Grecs font de plus en plus attention. Il ont gardé la mémoire d'un temps, pas si lointain, où l'homme vivait proche de la nature et en adéquation avec elle.
Dans les écoles élémentaire, le programme consacre désormais une grande part à l'écologie. On apprend aux enfants à faire attention à l'eau et à leurs déchets. Les poubelles de tri se multiplient. Depuis 2001, une loi oblige également les entreprises à recycler tous les emballages qu'elles produisent. Le processus est long à mettre en place, mais tout le monde s'y met petit à petit depuis une dizaine d'années. L'éclatement de la Grèce avec ses 3.500 îles ne contribue pas à l'accélération du processus !
De nombreuses associations s'opposent aux élevages intensifs de poissons; quels sont les risques d'une telle industrie ?
Les piscicultures intensives polluent souvent fortement l'eau et les fonds marins, beaucoup de poissons meurent et les risques de contamination sont importants. Ces élevages deviennent un problème lorsqu'ils sont trop nombreux sur la côte, ce qui est le cas. Il arrive, par exemple, qu'un permis soit obtenu pour l'installation d'un hectare de pisciculture alors qu'en réalité, une centaine sont installés. Une loi est en train d'être votée en ce moment, justement, pour éviter ces abus. D'ici peu, les côtes et les golfes devraient être un peu mieux protégés.
Quelles infrastructures ont été mises en place pour le traitement de l'eau ?
Dans les environs, il y a deux stations d'épuration. Une petite au Nord de la ville et la principale qui est sur l'ile de Psitaia, face au port du Pirée. Chaque jour, 600.000 mètres cube d'eau sont épurés là-bas. D'abord par filtre physique puis par filtre biologique. L'eau propre est rejetée dans la mer, tandis que la boue des déchets est stockée sur un terrain de l'île. A une époque, le gouvernement a essayé d'exporter ces déchets vers le Soudan mais cela n'a pas fonctionné. Aujourd'hui, on l'expédie dans des usines de ciment ou on l'entrepose avec les autres déchets.
Propos recueillis par Nina Gazaniol et Alice Hanquart (www.lepetitjournal.com/athenes.html) Mercredi 7 septembre 2011
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