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Frédéric Petit : “il est intéressant de voir la diplomatie culturelle en Algérie”

M. Frédéric Petit, député de la 7ème circonscription des Français établis à l’étranger, membre de la commission des Affaires étrangères, s’est rendu en Algérie entre les 18 et 20 septembre 2023 dernier. Dans le cadre de sa mission de rapporteur pour avis du budget de la diplomatie culturelle et d’influence, nous l’avons interrogé afin d’avoir un retour sur son déplacement en Algérie.

Frederic Petit en visite en AlgérieFrederic Petit en visite en Algérie
Écrit par Christophe Verger
Publié le 27 septembre 2023, mis à jour le 27 septembre 2023

Pourquoi ce déplacement en Algérie, loin de votre circonscription habituelle ? 

Depuis mon élection en 2017, je suis membre de la commission des affaires étrangères et rapporteur pour avis du budget de la diplomatie culturelle et d’influence. Dans le cadre de cette mission, je choisis chaque année un pays où je peux aller observer concrètement l’action de nos services extérieurs sur le terrain. J’ai ainsi fait le déplacement en Irak, au Liban, en Égypte, en Israël et en Palestine, en Géorgie. En 2023, je trouvais intéressant d’aller regarder de près la diplomatie culturelle et économique française en Algérie et voir comment elle s’organise.

 

Vous évoquez l’idée d’un « chantier mémoriel important » : pouvez-vous nous en dire plus ? 

Je suis persuadé que les relations franco-algériennes restent très marquées par la question mémorielle, voire même certains fantasmes hérités de l’Histoire. C’est pourquoi l’idée du président de la République Emmanuel Macron de faire travailler main dans la main des historiens français avec des historiens algériens va, selon moi, dans le bon sens. Il y a un énorme travail à réaliser en commun entre nos deux nations pour éclairer le passé, même dans ses heures les plus sombres, afin de construire une nouvelle relation plus stable et durable.

 

Quel est le positionnement de la France aujourd’hui en Algérie, alors que la langue française, entre autres, semble perdre du terrain ?

Fort heureusement, le français reste encore très présent sur le territoire, que ce soit dans les publicités, le nom des rues et dans les conversations en général, même si parfois le dogmatisme semble l’emporter. Par exemple, lorsqu’à 15 jours de la rentrée universitaire, les professeurs dans les domaines scientifiques se voient imposer de délivrer leurs cours en anglais plutôt que dans le français habituel. Il y a par ailleurs un aspect plus fonctionnel de l’apprentissage des langues – je l’observe dans d’autres pays également- et qui pose la question : est-ce-que cela vaut le coup d’apprendre deux langues étrangères dans les petites classes ? En Algérie, l’anglais a été introduit dès l’équivalent du CE2 en France. Le risque est que le français soit moins suivi dans les années à venir. Pourtant, des signes sont encourageants : j’ai pu remarquer qu'au lycée français, il y a 70 candidatures pour une place de disponible. Tout le monde a envie de parler français. Dans la société, je crois que les gens ont l’intuition que la langue française est nécessaire et veulent que leurs enfants l'apprennent.  


 

Quelles conclusions pouvez-vous tirer de votre mission en Algérie ? 

Un nouvel ambassadeur est arrivé et a mis en priorité un certain nombre de dossiers dans le domaine de la diplomatie culturelle. Je reviens donc avec une impression très positive du travail engagé par les équipes qui agissent dans le cadre de cette diplomatie particulière que j’appelle une « diplomatie de la société civile ». L’inventivité du service culturel est à souligner, par exemple, avec la création des bourses André Mandouze, un programme de séjours scientifiques créé par l’ambassade de France en Algérie. 

J’ai pu observer un poste diplomatique où il y a un personnel engagé, des parents, des artistes qui sont exactement dans ce que l’on essaie de faire : maintenir de manière coordonnée une présence française et francophone au quotidien auprès des Algériens. Il y a notamment un projet d’ouverture de nouveaux centres culturels français dans le sud du pays et de collaborations entre associations humanitaires françaises et algériennes.

Dans un pays comme l’Algérie, il est toujours compliqué de maintenir une présence française qui ne soit pas une compromission et qui essaie de faire un travail utile.

 

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