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Sébastien Périmony:"Pour que les Français de l'étranger ne fassent pas leurs bagages"

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Écrit par Lepetitjournal.com Abidjan
Publié le 22 mars 2023, mis à jour le 22 mars 2023

Dans la perspective des prochaines élections législatives partielles, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans les circonscriptions des Français de l’étranger concernées. Sébastien Périmony, candidat à la 9ème circonscription pour Solidarité et Progrès a répondu à nos questions. 

Les Français résidant au Maghreb et en Afrique de l’Ouest voteront sur place au premier tour le dimanche 2 avril et le deuxième le dimanche 16 avril. En ligne, les votes se déroulent plus tôt, du 24 au 29 mars pour le 1er tour et du 7 au 12 avril pour le 2e. 

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?

Je suis Sébastien Périmony, porte-parole sur les questions africaines de Solidarité et Progrès, le parti politique de Jacques Cheminade. Je suis également depuis une dizaine d'années le rédacteur en chef du site : www.afriquedufutur.com qui a pour but de faire voir l'Afrique avec les yeux du futur et sortir de l'afro-pessimisme. J'ai sorti un livre en 2020, Voir l'Afrique avec les yeux du futur, qui est le résultat de mes propositions, à la fois en tant que militant politique, mais aussi en tant qu'auto-entrepreneur et qui est entièrement consacré aux projets d’infrastructure et d'économie réelle pour industrialiser et faire avancer le continent. J'ai également l'honneur d'être membre du bureau Afrique de l'Institut Schiller, un institut international qui se bat pour le dialogue des civilisations et en faveur de politiques de développement mutuel dans l'esprit de Bandung du mouvement des non alignés. 


Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?

Je ne veux pas que les Français de l'étranger fassent leur bagages ! En effet, si la France ne change pas sa politique, et comme nous le voyons avec les révolutions en cours dans certains pays de la 9ème circonscription, le sentiment anti-Françafrique ne fera que grandir, et la situation des Français de l'étranger sera toujours moins confortable, même si ce n'est pas leur faute. 

Ce n'est pas la première fois que je suis candidat aux élections législatives car je milite dans le parti Solidarité et Progrès de Jacques Cheminade depuis 2003. J'ai donc déjà présenté à deux reprises ma candidature en France métropolitaine. Toutefois, responsable des questions liées à la relation entre la France et l'Afrique au sein du parti, j'ai de plus en plus concentré mes réflexions sur ce sujet.

Je pense qu'aujourd'hui les citoyens sont lassés des belles paroles, pour aussi « disruptives » qu’elle puissent se revendiquer ; et qu’ils cherchent de plus en plus à comprendre le monde dans lequel nous vivons. J'ai pour habitude de ne pas prendre les gens pour des idiots et de ne pas leur promettre de régler tous leurs problèmes, alors que nous sommes dans une période tragique de l'histoire. Nous sommes devant un danger de crise financière sans précédent, qui engendre une dynamique hyper-inflationniste et un danger de guerre entre l'OTAN et la Russie. Si je me présente c'est pour faire face au défi de notre époque et agir sur les causes ; non pour favoriser les intérêts de mes amis ou de mon parti ni donner l’impression que je vais protéger les citoyens personnellement et à court-terme.  


Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

Dans le cadre de mes activités militantes et privées, j'ai eu la chance de visiter 7 pays d'Afrique (Égypte, Tchad, Nigéria, Côte d’Ivoire, Angola, Algérie et Mali). En 2018 et en 2021, j’ai co-organisé des conférences à Yamoussoukro, puis Abidjan en Côte d’Ivoire. Lors de cette dernière, qui portait sur les technologies spatiales pour le développement de l’Afrique, j'ai pu faire intervenir, devant plus de 200 étudiants, Maram Kaïré, grand astronome sénégalais et premier Africain dont le nom a été donné à un astéroïde ; mais également Dr Marie Korsaga du Burkina Faso, première femme astrophysicienne de toute l'Afrique de l'Ouest.

En 2021, j'ai également eu l'honneur d'être invité à Bamako au Mali par des membres du Conseil national de transition, afin d’échanger sur les liens actuellement difficiles entre nos deux pays. En effet, il ne faut pas confondre la solidarité, qui peut et doit avoir lieu quoiqu’il arrive entre les peuples, et les errements qui peuvent se jouer au niveau politique. Là où certains cherchent sans cesse à diviser pour mieux régner, je suis de ceux qui s’efforcent constamment de faire coïncider les opposés, en tentant d’adopter un point de vue supérieur : le futur, l'entente et la coopération.

Enfin j'ai une affinité tout particulière pour l'Algérie, que j'ai eu la chance de visiter d'Alger à Constantine, et de Biskra à Ghardaïa en passant par el Oued, il y a 4 ans. S’y sont joués de grands enjeux pour le peuple ces dernières années. 


En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?

Je vais être honnête : mon parcours n'est pas spécifiquement marqué par les préoccupations des Français de l'étranger en tant que tels. Il est marqué par l’avenir des Africains et par la relation entre mon pays, la France (pour lequel je me bats politiquement depuis presque 20 ans), et l’Afrique. Toutefois, au cours de mes déplacements, j'ai pu découvrir les enjeux plus particuliers qui concernent les Français de l’étranger et les intégrer dans ma réflexion.

Il est temps de constater que les deux problématiques sont liées. 11 des 16 pays de la 9ème circonscription des Français de l’étranger sont classés parmi… les 30 nations les plus pauvres du monde ! C'est l'amélioration de la vie de tous, Africains et Français compris, qui m'importe. Si je me suis engagé en politique aux côtés de Jacques Cheminade, c'était au départ pour tenter d’éviter la crise de 2007-2008, qui non seulement était prévisible, mais surtout évitable. Or elle a largement contribué à créer une déflagration pour tous les pays du monde.

J'ai été plusieurs fois candidat mais aussi porte-parole lors de deux campagnes présidentielles, précisément afin de proposer une réforme en profondeur de notre système social, économique et surtout monétaire (dont l’enjeu ressort aujourd’hui) : nouveau Bretton Woods, séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires pour ne pas avoir à renflouer les spéculateurs ; lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur la nature des dettes de notre pays et de notre système bancaire ; création d'une vraie banque nationale de crédit public pour réindustrialiser la France ; création d'un grand ministère de la Coopération, du co-développement et de l'intégration. J'ai donc toujours eu à cœur le souci d'améliorer la vie de mes compatriotes – qu'ils soient en France ou à l'étranger. Je pense tout simplement qu'il ne peut y avoir de bonheur individuel sans bonheur universel. Vous me direz qu’on en est loin : certes, mais c'est l'objectif, et la victoire est inévitable.

Comment voyez-vous le mandat de député ?

Porter la voix haut et fort pour que soient réglés les problèmes concrets de nos concitoyens. Mais aussi agir sur les causes, notamment en exigeant au niveau parlementaire cette commission d’enquête dont j’ai parlé plus haut sur la nature des dettes, alors que nous sommes à deux doigts d’une faillite du système monétaire.

Depuis que je suis enfant, j'entends à chaque élection que l'on va régler les problèmes liés au chômage, à l'insécurité, au pouvoir d'achat, sauver notre école, nos hôpitaux, notre recherche… Mais la situation n'a fait que s'empirer ces 40 dernières années ! Pourquoi ? Parce qu’une société basée sur l'industrie, la recherche de pointe, les grands projets scientifiques a petit à petit été remplacée par une société de services et de consommation, une société de la finance à court terme. Le mandat de député doit être l'occasion de porter ces questions existentielles sur la scène publique.

 
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?

Par-delà les défis quotidiens auxquels sont confrontés les Français de ma circonscription – la scolarité de leurs enfants, la sécurité, le pouvoir d’achat, les budgets toujours insuffisants et les démarches trop lourdes dans l'administration, etc. – , le défi majeur selon moi est un changement radical dans la politique économique au niveau national et même international, afin de sécuriser leur environnement économique à moyen et long terme.

Je m'explique : qu’on soit d’accord ou non, il est un fait, par exemple, que la France n'a plus de souveraineté monétaire et qu’elle est soumise à la politique de l'Union européenne, à sa Banque centrale indépendante et à ses injonctions budgétaires ; mais aussi à leurs conditions géopolitiques, y compris celles de l’OTAN et de Washington. Cela est dangereux, en particulier à un moment où la BCE reconnaît ne plus maîtriser la situation monétaire et inflationniste et où les tensions grondent avec la Russie et même la Chine. En clair, la France n'a plus les manettes au niveau économique et diplomatique. Non seulement elle ne peut pas décider des taux et encore moins d’orienter son économie vers une relance industrielle type Trente glorieuses, mais ses marges de manœuvre à l’étranger (et notamment en Afrique) sont de plus en plus restreintes.

Depuis plus de 40 ans, la dynamique de mondialisation financière a créé les conditions où nous avons perdu nos industries et nos emplois qualifiés (délocalisations, etc.). Nous n'avons pas créé de richesse, mais uniquement de la dette. Et ce, tant pour nous-mêmes que pour les autres pays. Sans compter l’étau qui s’est resserré sur notre politique étrangère. Tout est lié. Disons-le franchement : c’est mentir aux Français de ma circonscription que de leur promettre de régler tous leurs problèmes au sein du système existant. Il faut avoir le courage de dire que l'on ne résout jamais les problèmes par le bas.

Toutefois, cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas régler certains problèmes – encore faut-il être déterminé pour le faire. Aujourd'hui, la politique des députés de l'étranger est plus souvent une politique de communication et de commémoration. Elle a perdu à la fois l’engagement ambitieux de traiter les causes par le haut, et à la fois celui de s’efforcer de résoudre les problèmes réels, près des gens, sur le terrain. C'est donc un nouvel état d'esprit qu'il faut insuffler dans la relation entre les députés et les Français de l'étranger. Le tout, dans une nouvelle dynamique des relations entre la France et l'Afrique et entre la France et le monde.

 

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

D'abord, je suis membre de Solidarité et Progrès, le parti politique de Jacques Cheminade et c'est à ce titre que je suis candidat. Pour la campagne en tant que telle, c'est compliqué, car n'étant pas un grand parti, nous disposons de moyens financiers limités ; tout comme la durée de la campagne. J'ai bien entendu créé un site internet : www.perimony2022.fr et j’utilise les réseaux sociaux et l'envoi de mails. J'appelle donc les Français vivant là-bas à prendre contact avec moi, notamment à organiser des rencontres ou des réunions avec leur entourage, notamment en visio-conférence, afin que je puisse prendre le temps d’expliquer mes propositions en détail et surtout d’écouter les leurs. 


Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ? 

Bouleverser les relations entre la France et l'Afrique, et tout particulièrement dans les pays dans lesquels je serai élu. Améliorer ces relations permettra aussi d'améliorer la vie des Français de ma circonscription. On a vu dernièrement de nombreux soulèvements populaires en Afrique de l'Ouest et du Nord. Or la politique française, disons le, n'y est pas étrangère. Souvent, pour les nombreux Africains que je connais, la politique de la France en Afrique c'est : « Qui prend un bœuf, rend un œuf » !  Ainsi ces turbulences géopolitiques ne favorisent pas la sérénité des Français vivant dans la circonscription.

Mon pari, comme je le mentionne dans ma déclaration de candidature, c'est de proposer une nouvelle ère de développement économique mutuel entre nos pays respectifs, gagnant-gagnant et d'égal à égal. L’objectif direct doit être de mettre fin à l'extrême pauvreté, de participer à construire des systèmes de santé publics et modernes dans chacun de ses pays, des industries, des infrastructures, des centres de recherche. Dans cette nouvelle ère, le rôle des Français de l'étranger sera essentiel car la France et les Français ont les compétences pour cela. Oui, je mobiliserai toutes mes ressources en tant que député pour contribuer à construire un avenir partagé, où chacun retrouvera l'estime de soi dans le progrès et la solidarité. A ceux qui me diraient que c'est utopique, je leur dis simplement qu'il n'y pas d'autre choix. Le temps est venu de changer les règles du jeu.

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