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Législatives 2024 - Sébastien Perimony “faire face au défi de notre époque”

Dans la perspective des prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet 2024, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats. Sébastien Perimony, candidat du parti Solidarité et Progrès pour la 9ème circonscription  (Algérie, Côte d'Ivoire, Tunisie, Sénégal, Maroc, Mauritanie, Niger, Burkina, Guinée, Gambie,...), a répondu à nos questions.

Sébastien PerimonySébastien Perimony
Écrit par Léa Degay
Publié le 22 juin 2024, mis à jour le 25 juin 2024

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

 Bonjour à tous. Ce n'est pas la première fois que je suis candidat aux élections législatives car je milite dans le parti Solidarité et Progrès de Jacques Cheminade depuis 2003. J'ai donc déjà présenté à deux reprises ma candidature en France métropolitaine. Toutefois, responsable des questions liées à la relation entre la France et l'Afrique au sein du parti, j'ai de plus en plus concentré mes réflexions sur ce sujet et c’est donc la 3ème fois que je suis candidat dans la 9ème circonscription des français de l’étranger.

J'ai sorti un livre en 2020, Voir l'Afrique avec les yeux du futur, qui est le résultat de mes propositions, à la fois en tant que militant politique, mais aussi en tant qu'auto-entrepreneur. En effet, je suis rédacteur en chef du site www.afriquedufutur.com, qui est consacré aux projets d’infrastructure et d'économie réelle pour industrialiser et faire avancer le continent. 

J'ai également l'honneur d'être membre du bureau Afrique de l'Institut Schiller, un institut international qui se bat pour le dialogue des civilisations et en faveur de politiques de développement mutuel. J'ai notamment eu l’occasion de rédiger, dans ce cadre, la partie d’un rapport sur les Nouvelles routes de la soie consacrée au développement du continent africain.

J’ai eu la chance de rencontrer et d’interviewer de nombreuses acteurs engagés pour le développement, notamment scientifique, du continent. Pour la circonscription j’ai eu la chance de venir au Mali, au Sénégal, en Algérie et à plusieurs reprises en Côte d’Ivoire pour y donner des conférences. 



Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ? 

Si je suis candidat à nouveau c'est que je crois qu'aujourd'hui les citoyens sont lassés des belles paroles, pour aussi « disruptives » qu'elles puissent se revendiquer ; et qu’ils cherchent de plus en plus à comprendre le monde dans lequel nous vivons. J'ai pour habitude de ne pas prendre les gens pour des idiots et de ne pas leur promettre de régler tous leurs problèmes, alors que nous sommes dans une période tragique de l'histoire. Nous sommes devant un danger de crise financière sans précédent, qui engendre une dynamique hyper-inflationniste et un danger de guerre entre l'OTAN et la Russie. Si je me présente c'est pour faire face au défi de notre époque et agir sur les causes ; non pour favoriser les intérêts de mes amis ou de mon parti ni donner l’impression que je vais protéger les citoyens personnellement et à court-terme.



Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

Dans le cadre de mes activités militantes et privées, j'ai eu la chance de visiter 8 pays d'Afrique (Égypte, Tchad, Nigeria, Côte d’Ivoire, Angola, Algérie, Mali et Sénégal). En 2018 et en 2021, j’ai co-organisé des conférences à Yamoussoukro, puis Abidjan en Côte d’Ivoire. Lors de cette dernière, qui portait sur les technologies spatiales pour le développement de l’Afrique, j'ai pu faire intervenir, devant plus de 200 étudiants, Maram Kaïré, grand astronome sénégalais et premier Africain dont le nom a été donné à un astéroïde ; mais également Dr Marie Korsaga du Burkina Faso, première femme astrophysicienne de toute l'Afrique de l'Ouest.

 

En 2021, j'ai également eu l'honneur d'être invité à Bamako au Mali par des membres du Conseil national de transition, afin d’échanger sur les liens actuellement difficiles entre nos deux pays. En effet, il ne faut pas confondre la solidarité, qui peut et doit avoir lieu quoiqu’il arrive entre les peuples, et les errements qui peuvent se jouer au niveau politique. Là où certains cherchent sans cesse à diviser pour mieux régner, je suis de ceux qui s’efforcent constamment de faire coïncider les opposés, en tentant d’adopter un point de vue supérieur : le futur, l'entente et la coopération.

 

Enfin j'ai une affinité tout particulière pour l'Algérie, que j'ai eu la chance de visiter d'Alger à Constantine, et de Biskra à Ghardaïa en passant par el Oued, il y a 5 ans. S’y sont joués de grands enjeux pour le peuple ces dernières années. Je précise que ma campagne se fait en tandem avec celle d'Odile Mojon-Cheminade avec qui nous partageons la même vision pour le développement de l'Afrique, et qui se présente, elle, dans la 10ème circonscription des Français de l’étranger.



En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français·es de l'étranger ? 

Je vais être honnête : mon parcours n'est pas spécifiquement marqué par les préoccupations des Français de l'étranger en tant que tels. Il est marqué par l’avenir des Africains et par la relation entre mon pays, la France (pour lequel je me bats politiquement depuis presque 20 ans), et l’Afrique. Toutefois, au cours de mes déplacements, j'ai pu découvrir les enjeux plus particuliers qui concernent les Français de l’étranger et les intégrer dans ma réflexion.

 

Il est temps de constater que les deux problématiques sont liées. 11 des 16 pays de la 9ème circonscription des Français de l’étranger sont classés parmi… les 30 nations les plus pauvres du monde ! Comment vivre sereinement pour les français de l’étranger au milieu de cette misère chronique ? C'est l'amélioration de la vie de tous, Africains et Français compris, qui m'importe. Si je me suis engagé en politique aux côtés de Jacques Cheminade, c'était au départ pour tenter d’éviter la crise de 2007-2008, qui non seulement était prévisible, mais surtout évitable. Or elle a largement contribué à créer une déflagration pour tous les pays du monde.

 

J'ai été plusieurs fois candidat mais aussi porte-parole lors de deux campagnes présidentielles, précisément afin de proposer une réforme en profondeur de notre système social, économique et surtout monétaire (dont l’enjeu ressort aujourd’hui) : nouveau Bretton Woods, séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires pour ne pas avoir à renflouer les spéculateurs ; lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur la nature des dettes de notre pays et de notre système bancaire ; création d'une vraie banque nationale de crédit public pour réindustrialiser la France ; création d'un grand ministère de la Coopération, du co-développement et de l'intégration. J'ai donc toujours eu à cœur le souci d'améliorer la vie de mes compatriotes – qu'ils soient en France ou à l'étranger. Je pense tout simplement qu'il ne peut y avoir de bonheur individuel sans bonheur universel. Vous me direz qu’on en est loin : certes, mais c'est l'objectif, et la victoire est inévitable.

Comment voyez-vous le mandat de député ?

Porter la voix haut et fort pour que soient réglés les problèmes concrets de nos concitoyens. Mais aussi agir sur les causes, notamment en exigeant au niveau parlementaire cette commission d’enquête dont j’ai parlé plus haut sur la nature des dettes, alors que nous sommes à deux doigts d’une faillite du système monétaire.

 

Depuis que je suis enfant, j'entends à chaque élection que l'on va régler les problèmes liés au chômage, à l'insécurité, au pouvoir d'achat, sauver notre école, nos hôpitaux, notre recherche… Mais la situation n'a fait que s'empirer ces 40 dernières années ! Pourquoi ? Parce qu’une société basée sur l'industrie, la recherche de pointe, les grands projets scientifiques a petit à petit été remplacée par une société de services et de consommation, une société de la finance à court terme.

Le mandat de député doit être l'occasion de porter ces questions existentielles sur la scène publique.



Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français·es de votre
circonscription ?
 

Par-delà les défis quotidiens auxquels sont confrontés les Français de ma circonscription – la scolarité de leurs enfants, la sécurité, le pouvoir d’achat, les budgets toujours insuffisants et les démarches trop lourdes dans l'administration,etc. – , le défi majeur selon moi est un changement radical dans la politique économique au niveau national et même international, afin de sécuriser leur environnement économique à moyen et long terme.

Je m'explique : qu’on soit d’accord ou non, il est un fait, par exemple, que la France n'a plus de souveraineté monétaire et qu’elle est soumise à la politique de l'Union européenne, à sa Banque centrale indépendante à leur injonctions budgétaires ; mais aussi à leurs conditions géopolitiques, y compris celles de l’OTAN et de Washington. Cela est dangereux, en particulier à un moment où la BCE reconnaît ne plus maîtriser la situation monétaire et inflationniste et où les tensions grondent avec la Russie et même la Chine. En clair, la France n'a plus les manettes au niveau économique et diplomatique. Non seulement elle ne peut pas décider des taux et encore moins d’orienter son économie vers une relance industrielle type Trente glorieuses, mais ses marges de manœuvre à l’étranger (et notamment en Afrique) sont de plus en plus restreintes.

Depuis plus de 40 ans, la dynamique de mondialisation financière a créé les conditions où nous avons perdu nos industries et nos emplois qualifiés (délocalisations, etc.). Nous n'avons pas créé de richesse, mais uniquement de la dette. Et ce, tant pour nous-mêmes que pour les autres pays. Sans compter l’étau qui s’est resserré sur notre politique étrangère. Tout est lié.

Disons-le franchement : c’est mentir aux Français de ma circonscription que de leur promettre de régler tous leurs problèmes au sein du système existant. Il faut avoir le courage de dire que l'on ne résout jamais les problèmes par le bas. 

Toutefois, cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas régler certains problèmes – encore faut-il être déterminé pour le faire. Aujourd'hui, la politique des députés de l'étranger est plus souvent une politique de communication et de commémoration. Elle a perdu à la fois l’engagement ambitieux de traiter les causes par le haut, et à la fois celui de s’efforcer de résoudre les problèmes réels, près des gens, sur le terrain. C'est donc un nouvel état d'esprit qu'il faut insuffler dans la relation entre les députés et les Français de l'étranger. Le tout, dans une nouvelle dynamique des relations entre la France et l'Afrique et entre la France et le monde.



Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

D'abord, je suis membre de Solidarité et Progrès, le parti politique de Jacques Cheminade et c'est à ce titre que je suis candidat. Pour la campagne en tant que telle, c'est compliqué, car n'étant pas un grand parti, nous disposons de moyens financiers limités ; tout comme la durée de la campagne. J'ai bien entendu créé un site internet : www.afriquedufutur.com et j’utilise les réseaux sociaux et l'envoi de mails. Lors de la dernière campagne j’avais pu faire une déplacement au Sénégal, mais cette fois avec la durée de la campagne je ne sais si je pourrais me déplacer sur place. J'appelle donc les Français vivant là-bas à prendre contact avec moi, notamment à organiser des rencontres ou des réunions avec leur entourage, notamment en visio-conférence, afin que je puisse prendre le temps d’expliquer mes propositions en détail et surtout d’écouter les leurs.



Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?

Bouleverser les relations entre la France et l'Afrique, et tout particulièrement dans les pays dans lesquels je serai élu. Améliorer ces relations permettra aussi d'améliorer la vie des Français de ma circonscription. On a vu dernièrement de nombreux soulèvements populaires en Afrique de l'Ouest et du Nord. Or la politique française, disons le, n'y est pas étrangère. Souvent, pour les nombreux Africains que je connais, la politique de la France en Afrique c'est : « Qui prend un bœuf, rend un œuf » !  Ainsi ces turbulences géopolitiques ne favorisent pas la sérénité des Français vivant dans la circonscription.

Mon pari, comme je le mentionne dans ma déclaration de candidature, c'est de proposer une nouvelle ère de développement économique mutuel entre nos pays respectifs, gagnant-gagnant et d'égal à égal. L’objectif direct doit être de mettre fin à l'extrême pauvreté, de participer à construire des systèmes de santé publics et modernes dans chacun de ses pays, des industries, des infrastructures, des centres de recherche. Dans cette nouvelle ère, le rôle des Français de l'étranger sera essentiel car la France et les Français ont les compétences pour cela. Oui, je mobiliserai toutes mes ressources en tant que député pour contribuer à construire un avenir partagé, où chacun retrouvera l'estime de soi dans le progrès et la solidarité. A ceux qui me diraient que c'est utopique, je leur dis simplement qu'il n'y pas d'autre choix.
 

L'heure est à la recomposition politique. On le voit bien, avec la disparition en cours ou programmée des grands partis politiques : au final, en ne se battant que pour garder leurs places au chaud, ils les ont soit déjà perdues, soit ils sont en train de les perdre. L'heure est venue de renouveler la classe politique, par l'engagement de citoyens se mettant au service de l'intérêt général et des générations futures, et non plus d'un parti ou d'une idéologie. Plus de promesses mais des actes ; moins de communication et plus de dialogue ; moins de compétition et plus de coopération. En un mot : de la vraie politique, celle qui est censée améliorer la vie des gens. C'est mon pari, mon engagement en général, et en particulier pour les Français de l'étranger.

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