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Joachim Son-Forget : "J'ai tenu mes promesses"

lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des Français de l’étranger. Joachim Son-Forget, député sortant et de nouveau candidat pour la 6e circonscription, a répondu à nos questionslepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des Français de l’étranger. Joachim Son-Forget, député sortant et de nouveau candidat pour la 6e circonscription, a répondu à nos questions
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 29 mai 2022, mis à jour le 2 juin 2022

Dans la perspective des prochaines élections législatives (à partir du 27 mai en ligne et du 5 et 19  juin 2022 pour la 6e circonscription), lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des Français de l’étranger. Joachim Son-Forget, député sortant et de nouveau candidat à la 6e circonscription, a répondu à nos questions.

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?

J'aurais aimé passer la main à une nouvelle personne, qui représente un vrai ancrage en Suisse et en France, avec un cursus non politico-médiatique. J'ai toujours dit, en tout temps, que je ne ferai qu'un ou deux mandats, d'une part pour m'obliger à des résultats en m'imposant une deadline, et d'autre part pour "faire tourner" cette fonction à responsabilité, pour que des plus jeunes que moi aient leur chance à leur tour. Malheureusement, j'ai pu constater qu'une personne se revendiquant ami du président et légitime parce qu'il fut son témoin de mariage est venu donner un message aux antipodes de celui désiré: la liberté vis à vis du parti de l'exécutif (constitutionnelle), et une absence d'ancrage, comme si on était déjà dans un scrutin à la proportionnelle où tout se décide à Paris et où on ne donne plus le choix aux habitants d'un territoire. Je ne souhaite pas qu'on fasse ce tort aux habitants de la circonscription. J'ai une suppléante qui a un ancrage local. Je sais que dans le cas potentiel où je ne finisse pas le 2ème mandat pour quelque raison que ce soit, elle sera suffisamment responsable et compétente pour assumer la fonction, et qu'elle ne dépend pas d'un parti alors que les partis traditionnels volent en éclat sous les coups de boutoir de l'opportunisme ou de l'extrémisme. J'ai donc décidé d'assumer mes responsabilités, alors que j'aurais aimé retourner m'occuper de mes patients, d'une fondation que je souhaitais créer pour l'Ukraine suite à mon déplacement à Kyiv pendant le siège de la capitale, et auprès de ma famille simplement. A chacun sa croix. Je connais la fonction et aime l'exercer, aussi je décide de privilégier les plus de 100.000 personnes qui ont besoin de la compétence nécessaire à cette fonction.

 

Quel est votre rapport avec cette circonscription ?

C'est chez moi. J'ai fait mes études en Suisse à l'EPFL, et toute ma spécialisation chirurgicale puis en radiologie au CHUV à Lausanne, aux HUG à Genève, à l'hôpital de Morges, aujourd'hui en libéral dans plusieurs cabinets à Genève. Je suis binational, mes enfants aussi. Je suis le seul député des français de l'étranger à ne pas avoir déménagé à Paris pendant la législature qui s'achève bientôt. Le rapport est viscéral, je ne me sens pas bien à Paris. J'ai besoin de ma nature, de ma montagne, de mes déplacements en moto avec des temps de trajet raisonnables, des gens courtois en Suisse, de la rigueur et de la bienveillance de ce pays. Excusez-moi de peu parler du Liechtenstein. Je le connais bien aussi, bien que j'y vais moins souvent que partout en Suisse. Néanmoins l'essentiel des français du Liechtenstein sont frontaliers de celui-ci et pour la plupart résidents en Suisse.

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?

Je n'avais jamais fait de politique politicienne franco-française - Dieu m'en garde - avant. Je n'ai fait de la politique que pour appuyer mes causes humanitaires de cœur. Le Kosovo d'abord il y a longtemps, la Syrie, le Liban, L'Irak, la Corée, l'Ukraine aujourd'hui. Ma vie c'est de penser aux conflits internationaux et de trouver les moyens de les résoudre, avec le prisme des populations civiles victimes collatérales des combats. J'ai fait ça avant, je l'ai fait pendant le mandat, je le ferai après. C'est en cohésion avec mon activité médicale. J'ai fait de l'éducation à la décontamination d'urgence en cas d'attaque à l'arme chimique auprès de la défense territoriale de Kyiv pendant le siège de celle-ci. J'ai fait plusieurs convois humanitaires dans des conditions difficiles. J'ai organisé par mes propres moyens l'évacuation de la grand-mère d'une ressortissante qui vivait en zone touchée par les bombardements. Mon mandat, c'est de tout donner pour les français de l'étranger en difficulté. Certes, mes français de Suisse vivent d'autres difficultés souvent plus modestes, telles que des réductions de fiscalité. J'ai obtenu la suppression des cotisations sociales indues sur les revenus du capital en France en début de mandat. C'était ma mission principale, demandée par tant de gens. Appuyé par le ministre Darmanin et mon collègue élu pour les français d'Europe du Nord, j'ai obtenu gain de cause en 2019 pendant le projet de loi de finances. Ma prédécesseur le promettait, d'autres candidats radotent encore sur ce sujet alors que c'est bouclé depuis 3 ans, c'est cocasse. Les gens ont obtenu des rétrocessions pour ceux qui ont fait leurs démarches en bonne et due forme. Ils ont été satisfaits. Egalement, je les ai reçus à domicile, à chaque fois que demandé, je les ai assistés pour des recherches d'emploi, des démarches administratives, du contentieux. Et surtout, je n'ai laissé tomber personne pendant le COVID. Avec des bénévoles, j'ai réussi le tour de force d'envoyer du matériel de protection à 5000 foyers de ma circonscription alors que les supermarchés étaient dévalisés et les prix vertigineux. J'en suis très fier. Je le paie encore, ayant du financer mon enveloppe de frais de mandat avec de l'argent personnel.

 

Comment voyez-vous le mandat de député ?

Il n'est pas impératif. Il est libre, mais il doit être responsable. J'ai choisi parfois des lignes risquées, notamment quand j'ai commencé cette mission de vouloir convaincre les jeunes français tentés par l'extrême droite de rentrer dans un autre chemin, éventuellement incisif, mais devant rester dans une droiture républicaine, sans rejet de l'autre, et avec une rationalité digne de notre siècle. Un conservatisme libéral et écologique, une droite digne de 2022 qui n'existe pas encore. Alors quand la communication était dure dans les médias nationaux français voire diffamatoire à mon encontre, je continuais de parler avec mes français de Suisse, de manière factuelle, sur le travail effectué, dans un bulletin très régulier, et lors de rencontres très fréquentes, sauf pendant le COVID où cela s'est fait de manière plus espacée et à distance parfois. Je crois qu'ils ont compris, pour ceux qui ont lu ou cherché à comprendre. Cela ne m'a pas empêché de travailler correctement avec l'exécutif. J'ai voté les textes importants, me suis opposé quand il le fallait. Je crois avoir été un des rares députés à travailler dans une relation d'intimité avec le président de la République, avec lequel nous avons toujours eu pendant ces 5 ans des échanges directs pluri-hebdomadaires, encore plus pendant la période du COVID où je l'ai beaucoup conseillé sur les questions médicales et scientifiques, parce qu'il m'a beaucoup consulté pendant cette période en vérité.

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?

Je dirais qu'ils sont très particuliers et qu'à chaque fois les gens qui souhaitent faire de la politique des français de l'étranger se trompent. La moitié ou presque sont binationaux, il faut donc penser non pas en écoles françaises (chères et le privilège de quelques uns, avec des moyens financiers suffisants) uniquement, surtout en région francophone, mais en accompagnement des familles qui sont pleinement dans le système suisse, et où leur spécificité (NDLR : leur nationalité française) les fait rencontrer des soucis particuliers: changement de système à l'approche de la maturité ou du baccalauréat, échec scolaire, difficultés sociales ou professionnelles, etc. Un autre gros souci, c'est la santé. Les assurances suisses coutent un bras. Voire la jambe avec. Les jeunes personnes sont mal assurées avec des franchises hautes. Je souhaite travailler en faveur d'une carte vitale pour tous, pour les français vivant dans l'espace européen au sens large, au titre de la solidarité européenne. Cela permettra à tous de se rendre en France, et de consulter avec une couverture à 100% dès le 1er euro dépensé. C'est mon grand sujet pour le mandat à venir et je pense pouvoir obtenir gain de cause, appuyé par les déboires de pandémie récente, qui ont déjà permis d'obtenir gain de cause sur le délai de carence d'ouverture des droits au retour au pays.

 

Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?

J'ai fait un choix, celui de continuer comme avant, je n'ai jamais faibli le rythme de la communication avec mes compatriotes. J'ai commencé la campagne très tard et elle est exclusivement à distance, mais en réalité plus proche des gens. Les autres candidats n'arrivent pas à tenir de réunion publique, il n'y a personne. Les gens n'ont pas de temps à perdre. Ou si ils veulent du temps, ils veulent un moment privilégié. Soit je reçois en personne, soit je parle en personne à distance. C'est mieux qu'un bla-bla mal dégrossi avec des promesses à la louche et impossibles à tenir, ou une récitation du credo d'un parti quelque soit celui-ci. Les gens ne sont plus dupes en 2022. Il y a aussi quelques lives sur mes réseaux sociaux sur les différents sujets. 

 

J'ai choisi de partir sans étiquette pour 2 raisons. Je ne souhaite pas corrompre mes idées pour faire plaisir à qui que ce soit. En 2016, mon réseau était intéressant pour un candidat sans fortune. Et j'ai trouvé beaucoup de donateurs parmi mes contacts. Ce même réseau a été mis à profit pour Eric Zemmour en 2021, mais en ouvrant moins les portes, car nous avons un fort dissensus sur son obsession de la question migratoire, que je ne partage pas comme cause de tous les maux en ce qui me concerne, on connait justement mon attachement à certaines causes humanitaires. En revanche son programme numérique était très bien, je n'y suis pas étranger sur les questions de web 3.0 notamment, et son programme économique était plus libéral, et très intéressant en termes de réduction de charges et d'impots, ainsi que de réduction de charges successorales, notamment sur la transmission des entreprises familiales. Moi je fais du cherry picking car je ne trouve pas chaussure à mon pied dans les partis existants. Alors je serai patient et je continuerai de travailler mes idées, et de le faire en consultant mes compatriotes comme je l'ai souvent fait.

 

Après oui j'ai beaucoup de soutiens. Le député Marc le Fur, vice président de l'assemblée nationale, député de Bretagne LR. Les sénateurs LR Alain Houpert, de Dijon, et Sylvie Goy-Chavent de l'Ain. Le sénateur Loic Hervé, secrétaire du Sénat, centriste. Beaucoup d'autres ne sont pas loquaces avant le 1er tour et je ne leur ai rien demandé mais rappelez-vous le comité de soutien de 2017, qui a fait trembler mes concurrents. Je ne fais pas étalage cette fois, car je n'ai pas envie d'une part de devoir trop de choses à quiconque, et d'autre part, parce que je n'ai plus besoin de faire un déballage de mes amis pour prouver que je sais travailler au service des français, quitte à prendre des risques.

 

Voilà donc des soutiens forts et surtout pourvoyeurs de fonds, c'est pour cela que les partis me courtisent, je connais beaucoup de gens puissants et riches. Je les connaissais avant, je les connaîtrai après, je n'y peux rien. C'est comme ça, je ne sais pas pourquoi, ce sont souvent des concours de circonstance liés à mes engagements pour différentes causes qui ont mené à ça. Je connais aussi beaucoup de gens très simples. Ma vie a toujours été entre la terre et le ciel, c'est pour égayer un peu les journées tristes. Dans le cas de ma candidature, j'ai choisi de faire modeste, peu couteux, et très simple, et je fais beaucoup tout seul, avec une aide d'un prestataire en plus et de quelques amis. On verra. Je suis derrière le mail et mon fil telegram. Je réponds aux gens un par un comme d'habitude. Je suis sur que la simplicité paiera. L'honnêteté aussi. Et sinon, tant pis, je retourne à la mine à mon cabinet et ailleurs!

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?

Un axe de travail important a été l'écologie liée à la mer et à l'océan. On a fait de très grandes choses. J'ai personnellement lancé le texte de loi qui a fait interdire la pêche électrique en mer du Nord. J'ai fait des offensives également contre les lobbies de la pêche illégale avec de grandes ONG, celle de madame Bertarelli, Pew, le WWF, Sea Shepherd, nous avons fait intervenir John Kerry en très haut lieu aussi. J'ai fait cela en parallèle de mon engagement comme officier de Marine Nationale. Je souhaite également continuer mes missions dans le domaine de La Défense. Chacun sait que je suis passionné par les questions de conflit international. J'ai négocié sur des sujets délicats comme la Syrie et la Corée du Nord, officieusement ou officiellement. Je souhaite continuer mon investissement pour les militaires et notamment les forces spéciales, un sujet que je connais bien et où j'ai des entrées importantes, et les questions d'industrie de défense.

 

Quel bilan dressez-vous de votre mandat ?

Je suis content de ce que j'ai fait. J'ai tenu mes promesses. J'ai fait plus que mes promesses. Oh oui, il y a eu parfois des choses que j'aurais aimé mieux faire ou parfois attaquer plus fort encore sur des sujets qui résistaient, mais il y a parfois de la fatigue, des hauts et des bas. J'ai respecté l'esprit suisse, je suis resté les pieds sur terre, avec ma vie d'avant, et une partie de mon job d'avant. J'ai pourtant travaillé jour et nuit comme parlementaire. Je n'ai pris quasiment aucun congé en vérité. J'ai respecté l'indépendance du législateur, en surveillant l'action du gouvernement, en l'aidant quand c'était important pour libéraliser et améliorer le marché du travail et les conditions de développement des entreprises, et en mettant des stops, quand les sujets bioéthiques étaient abordés en dépit du bon sens sans consultation ad hoc. 

 

Il reste une injustice à réparer. J'ai travaillé tellement sur le sujet des violences faites aux femmes, par exemplarité personnelle si vous me le permettez, et en dénonçant ce qui doit être dénoncé. Je les ai donc dénoncées à chaque fois que possible. Je sais ce qu'est la violence familiale, malheureusement. Il faut de l'exemplarité quand on est élu. J'ai reçu les rescapées esclaves sexuelles du Japon pendant la 2e guerre, pour la 1ere fois dans un parlement européen, après leur visite auprès du président Trump. J'ai essayé de mettre sur la place publique une affaire dont j'étais dépositaire par un proche de la victime. La machine a étouffé ce que je crois être une affaire importante, qui concernait un député de 1er plan. Je constate aujourd'hui que l'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati a fait un signalement au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, qui vient me confirmer que ce qu'on m'a dit était sans doute vrai et que je ne m'étais pas trompé en claquant symboliquement la porte du parti présidentiel début 2019 pour cette raison précise. On a dit que j'avais été exclu (ou voulu me faire passer pour fou, raciste, homophobe, et j'en passe...). Pas du tout. C'est cette raison là qui m'a fait partir. Les autres affaires de harcèlement sont sorties depuis, y compris une relative à la sénatrice contre laquelle je n'ai pas voulu céder dans un débat rageur sur les réseaux sociaux. Le temps est en train de montrer que je n'étais pas dans l'erreur et que mon combat était juste. Je n'ai pas peur des attaques en diffamation car je suis de bonne foi et la cause est noble. Dans mon cabinet, les jeunes gens que j'emploie sont heureux de leur job, et de la chance qui a été donnée. Nous avons pour la plupart des relations d'amitié, peut-être plus avec cette ancienne assistante parlementaire qui a choisi la trahison en allant être suppléante d'un concurrent, mais soit, chacun sa route. Quand je vois les histoires à dormir debout de harcèlement moral et sexuel chez certains qui me donnaient des leçons de morale, j'ai hâte qu'ils dégagent et que la politique française achève son grand nettoyage. 

Anne-Claire Voss
Publié le 29 mai 2022, mis à jour le 2 juin 2022

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