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ENVIRONNEMENT - La Suisse tourne un peu plus le dos aux OGM

Écrit par Lepetitjournal Zurich
Publié le 1 mars 2017, mis à jour le 3 mars 2017

Après le Conseil national, c'est le Conseil des Etats qui a refusé mercredi la proposition du gouvernement de créer des parcelles de culture réservées aux organismes génétiquement modifiés. La chambre haute du parlement a également prolongé le moratoire sur les OGM jusqu'en 2021.


Un champ d'OGM dans l'Ohio, Etats-Unis (Source:  Pixabay)

Le Conseil des Etats s'est opposé mercredi à la création de "zones avec OGM" en Suisse. Il suit en cela l'exemple de la chambre basse qui avait rejeté le projet du Conseil fédéral en décembre dernier. Le gouvernement souhaitait en effet, dans le cadre de la révision de la Loi sur le génie génétique, revenir sur l'interdiction des organismes génétiquement modifiés (OGM) et autoriser leur culture sur des parcelles dédiées. Des zones sécurisées et surveillées pour éviter toute pollinisation des cultures avoisinantes et garantir l'étanchéité des circuits de production ainsi que la traçabilité des produits finaux destinés aux consommateurs.

La ministre de l'environnement, Doris Leuthard, entendait ainsi accompagner de manière prudente l'adoption par les agriculteurs suisses de cette technologie agricole. Une option déjà retenue par "un tiers des cultures mondiales", selon Ruedi Noser, conseiller d'état du Parti libéral-radical (PLR, Zurich). Un marché porteur, qui offrirait donc des opportunités de croissance à ne pas manquer selon son collègue Hans Wicki (PLR, Nidwald). La ministre souhaitait également garantir aux cantons la possibilité d'interdire toute cohabitation entre parcelles OGM et parcelles non-OGM.

Des arguments qui n'ont pas convaincu les sénateurs. Ceux-ci ont voté contre l'amendement par 25 voix contre 18. Ils ont par la même occasion prolongé de 4 ans le moratoire contre les OGM qui empêche toute culture d'organismes génétiquement modifiés en Suisse, à l'exception notable des parcelles destinées à la recherche scientifique.

Pour la majorité des élus, ce rejet épouse la position de la population sur le sujet. L'opinion publique est en effet largement opposée à la culture des OGM, selon un grand nombre de sondages parus sur la question. Et la tendance va en s'accentuant : "Les inquiétudes des Suisses n'ont cessé de grandir au lieu de s'apaiser avec les années", selon Werner Luginbühl, du Parti bourgeois-démocratique (PBD, Berne).

Les "risques réels de pollinisation" ont également été dénoncés par les sénateurs. La socialiste Géraldine Savary (PS, Vaud) a ainsi pointé du doigt l'exiguïté du territoire suisse qui rendrait caduque toutes mesures pour séparer nettement les parcelles avec et sans OGM.

Le Parti socialiste n'a cependant pas su convaincre le reste de l'hémicycle de porter le moratoire de 4 à 8 ans, pour éviter des discussions trop fréquentes sur le sujet. Une proposition inadaptée à la rapidité des évolutions dans le domaine des OGM, selon Ruedi Noser : "On ne se rend pas compte que cette technologie avance très vite, elle devrait frapper aux portes du pays dans cinq ou six ans", a-t-il avancé.

Malgré ce revers, le Conseil fédéral pourra se consoler avec la validation par les sénateurs de la création d'un système de surveillance des OGM centralisé au niveau fédéral. Celui-ci aura pour objectif de déceler et prévenir les disséminations incontrôlées d'organismes génétiquement modifiés.

Enfin, et contrairement au Conseil national, le Conseil des Etats a souhaiter interdire aux organismes accrédités à la culture d'organismes génétiquement modifiés, l'utilisation d'OGM résistant aux antibiotiques : "une prescription importante pour la santé qu'il faut conserver", selon Brigitte Häberli, du Parti démocrate-chrétien (PDC, Thurgovie)

Jean-Baptiste CHATAIN (www.lepetitjournal.com/zurich) mardi 28 février 2017.
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Publié le 1 mars 2017, mis à jour le 3 mars 2017

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