Alors que les tensions technologiques entre les États-Unis et la Chine s’intensifient, le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a confirmé lors de VivaTech 2025 à Paris sa volonté de rester actif en Chine tout en renforçant sa présence en Europe autour d’infrastructures d’intelligence artificielle dites souveraines. Explications


Un projet concret à Shanghai
Lors à Shanghai d'une avril, le patron de Nvidia, Jensen Huang, a discuté avec le maire de Shanghai Gong Zheng d'un projet de création d'un centre de R&D dans les districts de Minhang ou Xuhui. A priori, "la conception et la production des cœurs de métier resteraient hors de Chine" afin de se conformer à la réglementation sur le transfert de propriété intellectuelle. Toujours en avril, Jensen Huang a rencontré le vice-Premier ministre He Lifeng, lui déclarant qu'il « considérait favorablement le potentiel de l'économie chinoise » et qu'il se tenait « prêt à continuer à investir massivement le marché chinois et à jouer un rôle positif dans la promotion de la coopération commerciale entre les États-Unis et la Chine ».
Pressions américaines et repositionnement stratégique
Depuis fin 2023, Washington durcit ses restrictions sur les exportations de technologies avancées vers la Chine, notamment les GPU utilisés dans l’IA. Nvidia a ainsi vu sa puce H20, conçue pour le marché chinois, frappée d’interdiction.
Jensen Huang a récemment déclaré que Nvidia n’intégrerait plus la Chine dans ses prévisions financières, dénonçant l’inefficacité des sanctions américaines : « L’export control a échoué », a-t-il affirmé.
L’entreprise prévoit un impact de plus de 10 milliards de dollars sur ses résultats 2025 du fait de ces restrictions.
VivaTech 2025 : Nvidia mise sur l’Europe
Lors de VivaTech à Paris, Jensen Huang a également dévoilé la création de 20 "AI factories" en Europe, dont cinq à très grande échelle. En France, un data center équipé de 18 000 GPU Blackwell sera développé en partenariat avec la start-up Mistral AI, dans le département de l’Essonne.
Jensen Huang a défendu la nécessité pour l’Europe de bâtir une « infrastructure souveraine » dans le domaine de l’intelligence artificielle : « Si vous voulez une IA souveraine, il faut que les données, le calcul et les modèles soient entre vos mains. »
Il a mis en garde contre le risque de décrochage technologique si le continent ne développe pas rapidement ses capacités.
Une stratégie mondiale sous contraintes
Entre contraintes géopolitiques et ambitions industrielles, Nvidia cherche à maintenir un équilibre délicat : rester un acteur incontournable sur le marché chinois — qui représentait encore 17 % de ses revenus en 2024 — tout en répondant aux attentes des régulateurs et partenaires occidentaux.
Les projets en Chine et en Europe révèlent une stratégie globale d’adaptation, au moment où les équilibres technologiques sont profondément remis en question par les tensions entre grandes puissances.
