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Le billet d’humeur (taquine) - La cueillette des champignons

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Photo : Anne Donguy
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Publié le 22 septembre 2017, mis à jour le 22 septembre 2017
Girolles et trompettes de la mort
Photo: Anne Donguy

Les suédois s’adaptent facilement aux changements de saisons, principalement parce qu’ils ont tout un panel d’activités propre à chacune.

Durant les 15 jours d’été que la Suède leur offre annuellement, ils envahissent les pontons et les saunas, se baignent jusqu’à ce qu’ils considèrent leurs doigts suffisamment fripés. Les 6 mois d’hiver quant à eux sont propices au patinage sur les lacs, avec les saucisses bon marché sur le barbecue, le ketchup et la nyponsoppa, la soupe d’églantier, par dizaines de litres.

En revanche, il y a, semble-t-il, une période pour laquelle les activités font défaut au quotidien: l’automne. À leur décharge, il est vrai que la Suède est malgré soi plutôt axée sur 2 saisons: “c’est cool” et “c’est tout pourri”. Septembre 2017 rentre sans hésitation dans la case “tout pourri”, mais il faut quoi qu’il en soit trouver à s’occuper.

Alors la Suède ramasse des champignons.

Toute la Suède.

Elle arpente la forêt des heures durant à la recherche de girolles et elle considère bien évidemment ce business comme des plus sérieux.

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Photo : Anne Donguy

Le champignon occupe tellement les Suédois qu’il a probablement sauvé la Suède d’un exil massif au soleil, lorsque la pluie quotidienne a raison du moral: une Suède en septembre sans champignons, c’est probablement le suédois comme deuxième langue officielle sur l’île de Malte à la même période.

Lorsque nous, Français, courons les sentiers avec nos bottes en caoutchouc et un sac Auchan à la main, les Suédois s’imposent comme de performants stratèges du ramassage: planifier, toujours planifier, le lieu, le jour et l’heure du ramassage. Partir en groupe et savoir se disperser dans la forêt, stratégiquement. Porter des couleurs sombres afin de ne pas être aperçu par d’autres ramasseurs potentiels. Ne jamais dévoiler les meilleurs coins à champignons et toujours communiquer à voix basse. Un bon ramasseur est avant tout un ramasseur discret.

De ce fait, il n’est pas évident pour un étranger de se faire une place dans le cercle très fermé des ramasseurs de girolles: jamais il n’aura écho des coins où elles poussent par centaines. Les Suédois gardent ce secret comme un gardien défend son but lors d’une coupe du monde.

Un Français en Suède devra donc trouver son propre coin. Engager une équipe. Guetter, être à l’écoute, et avant tout, oublier d’où il vient: de Paris à Stockholm, on ne ramasse pas les champignons de la même façon.

 

Johan Peuron pour lepetitjournal.com/stockholm, septembre 2017

Retrouvez le blog de Johan : www.pourquoiquitterparis.com

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