Plus de 730 km de littoral s’offre aux touristes et amateurs de nature sur les 263 îles que compte Hong Kong. Un privilège cher aux amoureux de cette ville mais aussi une aubaine pour les déchets. Face à ces dégâts, la communauté française se mobilise elle-aussi le 25 mars pour une opération de nettoyage et de sensibilisation.
Le 25 mars prochain, une grande opération de nettoyage des plages de Hong Kong est organisée par la communauté française avec « Sous les déchets, la plage » (SLDLP). L’initiative est soutenue par le Consulat général de France, le Lycée Français, l’association Surf Riders et de nombreux autres acteurs.
SLDLP invite les participants à choisir sur leur site Internet (http://souslesdechetslaplage.hk) un secteur géographique parmi les 6 couverts.
En tout 12 plages si le nombre d’inscrits le permet. Les participants se rassembleront le Jour J à 9h pour ramasser, peser et aider à l’évacuation des déchets. Fédératrice, l’opération permettra à toutes les générations de la communauté de se retrouver pour agir et échanger. Entre sacs plastiques, emballages, suremballages ou mégots ramassés, elle vise à faire prendre conscience de manière très pratique, des conséquences de nos gestes et achats quotidiens. Cet engagement est aussi pour les organisateurs et les participants une manière de remercier et soutenir cette ville pour l’accueil réservé aux français. Le Consul général de France, Eric Berti sera présent au côté de la Secrétaire d’Etat chargée de l’environnement de Hong Kong, Christine Loh.
Une présence très marquée des associations
A Hong Kong, le monde associatif est très engagé dans le nettoyage des plages. En 2015, les initiatives privées rassemblaient plus de 75.000 personnes autour des actions de type Beach Cleanup et Clean Shorelines.
Au total 4.612 tonnes et près de 200.000 déchets avaient été collectés et évacués cette année selon le rapport 2015 d'Ocean’s Conservancy. 14.000 bouteilles en plastique, 9.000 emballages alimentaires et 8.000 mégots de cigarettes étaient entre autres décomptés.
Certaines associations insistent particulièrement sur les gestes et réflexes en amont. Plastic Free Seas sensibilise ainsi les élèves des écoles publiques aux enjeux de l’environnement. Elle organise des campagnes à l’échelle individuelle, communautaire et gouvernementale. La protection de l’environnement défendue par Sous les déchets la plage est aussi très largement relayée au Lycée Français par le biais d’activités et de sorties. Comme le souligne François Drémeaux, co-organisateur de SLDLP et professeur au lycée Français, les mêmes déchets sont retrouvés depuis plus de 10 ans sur les mêmes plages. Et si les actions de nettoyages sont cruciales, il estime qu’elles doivent nécessairement s’accompagner de missions de sensibilisation et d’éducation aux problématiques environnementales.
Une action publique insuffisante
Le gouvernement souvent questionné sur le sujet n’est pas inactif, mais il semble réagir avec un train de retard. D’abord il est face à une inflation galopante des déchets. Les chiffres du Hong Kong CleanUp Report publiés en 2015 sont accablants. Depuis trente ans, le niveau des déchets municipaux solides a augmenté de 80% alors que la population de Hong Kong n’a augmenté en comparaison que de 36% : donc plus de personnes, mais surtout une production individuelle de déchets en hausse de 30%. Selon les estimations, les trois dernières déchetteries seront saturées en 2020. Une autre étude de 2015 (du département environnemental) a balayé une explication en vogue et pour le moins déresponsabilisant pointant du doigt la Chine voisine comme source du problème. Or, sur les déchets étudiés pendant 1 an, seul 5% des déchets semblent provenir de Chine.
En rendant le sac plastique payant en 2009, le gouvernement a pu faire baisser de manière drastique sa consommation. Il s’engage aussi dans des programmes de sensibilisation. Mais les emballages et suremballages qui deviennent un problème majeur (quelques pétitions ont déjà circulé à Hong Kong) restent hors de sa visée. Le principe juridique du pollueur payeur, qui a prouvé son efficacité dans d’autres pays, n’est pour le moment pas envisagé par Hong Kong même si le gouvernement a annoncé étudier un nouveau système de tarification dans la production des déchets futurs.
Au final, le gouvernement mandate constamment quatre départements publics (Marine, Agriculture, Environnement, Loisirs) pour évacuer ces milliers de tonnes de déchets des plages, des berges et en pleine mer (14.905 tonnes traitées par ces services en 2013).
Entre actions publiques, initiatives privées et gestes au quotidien, toutes les énergies sont nécessaires et lepetitjournal.com de Hong Kong soutient vivement cette initiative.
Soline Phély – Marc Schildt (www.lepetitjournal.com/hong-kong) mardi 7 mars 2017