

Loïc Frétard est directeur de l'hôpital Medicover à Varsovie. Après un parcours dans le secteur hospitalier privé en France et quatre années passées au Vietnam, à la direction de l'hôpital franco vietnamien de Saigon, il est venu en Pologne pour ouvrir le premier hôpital du groupe Medicover en 2008. Pour LePetitJournal.com/varsovie, il nous présente son activité et les spécificités de l'hôpital privé en Pologne.
Medicover est un groupe privé suédois qui occupe une position de leader en Europe de l'Est et Europe centrale sur le secteur des soins et analyses médicales. Le groupe fait figure de pionnier puisque Medicover est implanté en Pologne depuis 1995 et que nous étions la première entreprise de "prestations médicales" à vendre des packages médicaux aux entreprises pour leurs salariés. En cela nous nous inscrivons très concrètement dans le développement du marché médical moderne en Pologne.
Avec plus de 5000 entreprises ayant souscrit un contrat entreprise et près de 500 000 clients qui fréquentent nos 32 centres médicaux, représentant chaque année 2 millions de consultations, Medicover est un acteur de référence sur le marché polonais des soins médicaux.
Pouvez-vous nous décrire schématiquement le tissu hospitalier en Pologne ?
En Pologne lorsqu'il s'agit de soins hospitaliers, les patients ont deux options. Se faire soigner dans un établissement public ou privé bénéficiant d'une convention avec la sécurité sociale polonaise (NFZ), et donc d'une prise en charge à 100%, ou choisir un établissement privé et décider de payer pour ses frais de santé, en ayant le choix de ses prestations. Le secteur des hôpitaux publics est encore très fortement représenté (96% des dépenses hospitalières en 2012) mais le secteur hospitalier privé se développe et est en croissance chaque année. Toutefois, en volume d'activité et en nombres de lits, nous sommes encore les « petits poucets » du marché.
Il faut expliquer que le secteur privé en Pologne est vraiment très différent des références françaises que nous connaissons. Beaucoup de structures privées sont de taille moyennes voire très petites, avec seulement une dizaine de lits et plutôt orientées vers les hospitalisations de jour. L'hôpital Medicover propose, à l'inverse, plus de 120 lits, un accueil 24/24, une offre multidisciplinaire, comme la maternité, la pédiatrie, la cardiologie et la chirurgie, avec des unités de pointe comme les réanimations néonatales, adultes et cardiaques. Ceci qui constitue une offre inhabituelle pour la population polonaise. Nous participons à ce développement d'une nouvelle offre et sommes reconnus comme une réelle alternative au réseau du secteur public.
Quelle est votre stratégie de développement en Pologne et quels sont les principaux enjeux ?
Nous misons beaucoup sur l'innovation et les nouvelles technologies et investissons dans ce domaine afin de mettre de nouveaux outils et services à la disposition de nos clients : cela va de services simples et pratiques comme la prise de rendez-vous en ligne ou encore le renouvèlement d'une prescription en ligne sans avoir recours à une consultation, au dossier médical électronique de nos patients, disponible partout en Pologne. Toutes les informations sont bien sûr sécurisées même pour une simple prise de rendez-vous. Dernièrement, nous avons lancé un « Chat » en ligne, permettant à nos patients de disposer à distance des conseils d'un médecin, le médecin ayant accès au même moment au dossier électronique du patient.
Nous nous développons, partout en Pologne, en ouvrant des structures en province principalement, Varsovie disposant déjà d'une large offre. En parallèle, nous étendons notre offre de soins à d'autres secteurs comme l'infertilité ou les soins aux personnes âgées.
Rationaliser notre offre, nous diversifier et, à plus long terme, nous développer en nous appuyant sur le concept des assurances santé représentent les enjeux majeurs pour Medicover en Pologne.
Quelle est votre analyse des perspectives du marché de l'accès aux soins pour la Pologne ?
Les règles évoluent et vont changer ces prochaines années en Pologne en matière de soins. Une nouvelle carte de santé et de nouvelles règles vont être mises en place par les autorités de santé. Une agence de santé sera dédiée à la centralisation des questions de standards médicaux, d'accréditation, de tarification et définira les besoins en santé par région. Ceci va restreindre les perspectives pour tout nouvel entrant sur le marché et aura, sans aucun doute, pour conséquence une consolidation du marché (regroupement, rachat, fermeture des structures les plus inadaptées et trop petites pour exister).
Enfin le marché, en croissance, va s'orienter de plus en plus vers l'intégration de la notion d'assurance en santé mais cela prendra quelques années encore. Nous sommes précurseur dans ce domaine puisque nous nous adressons déjà aux entreprises et de plus en plus directement aux individus et familles désirant souscrire une assurance santé.
La Pologne est-elle conforme à l'idée que vous en aviez ?
Au Vietnam, nous avions des amis qui venaient de Varsovie, donc nous sommes arrivés avec déjà un à priori positif et ça s'est confirmé en y vivant !
Votre premier choc culturel ?
Venant de Saigon avec la frénésie qui caractérise cette ville bouillonnante, on a trouvé Varsovie très calme, très verte, des pistes cyclables praticables sur lesquelles rouler sans mettre sa vie en danger ! Pour nous, je parlerais plutôt d'un rapprochement culturel que d'un choc. Et l'activité culturelle est très intense ici, ce qui nous manquait à Saigon .
Vos lieux de prédilection à Varsovie ?
Le Resto Podwale 25, le château de Wilanow et ses jardins, l'inévitable parc Lazienky que l'on parcourt avec chacun de nos visiteurs, les concerts Chopin dans le parc, incroyable succès et bien-sûr l'hôpital avec son hall avec le toit de verre façon pyramide du Louvre, la sculpture de l'artiste suédois Gudmar Olovson (qui vit à Paris depuis 1959) et notre piano pour agrémenter cet espace.
Ce que vous préférez en Pologne ?
Même s'il est un peu long, un bel hiver, bien froid, avec ciel bleu et neige, une bonne jurek accompagnée d'une bière dans une karczma typique, ce seront des bons souvenirs !
Sybille Billiard (www.lepetitjournal.com/varsovie) - lundi 25 novembre 2013
Photo : PR Medicover
