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ADRIEN SALVAT - « Créer son entreprise en Pologne, à 24 ans, c’est possible »

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 9 mars 2015, mis à jour le 10 mars 2015

A seulement 24 ans, Adrien Salvat fait partie de ces jeunes Français qui ont choisi l'aventure de l'entrepreneuriat en Pologne. C'est dans le cadre d'une année Erasmus qu'il fait connaissance avec le pays, dans la ville de ?ód?, en 2012, alors étudiant à l'ECAM Lyon. Il reviendra un an plus tard pour effectuer son stage de fin d'études à Varsovie et s'y installer pour créer, il y a 6 mois, Shipbooster, une start-up internet. Un jeune parcours nourri d'ambition qui ne fait que commencer?

LPJ : Qu'est-ce que Shipbooster ?
AS : Shipbooster est une start-up internet qui délivre des services logistique à des e-commerçants. Nous leur permettons de gérer leurs "flux physiques" (réception, stockage, préparation de commandes et livraison) ainsi que le "flux d'information" via une plateforme web. C'est une filiale d'XBS Group, l'un des leader de la logistique de détail* en Pologne. Shipbooster a aujourd'hui 4 entrepôts dans le pays et nous attendons un accord pour en ouvrir d'autres en Belgique, Hongrie et Russie. Notre cible est représentée par les petits et moyens e-commerçants locaux ainsi que ceux d'Europe de l'Ouest voulant s'implanter en Europe centrale ou de l'Est. Notre objectif de chiffre d'affaires à 2 ans est de 8.3 millions de PLN, sur le marché polonais.

Qu'est-ce qui vous a donné envie d'entreprendre en Pologne ? Dans quelles circonstances avez-vous été amené à créer cette entreprise ? 
J'ai toujours voulu entreprendre. Vivre en Pologne n'était pas un objectif en soi mais je me suis très vite aperçu que les opportunités entrepreneuriales y étaient plus nombreuses qu'en France. Pendant mon année Erasmus à  ?ód?, j'avais trouvé un travail au sein de XBS Group où j'avais monté une plateforme web permettant de faire des envois de colis sur internet. Puis, de retour en Pologne pour mon stage de fin d'études, j'ai repris contact avec le président d'XBS Group qui avait l'idée d'un projet de vente de logistique sur internet sans pour autant en avoir défini les contours. Je me suis alors positionné pour lui donner forme en démontrant comment il pouvait être concrétisé. Mon ancien patron a accepté de me faire confiance en participant au financement et je me suis lancé.

Entreprendre à 24 ans : quels sont les avantages et les inconvénients ?
Je n'y vois jusqu'ici que des avantages. J'ai bien sûr beaucoup de choses à apprendre et je travaille entre 10 et 13 heures par jour, mais j'apprends bien plus que si je travaillais dans une grosse structure, où on a souvent une mission très appliquée et peu flexible. J'ai aussi l'avantage, dans mon cas, de bénéficier d'un certain cadre avec XBS, qui me donne une direction. 

Par ailleurs, je trouve qu'il est plus simple de se lancer à 24 ans lorsqu'on n'a pas de responsabilité familiale ; cela est moins engageant. Je ne pense pas non plus que mon jeune âge me décrédibilise, je ne le ressens pas, du moins. Les Polonais se montrent confiants et encourageants et autour de moi, un grand nombre de jeunes se lancent dans cette aventure.

Quelles sont les caractéristiques de l'univers du travail en Pologne qui vous interpellent ?
Je constate avant tout dans ce pays une fibre entrepreneuriale que je n'ai pas ressentie en France et l'accueil réservé aux jeunes qui veulent monter leur entreprise est toujours très positif. D'un point de vue plus pratique, je trouve, en revanche, que les Polonais travaillent de façon assez empirique? Souvent, les choses se font à la dernière minute, sans planification préalable. C'est un aspect du quotidien que je ressens souvent comme gênant, notamment dans le domaine de l'informatique, et qui va à l'encontre de ce qui nous est enseigné dans les écoles françaises?

Quelle place tient le e-commerce polonais comparé à la France ?
Dans l'e-commerce européen, les 2/3 des revenus sont actuellement réalisés par la France, l'Angleterre et l'Allemagne ; ils représentent respectivement 51, 107 et 63 milliards d'euros, alors que la Pologne, seulement 5.2 milliards d'euros. Mais alors que l'e-commerce occidental stagne (le panier du e-commerçant français est passé de 92 à 80 euros environ en 2014), la Pologne, en revanche, affiche entre 20 et 25 % de croissance par an. Il s'agit du taux le plus élevé d'Europe avec La Russie, L'Espagne et L'Italie, sachant que les foyers polonais ne sont encore couverts qu'à 70% d'accès internet en 2013 (contre 90% en moyenne dans les pays mâtures). L'e-commerçant polonais est en train de passer d'une gestion artisanale à une réelle gestion d'entreprise. Il se concentre à présent sur l'optimisation de ses ventes en local et de l'ouverture aux marchés internationaux. Nous sommes donc à une phase charnière du e-commerce dans le pays avec un gros potentiel à exploiter dans le domaine de la logistique.

Si le e-commerce est en plein développement, souffrez-vous d'une concurrence dans votre domaine en Pologne ?
Oui, le marché y est très concurrentiel. Contrairement à la France où les livraisons de l'e-commerçant au client sont principalement opérées par « la poste », en Pologne,  tous les grands transporteurs (UPS, DPD, inPost etc.) s'arrachent les parts de marché. Sur le segment de la gestion logistique du e-commerce, nous sommes sur un nouveau marché en Pologne. Certaines grosses structures essayent de se lancer dans ce domaine mais ne percent pas. Nous expliquons cela souvent par des process beaucoup trop automatisés et inadaptés à la diversité du e-commerce (ex : certains de nos clients vendent des produits cosmétiques à hauteur de 150 commandes par jour tandis que d'autres en réalisent 100 par mois en vendant des fléchettes). A cela, s'ajoute le fait que le marché local est caractérisé par des bas prix, avec des clients qui y sont très sensibles.

Vous avez connu la Pologne à travers la ville de ?ód? ; que diriez-vous sur la façon de vivre à ?ód? et Varsovie ?
Je trouve que  ?ód? a du charme car c'est encore une ville polonaise contrairement à Varsovie qui est une ville européenne. Les gens y consomment comme des européens. Alors qu'à Lodz, le style de vie demeure polonais et les gens restent très attachés à leur histoire et valeurs. A Varsovie, nous ne sommes finalement que très peu dépaysés par rapport à la France !

*logistique de détail : gestion des produits publi-promotionnels, des économats et des achats hors production.

 

  

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Laura Giarratana (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mardi 10 mars 2015

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Publié le 9 mars 2015, mis à jour le 10 mars 2015

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