Documentaire choc sur la pédophilie dans l’Eglise polonaise

Un documentaire diffusé sur you tube à partir de samedi présentant sobrement des rencontres de victimes de prêtres pédophiles avec ces derniers, a déjà été visionné cinq millions de fois en 32 heures. 

Intitulé Seulement ne le dis à personne, ce documentaire réalisé par les journalistes Tomasz et Marek Sekielski, suscite de nombreuses réactions et a fait l’objet de commentaires immédiats de l’Église qui demande pardon aux victimes des prêtres pédophiles. « Je suis profondément bouleversé par ce film. L’énorme souffrance des victimes provoque la douleur et la honte […] Je demande pardon pour toute blessure causée par les gens de l’Église », a réagi le primat de Pologne, Mgr Wojciech Polak. Il a en même temps déclaré vouloir clarifier toutes les affaires pour que « personne ne puisse se soustraire à sa responsabilité ». Le président de l’Épiscopat Mgr Stanisław Gądecki a également demandé pardon à toutes les victimes. Seul, l’évêque de Gdańsk, Mgr Sławoj Leszek Głódź, s’est démarqué en disant qu’il n’a pas vu le film car « il ne regardait pas n’importe quoi ». Le documentaire fournit des preuves sur la pédophilie de l’ex-aumônier de Lech Wałęsa, le père Franciszek Cybula. « Je n’ai rien su et n’ai pas soupçonné que des prêtre pouvaient faire des choses pareilles aux enfants. Je crois en Dieu et non pas en les prêtres », a affirmé Lech Wałęsa. 

La scène politique réagit également. Jarosław Kaczyński a annoncé lors d’une convention du PiS que les peines pour les pédophiles seront plus sévères, allant même jusqu’à 30 ans de prison. Robert Biedroń veut qu’une commission parlementaire soit créée afin de décider des indemnités à verser aux victimes. La PO veut présenter son programme de lutte contre la pédophilie aujourd’hui. 

Dans son commentaire, Gazeta Wyborcza observe que les regrets des hiérarques de l’Église ne suffiront pas car l’Épiscopat banalisait le problème et aidait à cacher les affaires de pédophilie par exemple en mutant des prêtres accusés de pareils actes d’une paroisse dans une autre. De plus, ni le primat de Pologne, ni le président de l’Épiscopat ne disent rien sur les peines auxquelles seront exposés les prêtres incriminés dans le documentaire. 

Rzeczpospolita écrit pour sa part que le PiS en se faisant défenseur de l’Eglise ces derniers temps tombe dans un piège car le documentaire des frères Sekielski ravive des émotions négatives à l’égard de l’Église et ceci au moment où la laïcisation de la société polonaise progresse rapidement.